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"Une chambre en ville" de Jacques Demy sort en version restaurée

Une chambre en ville", la comédie musicale sur fond de grève ouvrière signée Jacques Demy, s'offre une seconde jeunesse en salle, en version restaurée. Lors de sa sortie initiale en 1982, Jacques Demy s'est retrouvé au coeur d'une vive polémique.
Article rédigé par franceinfo
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Dominique Sanda et Richard Berry dans "Une chambre en ville"
 (Ciné-Tamaris / Moune Jamet)

"Une chambre en ville" de Jacques Demy ( France), avec Dominique Sanda, Richard Berry, Michel Piccoli, Danielle Darrieux - 1 h 28 – Sortie : 9 octobre

Synopsis : Nantes, 1955. Les chantiers navals sont en grève. François Guilbaud, métallurgiste fiancé à Violette, rencontre Edith. Une passion naît entre eux mais il ne sait pas qu’elle est la fille de La Colonelle chez qui il loue "une chambre en ville". Quant à Edith, elle a un mari jaloux, Edmond. Edith et François, submergés par la passion, réalisent qu’ils ne sont rien l’un sans l’autre. La grève pour le droit au travail des ouvriers se durcit et prend de l’ampleur : une muraille de casques, de boucliers et de matraques se dresse.

Auteur de comédies musicales à succès comme "Peau d'Âne" et "Les parapluies de Cherbourg", Jacques Demy  s'essaie avec "Une chambre en ville" en 1982 à un registre plus dramatique, sans délaisser pour autant les scènes chantées. Le réalisateur troque ici son univers enchanté pour celui de grévistes des chantiers navals de Nantes dans les années 50. "C’est une tragicomédie musicale", déclarait-il lui même. Un film qui raconte la lutte des classes. A Nantes, ville d'origine de Jacques Demy, ce tournage a marqué les mémoires. 

Reportage : Anne Caruel, D. Le Floch, V. Jonnet

Polémique 
 A sa sortie, le 27 octobre 1982, le film de Jacques Demy fait l'unanimité dans la presse. Mais le public boude : 3 165 entrées le premier jour, à peine 20 000 la première semaine, soit une décevante quatorzième place au box-office. Les critiques se mobilisent alors. Ils signent dans la presse un manifeste où ils dénoncent le système de distribution qui privilégie les grosses productions, en l'occurrence "L'as des As" de Gérard Oury avec Jean-Paul Belmondo. L'acteur leur répond par média interposé et reproche aux journalistes leur intolérance. Une polémique finalement bénéfique pour le film de Jacques Demy. Le nombre d'entrée sera multiplié par trois.

Pourquoi une version restaurée ? 
"Une chambre en ville", qui ressort en copie restaurée, est le dernier film où Jacques Demy fut totalement libre tant sur le sujet que sur le choix des acteurs. Il préférera Dominique Sanda à Catherine Deneuve. Cette dernière voulait interpréter elle-même les chansons, ce que Jacques Demy refusera. Ils resteront brouillés durant des années. 

Couleurs passées, son des voix aigues, copies rafistolées. Les bobines en 35 millimètre des films de Jacques Demy risquaient au fil des ans de ne plus être diffusables. Ciné-Tamaris, la société qui fait vivre les films d’Agnès Varda et ceux de Jacques Demy, a donc pris les choses en main. "On est parti du négatif 35 mm de 1982 qui était en très mauvais état", explique Rosalie Varda. "Il fallait absolument qu’il soit scanné et mis sous forme de fichiers numériques". Avec l’aide d’une palette graphique, le choix des couleurs tels que Demy l’avait conçu a été retrouvé. Le son a également été restauré et respatialisé.
"Une chambre en ville", l'affiche 2013
 (Ciné-Tamaris)

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