"The Sessions" : sex toy
De Ben Lewin (Etats-Unis), avec : John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy, Moon Bloodgood - 1h35 - Sortie : 6 mars
Synopsis : Mark fait paraître une petite annonce : "Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir...". L’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, "comme tout le monde".
Hollywood n’aime rien tant que les performances très physique d’acteurs de composition. Sans doute une tradition qui remonte aux films muets des années 20, où Lon Chaney campait handicapé sur handicapé, de Quasimodo au Fantôme de l’Opéra, devenant ainsi le plus populaire acteur de sa génération. On se souvient des éloges oscarisés de Daniel Day-Lewis pour sa prestation dans « My Left Foot ». C’est au tour de John Hawkes de s’y coller, en paralytique alité, assisté d’une thérapeute, initiatrice de son éveil à la sexualité. Si la performance d’acteur est remarquable, celle de sa partenaire, Helen Blunt, dans un autre registre, ne l’est pas moins. L’on peut même dire, sans jeu de mots, qu’ils se sont lancés dans le projet corps et âme. Tout comme le réalisateur Ben Lewin qui connût dans sa jeunesse le même handicap que son personnage principal, inspiré de Mark O’Brien, auteur de plusieurs ouvrages, atteint de polio et astreint à passer des heures dans un poumon d’acier, pour surseoir à son insuffisance respiratoire. Mélodrame
Si le handicap est la toile de fond du film, son véritable sujet reste l’éveil à la sexualité. Mark a 36 ans quand, se sachant condamné à plus ou moins brève échéance, décide de faire appel à une assistante thérapeutique, spécialiste dans ce délicat sujet, intime s’il en est. Dans ce sens, « The Sessions » acquiert une portée qui va au-delà du handicap de Mark, tout un chacun passant un jour ou l’autre par une initiation sexuelle.
Ben Lewin ne la traite pas sans humour, surtout dans la première partie et dans les rapports qu’entretient Mark avec le prêtre qu’interprète l’excellent William H. Macy (qui jouait le mari faisant enlever sa femme dans « Fargo »). Mais Mark n’étant pas sans sentiments à l’égard de sa belle initiatrice, le film verse dans un mélo non dénué de pathos, alors qu’un décalage plus assumé aurait donné de l’originalité à ces « Sessions » de facture par trop classique.
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