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"Wallabout", toute seule dans la grosse pomme

Tout juste rentrée d'une longue parenthèse en France, où elle était la muse d'un cinéaste réputée, une jeune New-Yorkaise redécouvre sa ville. Et perd ses illusions. Ce premier film indépendant américain n'est guère tendre avec la Grosse Pomme et ses résidents.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Ivy Elrod dans "Wallabout"
 (Esperanza Productions)

Trop qualifiée. Trop indépendante. Trop grande gueule. Trop sensuelle. Trop imprévisible. Alex est vraiment trop. Elle ne rentre pas dans le moule de la bien-pensance intellectuelle new-yorkaise. Et elle découvre, au retour d'une longue parenthèse européenne qui s'est mal terminée, que pas grand monde est prêt à lever le petit doigt pour l'aider à s'extirper du bourbier.

Le Brooklyn qu'elle redécouvre n'est pas un îlot de liberté et de création mais un paradis pour bobos conformistes. Alex n'en finit pas de chuter, glisse rapidement de la bohème à la pauvreté. Dort dans des box de stockage, se fait éconduire de partout, prend claque sur claque et se retrouve en quelque sorte enfermée dehors… Sans clé pour ouvrir un nid où poser ses bagages et souffler un peu.

Eric McGinty n'est pas tendre avec les milieux culturels new-yorkais dont il nous propose quelques jolis spécimens. Artistes, cinéastes… Tous sont finalement très conformistes et individualistes. Aucun ne brille par sa générosité face à une jeune femme qui appelle au secours. Sa caméra filme joliment ce New-York désabusé et assez déshumanisé quadrillé par Alex. A pied, en vélo ou en métro, elle est en fuite. Toujours en quête d'un plan éphémère qui la sortira de l'ornière pour quelques heures ou quelques jours. Dotée d'un sacré tempérament, elle refuse de rentrer dans la tête dans les épaules et de revoir ses ambitions à la baisse.

  (Esperanza Productions)

Grâce à l'excellente Ivy Elrod, cette déambulation new-yorkaise se suit agréablement malgré quelques longueurs. La jeune comédienne a du chien, de l'énergie, et on a envie de la soutenir alors que le système lui réclame de rentrer dans le rang. Après "Wallabout", Eric McGinty prévoit de tourner son prochain film à Paris, pour "un patchwork atlmanesque", avec l'ambition de saisir le "visage multiculturel" de la capitale française. Un thème sur lequel la finesse de son regard pourrait faire des merveilles.

La fiche

Film américain d'Eric McGinty – Avec Ivy Elrod, Steve Ward, et Jo-Anne Lee – Durée : 1h42 – Sortie : 13 avril 2016
Synopsis : Alex essaie de se réinventer à Brooklyn après avoir passée dix ans en France en tant que muse méconnue d'un célèbre réalisateur de cinéma. Après que quelques mois de retour à New York, Alex se fait expulsée de sa colocation et licenciée de son travail. Entamant une descente aux enfers, elle se tourne vers sa famille et ses amis mais se fait rejetée. .. Malgré tout, Alex est résolue à aider son père qui est souffrant et elle persiste néanmoins à poursuivre une carrière dans les arts. Pour joindre les deux bouts elle décroche du travail douteux à mi-temps et finie par se mêler avec divers personnages un peu louche.

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