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"Un début prometteur" et réussi pour Emma Luchini

Emma Luchini a décidé d'adapter pour son premier long métrage, un roman de Nicolas Rey, son compagnon, "Un début prometteur". Une comédie sentimentale raffinée plutôt réussie, ni vulgaire ni mielleuse, mais qui semble se terminer avant d'avoir véritablement commencé.
Article rédigé par franceinfo
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  (Gaumont)

Martin (Manu Payet), la quarantaine, est un écrivain dépressif qui, après avoir brûlé la vie par les deux bouts, tente de dissoudre dans l'alcool une pesante impression d'être déjà trop vieux. Retournant vivre chez son père (Fabrice Luchini), un horticulteur capricieux et fantaisiste, il retrouve son demi-frère Gabriel, qui a la candeur, la spontanéité et l'innocence de ses 16 ans. Le jeune garçon va s'éprendre en un regard de Mathilde, une trentenaire endettée rencontrée dans un bar. Gabriel décide de l'aider. Martin de s'en mêler.

 Une distribution irréprochable

Emma Luchini, après un César du meilleur court métrage pour "La femme de Rio", coécrit avec Nicolas Rey, adapte un de ses romans, en le tirant vers une comédie toute désabusée, en changeant les paramètres du triangle amoureux. Ici, trois hommes d'une même famille et une femme, "Mes hommes" comme le chante Mathilde pendant le film. Ils vont tous s'éprendre de cette femme fatale, affolante, peut-être vénéneuse, incarnée par Veerle Baetens que l'on retrouve avec bonheur après son rôle dans "Alabama Monroe", César du meilleur film étranger en 2014.
 
L'actrice anversoise transcende ce deuxième long métrage d'Emma Luchini qui révèle de vraies aptitudes à la direction d'acteurs. Elle offre aux comédiens une immense marge de manœuvre. Manu Payet, la silhouette épaissie et disgracieuse, traîne avec un panache presque baudelairien, une sorte de désenchantement plein d'élégance. Zacharie Chasseriaud, vu il y a quelques années dans "Les géants" est troublant de ressemblance, dans son éveil sexuel, avec un certain Frédéric Moreau (héros de l'Education sentimentale de Flaubert), et parvient à donner toute son énergie au personnage de Gabriel. Seul le rôle de Fabrice Luchini, pourtant convaincant dans le rôle du père délaissé et fantaisiste, peine à trouver une réelle densité.
  (Gaumont)

 Un scénario relégué au second plan

Il n'en reste pas moins que le paternel a dû se régaler de certaines répliques tant certaines sont grisantes. "À quoi ça sert tout ça, à part à se donner l'impression de se faire moins chier ?", s'interroge Martin. On devient totalement accro aux pensées d'un Payet presque gainsbarrien, toujours sur un fil, à deux doigts de sombrer. "Je marche vite, parce que si je ralentis, je perds l'équilibre", résume un acteur, en sublime synthèse de l'humour et du désenchantement qui teintent ce film. Mais empli de jolis moments de grâce, il ne creuse sans doute que trop peu le passé de son héros.
 
Semblant avoir tout misé sur l'écriture et la distribution, Emma Luchini paraît reléguer au second plan le scénario. Et alors que Mathilde, sorte de commette zigzagant entre les deux frères semble apporter un vrai tournant à l'histoire de ce triangle amoureux, c'est déjà la fin. 
Comédie dramatique d'Emma Luchini – Avec Manu Payet, Veerle Baetens, Zacharie Chasseriaud et Fabrice Luchini – Durée : 1h30 – Sortie : 30 septembre

Synopsis : Martin, désabusé pour avoir trop aimé et trop vécu, retourne chez son père, un horticulteur romantique en fin de course. Il y retrouve gabriel, son jeune frère de 16 ans, exalté et idéaliste, qu'il va tenter de dégoûter de l'amour, sans relâche. Mais c'est sans compter Mathilde, jeune femme flamboyante et joueuse, qui va bousculer tous leurs repères. 

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