"Vingt dieux" de Louise Courvoisier, un magnifique western rural au pays du comté

Le film a décroché en octobre le prestigieux prix Jean-Vigo du long-métrage.
Article rédigé par Ariane Combes-Savary
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Une scène du film "Vingt dieux" de Louise Courvoisier. (LES FILMS DU LOSANGE)

À tout juste 30 ans, la réalisatrice Louise Courvoisier signe une épopée sentimentale et fromagère à la fois brute et lumineuse. Le comté est effectivement un personnage central de ce premier long-métrage. Mais il n'y a pas que cela. Tourné dans le Jura de son enfance, Vingt dieux, qui sort en salles mercredi 11 décembre, est avant tout un portrait drôle et poétique de la jeunesse rurale.

Fils d'agriculteur, Totone, 18 ans, est plus intéressé par l'idée d'amuser la galerie les fesses à l'air sur la table d'une buvette de village, que par celle d'aider son père à la fruitière familiale. La disparition de ce dernier va brusquement changer la donne, l'obligeant à prendre soin de sa petite sœur et à gagner sa vie. Il se met en tête de fabriquer le meilleur des comtés pour remporter un concours agricole doté de 30 000 euros.

Louise Courvoisier filme le monde rural comme il va. Cette jeunesse qu'elle connaît bien, où l'on se soutient dans les coups durs, on roule cheveux au vent sur les départementales, les jambes serrées sur une 50 cm3 pétaradante, on règle les conflits à coups de poing dans la gueule et on drague le samedi soir au bal du village. L'image est léchée, les couleurs lumineuses.

Les acteurs non-professionnels, recrutés lors de castings sauvages dans les courses de motocross ou de stock-cars et les comices agricoles de la région, sont bluffants de vérité. Une aisance étonnante pour passer du métier d'agriculteur à comédien. Clément Favreau campe un Totone impulsif et maladroit, Maïwène Barthelemy (Marie-Lise) une jeune agricultrice indépendante et sexy et Luna Garret (Claire) une petite sœur déterminée à tenir bon aux côtés de son grand frère un peu rugueux.

L'amour brut

Les amis, la famille, les amours, dans cette communauté taiseuse, on préfère les actions aux longs discours. Et la fabrication du comté prend un tour dramatique. Les immenses chaudrons en cuivre, la lente montée en température, la découpe du caillé et enfin la séparation délicate avec le petit-lait : le processus est magnifiquement mis en image. Il faut voir les mains fines de la fillette de 7 ans malaxer la matière, évaluer sa densité.

Vingt dieux est le film de l'amour brut, de la terre et de la vie paysanne sans artifice, dans toute sa beauté. L'humour en plus. À l'image de cette scène d'amour hilarante, entre deux expéditions clandestines de la bande à Toton en manque de lait frais. Où l'on découvre que l'on peut être bouleversé par une course de stock-cars et qu'à l'heure des retrouvailles, le comté déjà bien affiné, on se surprend à regretter que le film soit déjà terminé.

Depuis sa sélection dans la catégorie Un certain regard au dernier Festival de Cannes, où il a remporté le Prix de la jeunesse, Vingt dieux a enchaîné les récompenses, le Valois de Diamant au Festival du film francophone d'Angoulême et surtout le prix Jean-Vigo du long-métrage, prestigieuse distinction du cinéma français.

Une scène du film "Vingt dieux" de Louise Courvoisier. (PYRAMIDE DISTRIBUTION)

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Louise Courvoisier
Acteurs : Clément Favreau, Luna Garret, Mathis Bernard, Dimitry Baudry, Maïwène Barthelemy, Armand Sancey Richard, Lucas Marillier
Pays : France
Durée : 1h30
Sortie : mercredi 11 décembre 2024
Distribution : Pyramide Distribution

Synopsis : Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s'occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d'or du concours agricole et 30 000 euros.

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