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"Un havre de paix" : le conflit israélo-arabe au cœur d'un drame familial dans un kibboutz

Réalisateur, acteur et scénariste israélien d’"Un havre de paix", Yona Rozenkier signe un film-pamphlet sur le conflit qui déchire son pays.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
 Yoel Rozenkier, Micha Rozenkier et Yona Rozenkie dans "Un havre de paix" de Yona Rozenkier (Copyright Pyramide Distribution)

Un havre de paix, du réalisateur, acteur et scénariste israélien Yona Rozenkier, évoque le conflit israélo-libanais de 2006, vu depuis un kibboutz. Trois frères incarnent des visions différentes de la guerre, dans un film pamphlétaire, sans être militant, mais mesuré, réaliste, et parfois humoristique. Dans les salles à partir du mercredi 12 juin. 

Kibboutz allégorique

Israël bat la mobilisation générale et le rappel des vétérans pour s’engager au Liban en 2006. Le cadet d’une fratrie de trois enfants, Avishaï, doit quitter son kibboutz natal dans deux jours, pour partir à la guerre. Yoav, de retour dans le giron familial, passe pour avoir déserté lors du conflit contre l’Egypte, et lui conseille de ne pas répondre à l’appel du gouvernement, alors que Itaï, vétéran endurci, l’entraîne aux méthodes de combat.

Yona Rozenkier, qui signe la réalisation, le scénario et interprète Itaï, le militaire convaincu, traduit la diversité des points de vue israéliens sur le conflit arabo-israélien. Il y parvient par le biais d’une histoire de famille qui pourrait être celle de l’Etat hébreux. Ce kibboutz serait ce "havre de paix" du titre, vision utopique qui remonte aux origines d’Israël, mise à mal par des dissensions internes, vue la légitimité toujours discutée du pays et source de conflits.

Une paix impossible

Depuis sa naissance, Israël est en guerre pour s’être installé en Palestine avec l’aval de l’ONU en 1948. Une guerre qui n’a pas un nom, mais plusieurs : Israélo-arabe, des Six jours, de Kippour, du Sinaï, du Golan, du Liban… selon les épisodes et les territoires impliqués. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas larvé et ne cesse d’égrainer ses victimes dans le cadre de guerres avec des nations voisines (Liban, Syrie, Egypte), ou internes, pour prendre le jour d’une guerre civile avec son lot d’attentats.

"Un havre de paix" de Yona Rozenkier (© PYRAMIDE DISTRIBUTION)
Un havre de paix prend pour cadre la "Guerre des 33 jours", ou "Seconde guerre du Liban", en 2006. Trois points de vue s’y opposent et tentent de cohabiter. La tâche semble impossible. Mais la durée, qui donne parfois son nom à ces guerres ("de 6 jours", "de 33 jours") reflète la volonté d’y mettre fin au plus vite. Comme si une paix était inéluctable, mais jamais atteignable, à chaque fois repoussée. C’est ce qui ressort de la moralité d’Un havre de paix, puisque morale il y a. Un désir de paix sans pour autant y parvenir. Dont acte.
Un havre de paix : l'affiche (© PYRAMIDE DISTRIBUTION)

La fiche

Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Yona Rozenkier
Acteurs : Yoel Rozenkier, Micha Rozenkier, Yona Rozenkier, Claudia Dulitchi

Pays : Israël
Durée : 1h31
Sortie : 12 juin 2019
Distributeur : Pyramide Distribution

Synopsis
 : Trois frères se retrouvent pour enterrer leur père dans le kibboutz de leur enfance. Avishaï, le plus jeune, doit partir deux jours plus tard à la frontière libanaise où un nouveau conflit vient d’éclater. Il sollicite les conseils de ses frères qui ont tous deux été soldats. Itaï souhaite endurcir le jeune homme tandis que Yoav n’a qu’une idée en tête : l’empêcher de partir. Dans ce kibboutz hors du temps, le testament du père va réveiller les blessures secrètes et les souvenirs d’enfance...

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