Star Wars : des débuts de John Williams à "The Mandalorian", plongée dans les secrets musicaux de la saga
Dans le livre "L'Opéra des étoiles", l'auteur Aurélien Simon raconte à travers une riche collection d'anecdotes à quel point la musique a participé à construire l'empire "Star Wars", tout en donnant une identité propre à chaque film ou série de la saga. Entretien.
La Force ne serait pas aussi puissante sans la musique qui l'accompagne. La saga Star Wars est immensément populaire grâce à ses effets spéciaux et ses histoires de Jedi, mais aussi grâce aux compositions symphoniques mondialement connues de John Williams, qui a fêté ses 90 ans en 2022.
Entre deux sorties de nouveaux films ou séries Star Wars - qui se multiplient depuis le rachat de la franchise par Disney il y a une décennie - nous avons pu lire L'Opéra des étoiles d'Aurélien Simon (éditions Omaké books) dans lequel l'auteur se penche sur l'histoire musicale de la saga. Un opus accessible à tous qui fourmille d'anecdotes. Voici ce qu'on y a appris.
Le coup de pouce décisif de Steven Spielberg
Star Wars a bien failli se faire sans le maestro John Williams. Le compositeur le plus récompensé aux Oscars a offert à la saga galactique sa bande-son légendaire. Pourtant, George Lucas était plutôt réticent à l'idée de confier la musique à un compositeur lors de son premier film Un Nouvel Espoir en 1977.
"George Lucas n'était pas parti pour prendre un compositeur. Son modèle c'était 2001, l'Odyssée de l'espace dans lequel Stanley Kubrick utilise des morceaux de musique orchestrale préexistants", raconte Aurélien Simon. Le père de Star Wars va ensuite changer d'avis, mais il ne connaît pas de compositeur de musiques symphoniques, un genre musical cinématographique tombé en désuétude depuis le début des années 1950.
C'est Steven Spielberg, grand ami de George Lucas, qui va finalement lui souffler le nom de John Williams, qui vient de composer la musique des Dents de la mer. "Lucas est dubitatif car, pour lui, John Williams est avant tout un pianiste de jazz", écrit Aurélien Simon. Et c'est vrai, le maestro américain s'est d'abord fait connaître pour ses arrangements de jazz.
Mais Lucas sera finalement rassuré par l'actualité : John Williams remporte son premier Oscar avec Les Dents de la mer, puis il signe la bande originale de La Bataille de Midway avec les stars Marlon Brando, Jack Nicholson et Henry Fonda. Dans ce film de guerre, où les batailles aériennes sont la moelle du récit, les partitions symphoniques de Williams séduisent George Lucas.
La revanche de la musique symphonique
C'était un pari très audacieux et il s'est révélé gagnant. Dans les années 1970, la musique symphonique est passée de mode au cinéma. Pourtant, c'est ce que veut George Lucas pour son premier Star Wars.
"Si on retrace les tendances de l'histoire musicale du cinéma, dans les années 1950 la musique pop prend le dessus sur la musique symphonique de l'âge d'or d'Hollywood dans les années 1930, 40. Elle devient la norme dans les années 1960. Le vieil orchestre à papa passe de mode", confie Aurélien Simon.
Ce que choisi de faire George Lucas est donc complètement à contre-courant du cinéma de l'époque et plus particulièrement du genre science-fiction. "Les films SF de l'époque avaient beaucoup de la musique ésotérique avec des sons comme venus d'autres mondes. Et Williams a décidé de revenir aux fondamentaux", poursuit Aurélien Simon.
La BO de Star Wars ouvre ainsi une nouvelle voie à la musique symphonique. Le disque de la bande originale d'Un Nouvel espoir se vend à 4 millions d'exemplaires.
Le riff de guitare électrique oublié
Il n'est pas chose aisée pour un chef étoilé de s'éloigner de la recette qui a assuré son succès. C'est la même chose pour un réalisateur. George Lucas n'a pas toujours vu l'innovation musicale d'un bon œil dans sa grande saga.
"John Williams a essayé des petites choses plus modernes au fil des Star Wars. Dans L'Attaque des clones, il y a une course-poursuite dans Coruscant. Dans la folie de cette scène d'action très moderne, Williams insère un riff de guitare électrique. Au moment de l'enregistrement, Lucas s'est rendu compte que ça ne collait pas. Il a atténué complètement le son de la guitare qui est devenu inaudible", sourit Aurélien Simon.
Bonne nouvelle, les fans qui ont acheté l'album de l'épisode II de Star Wars peuvent entendre ce riff oublié.
L'apparition de John Williams dans l'épisode IX
Pour rendre hommage à l'immense œuvre de John Williams pour Star Wars, le réalisateurs J.J. Abrams, aux manettes de l'épisode IX L'Ascension de Skywalker, lui offre un rôle de figurant. Très humble, le compositeur alors âgé de 87 ans (il fêtera en 2023 ses 91 ans) refuse d'abord. "C'est son épouse qui l'a encouragé en lui disant qu'il était plus important qu'il apparaisse dans le film plutôt qu'il n'en compose la musique", rigole Aurélien Simon.
Dans L'Ascension de Skywalker, le maestro interprète Oma Tres, le barman du repaire des Passeurs d'épices sur la planète Kijimi. Son personnage ne parle pas, mais il jette un regard dédaigneux au droïde C-3PO. Dans cette scène, J.J. Abrams a réservé une autre surprise à Williams. Dans le décor fait de mille bibelots, chaque élément représente l'un des 51 films pour lesquels le compositeur a été nommé aux Oscars.
La rupture musicale de "The Mandalorian"
Les séries issues du monde de Star Wars qui sont développées par Disney depuis plusieurs années ont apporté une certaine fraîcheur musicale dans l'univers. Dans la série The Mandalorian, qui est sans doute la plus grande réussite récente de la franchise, exit les partitions symphoniques. C'est le compositeur suédois Ludwig Göransson qui en signe la BO. "Il se permet de "popiser" la musique de Star Wars, alors qu'au début l'idée de la saga était de freiner la musique pop et de mettre en avant la musique symphonique", souligne Aurélien Simon.
"Il y a aussi une musique ethnicisée dans The Mandalorian avec des percussions, des sons de flûte... John Williams avait amené un peu ça dans certaines scènes de ses Star Wars, comme avec les ewoks dans Le Retour du Jedi. La musique de The Mandalorian m'a plu personnellement et de tout ce que j'ai lu, les spectateurs ont aimé la musique de Göransson", note Aurélien Simon.
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