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"Working Woman" : le harcèlement sexuel au travail par une réalisatrice israélienne

Après "Invisible" (2013), sur le répprochement entre deux femmes violées, Michal Aviad traite du harcèlement sexuel dont une mère de famille est victime à Tel Aviv. Tourné avant la naissance du mouvement ♯MeeToo, "Working Woman" arrive à point nommé en élargissant le sujet, de la sphère médiatique (cinéma, presse, arts…) au monde professionnel.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Liron Ben-Shlush et Menashe Noy dans "Working Woman" de Michal Aviad (KMBO)

Cas d’école

Documentariste passée à la fiction, on peut compter sur la réalisatrice israélienne Michal Aviad pour aborder avec réalisme le harcèlement sexuel au travail dans "Working Woman". Tant dans l’installation de son intrigue que dans la psychologie de ses personnages, son film touche par ses qualités d’observation et son émotion.

Mère de trois enfants, fraîchement emménagée à Tel Aviv avec son mari qui vient d’ouvrir un petit restaurant, Orna s’improvise agent immobilier. Forte de premiers succès qui la font évoluer rapidement, elle subit un patron de plus en plus intrusif. Lors d’un déplacement à Paris, ce dernier l’agresse sexuellement dans sa chambre. Prenant sur elle, elle n’en parle à personne. Mais opressée, elle se confie finalement à sa mère et son mari, qui la culpabilisent. Elle devra prendre une décision ultime pour rétablir l’harmonie dans sa famille, son couple, et recouvrer sa dignité.

Triple peine

Michal Aviad prend son temps pour décrire le milieu social dans lequel évolue sa future victime. Un changement de ville, les difficultés de son mari dont le restaurant peine à décoller, l’accaparement des enfants, sa réussite prometteuse dans son nouvel emploi… Puis ce sont ses rapports avec son patron, Benny, d’abord accueillant, confiant dans ses capacités, reconnaissant et encourageant. Jusqu’à un premier baiser repoussé. Lors d'un séjour professionnel à Paris, le vent tourne. Benny plaque Orma contre le mur de sa chambre, la caresse brutalement dans un geste indécent et brutal, incontrôlé et pathétique.

menashe Noy et Liron Ben-Shlush dans "Working Woman" de Michal Aviad (KMBO)

Avant cette scène traumatique, Michal Aviad prend le temps d'installer très progressivement la pression exercée sur Orma par son patron. La cinéaste opère par petites touches qui mènent à un premier dérapage, puis un second, plus violent et rédhibitoire. Mais l’employée brillante prend sur elle, par honte, et pour ne pas faire de vague... Les réactions malveillantes de ses proches provoquent l'indignation du spectateur. Orma ne pourra compter que sur elle-même.

Exposé du point de vue de la victime, le propos de "Working Woman" est limpide, sans être didactique. Si l’empathie envers Orma est au coeur du film, la mise en images reste, elle, assez distante, sans réelle inventivité formelle. La réalisatrice n’en touche pas moins son but : traduire et sensibiliser à un fléau qui l'isole. Orma payera une double, voire une triple peine, dans la violence qu'elle subit, les réactions de son entourage et la perte de son emploi. Pugnace, elle préservera sa dignité. Édifiant.

Oshri Cohen et Liron Ben-Shlush dans "Working Woman" de Michal Aviad (KMBO)

La Fiche 

Genre : Drame
Réalisatrice : Michal Aviad
Pays : Israël
Durée : 1h32
Distributeur : KMO
Acteurs : Liron Ben-Shlush, Menashe Noy, Oshri Cohen, 

Synopsis
 : Orna travaille dur afin de subvenir aux besoins de sa famille. Brillante, elle est rapidement promue par son patron, à la tête d'une grande entreprise immobilière. Les sollicitations de ce dernier deviennent de plus en plus intrusives et déplacées. Orna prend sur elle et garde le silence pour ne pas inquiéter son mari. Jusqu’au jour où elle ne peut plus supporter la situation. Elle décide alors de changer les choses pour sa famille, pour elle et pour sa dignité. 

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