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"Tout est permis" : Coline Serreau garde ses points

Passant du documentaire ("Mais qu’est-ce qu’elles veulent ?", "Solutions locales pour un désordre globale"), à la fiction ("Trois Hommes et un couffin", "La Crise"), Coline Serreau revient au doc avec "Tout est permis" pour constater ce que révèle l’usage de la sacro-sainte "bagnole" en France, par le prisme des stages de conduite des usagers ayant perdu des points sur leur permis de conduire.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Tout est permis" de Coline Serreau : l'affiche (détail)
 (Bac Films)

Documentaire de Coline Serreau (France) - 1h36 - Sortie : 9 avril 2014

Synopsis : Le permis de conduire à points est instauré depuis plus de 20 ans. Véritables lieux de mixité sociale et culturelle, les stages de récupération de points sont l’occasion pour les auteurs d'infractions d’y exprimer leur révolte mais aussi de se raconter. Les nombreux témoignages et images recueillis par Coline Serreau lors de ces stages aux quatre coins de la France, dressent un portrait tragi-comique de notre société où l’individualisme et les petites habitudes de chacun mettent en péril le bonheur de tous.

Testostérone partagée
Avec "Tout est permis", Coline Serreau prend le parti d’un documentaire sans commentaire, une tendance très en vogue et pertinente, ne laissant parler que les intervenants sur un sujet choisi. Une approche introduite par Raymond Depardon ("Urgences" - 1988, "Délits Flagrants" - 1994). La forme colle au cursus, "Tout est permis" aborde celui d’automobilistes mis face à leur comportement de conducteur, répréhensible aux yeux de loi - du code de la route -, envers lequel ils doivent répondre. Ils font face à des instructeurs, spécialistes en la matière : des lois, mais pas seulement : de la sociologie, du comportementalisme et du civisme.

Sujet sensible qui recouvre tant la personnalité, que le respect d’autrui ou la mise en danger de son prochain, "Tout est permis" porte bien son titre, en révélant des comportements au volant qui ne correspondent pas forcément, loin s’en faut, à celui des intervenants en d’autres circonstances. Nombre de participants à ces stages de recadrages se confient comme s’ils étaient chez le psy. Si les hommes sont majoritaires à participer à ces stages, Coline Serreau est parvenue à faire usage de parité dans son film, les deux sexes prenant la parole à part égale sur un sujet à priori masculin. Aussi, montre-t-elle que la testostérone sur ce point est partagée, en faisant  la part belle à l’humour, pas forcément volontairement, mais laissant parler ses protagonistes.

"Tout est permis" de Coline Serreau
 (Bac Films)

Même combat
Les cadres des stages filmés sont tous d’accords : le pourcentage d’hommes et de femmes y participant est quasiment équivalent. Et les discours sont pratiquement les mêmes : persécution contre les automobilistes pour faire du gain à l’Etat par les contraventions, incompréhension des comportements automobilistes face à la vitesse, voire face à l’alcool. Des paroles telles que "Je sais que j’ai bu en prenant le volant, mais que je suis capable de conduire" reviennent souvent. Les démonstrations de la perdition des réflexes sous alcool, sont quant à elles éloquentes quant aux réactions des stagiaires et pour le spectateur.

Mais cette démonstration serait vaine sans l’humour, dont font constamment preuve tous les participants. Sur la vitesse, par exemple, où une stagiaire confie son "plaisir" à faire la course à bord de sa Porsche avec des conducteurs, par rivalité sexiste et "séduction", gêce à sa "belle voiture". Ou ces autres qui se sentent "invincibles" au volant de leur voiture, de leur "char" pour reprendre le viril vocable québécois. Coline Serreau atteint la justesse dans la peinture de la France automobiliste, sociologiquement, et d’un point de vue comportementaliste qui peut véritablement faire prendre conscience des dangers qu’entraîne la conduite. Un vrai sujet, bien traité. Espérons qu’il ne touchera pas que les convaincus : Coline Serreau garde tous ses points.

Reportage : D.Poncet, Hauville, R.Attal, R.Morez   

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