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Stéthoscope, sac-poubelle et bons sentiments : comment Zach Braff a conquis le public

Petit ami idéal, acteur charmant, "boy next door" ou réalisateur raté : qui est vraiment Zach Braff, dont le nouveau film, "Le Rôle de ma vie", sort mercredi ?

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
L'acteur et réalisateur américain Zach Braff pose avec une spectatrice à l'avant-première de son film "Le Rôle de ma vie", à Paris, le 4 août 2014. (ANTOINE CAU / SIPA)

Lorsque Zach Braff est arrivé en France pour la promotion de son nouveau film, Le Rôle de ma vie, en salle mercredi 12 août, c'était un peu comme si le public retrouvait un ami Erasmus de passage dans l'Hexagone. Souriant, accessible, avec cet air juvénile qui ne quitte pas son visage aux contours grisonnants. L'acteur, scénariste et réalisateur avait d'ailleurs annoncé sa venue à Paris comme n'importe quel trentenaire un peu connecté : avec un tweet.

A 39 ans, Zach Braff n'est pas tout à fait une star comme les autres. Celui qui aime à rappeler, au cours de ses interviews, qu'il dispose d'une "fan base" fidèle sur internet, cultive ce sentiment de proximité. Il a d'ailleurs fait appel aux internautes pour financer Le Rôle de ma vie, récoltant plus de 3 millions de dollars sur Kickstarter. Une image de "boy next door" drôle et attachant qu'il construit depuis bientôt quinze ans.

Un meilleur ami fidèle

Zach Braff fait ses premiers pas au cinéma en 1993 dans Meurtre mystérieux à Manhattan, de Woody Allen. Il a alors 18 ans, un petit rôle, et devra patienter près de dix ans pour se faire un nom, grâce à la série Scrubs. Blouse bleue et stéthoscope autour du cou, à la manière des internes d'Urgences, il y incarne J.D., un interne immature et un peu maladroit, inséparable de Christopher "Brown Bear" Turk, son colocataire. 

J.D. est l'exemple type du personnage auquel on aime s'identifier : souffre-douleur du chef de service qui l'affuble de surnoms féminins, il développe des rêveries diurnes pour pallier les insatisfactions du monde réel. Si ses histoires de cœur ne sont pas toujours réjouissantes, il peut se consoler dans les bras de son meilleur ami, qui sait, au contraire de lui, activer le mode "adulte" quand il le faut.

Une décennie plus tard, Zach Braff ne semble toujours pas s'être défait du personnage de J.D. Resté ami avec Donald Faison, l'acteur qui incarne Turk dans la série, Zach Braff a fait appel à lui pour l'aider à lever les fonds sur Kickstarter. Il lui offre aussi un petit caméo à la fin de son film, "en guise de clin d'œil aux fans qui ont soutenu mon projet", dit-il à Time Magazine (en anglais). Zach Braff ou le meilleur ami idéal. 

Un compagnon romantique

Comme pour beaucoup d'acteurs télé, la transition sur grand écran s'effectue dans la douleur. Un doublage par-ci (Chicken Little), quelques comédies romantiques par-là (Last Kiss, Son ex et moi) et une apparition éclair dans une superproduction (Le Monde fantastique d'Oz), rien de bien affriolant. Seul Garden State, qu'il réalise en 2004, lui permet de se montrer sous un jour plus profond. Zach Braff se projette en acteur paumé retournant au bercail après la mort de sa mère. Entrecoupé de scènes poétiques et de sourires de Natalie Portman, Garden State séduit le public, récoltant près de 26 millions de dollars aux Etats-Unis. 

Zach Braff, Natalie Portman et Peter Sarsgaard affublés de sacs-poubelle sous la pluie dans "Garden State", sorti en 2005. (AFP)

Les soubresauts mélancoliques de Garden State sont au service d'une idée assez simple : l'amour peut toujours nous surprendre. Une esquisse de morale que l'on retrouve dans Le Rôle de ma vie, où il est de nouveau question de vocation d'acteur, de famille et de relations hommes-femmes enrichissantes. Pas cynique pour un sou, Zach Braff assume cette grave tendresse qui affleurait déjà dans Scrubs. Sans grande surprise, il dit être ainsi dans la vraie vie. "Je suis le genre de mec qui prend des photos de petits chiens mignons", plaisante-t-il face à Ellen DeGeneres. Tant pis si la séquence est surjouée, cette image de petit ami romantique marche à fond. 

Un réalisateur de talent ?

Devant tant de sympathie communicative, il semble presque difficile de juger les œuvres de Zach Braff pour ce qu'elles sont. Son premier film souffrait de quelques maladresses propres à l'exercice : manque de rythme, bons sentiments trop appuyés, etc. Des écueils rattrapés par des acteurs justes, une bande originale travaillée et quelques séquences fortes, comme la rencontre entre Zach Braff et Natalie Portman, qui portait son casque audio autour du cou comme J.D. son stéthoscope. 

Le second film de Zach Braff a reçu un accueil beaucoup plus mitigé aux Etats-Unis. Malgré sa bonne réception au festival international du film de Sundance, Le Rôle de ma vie s'est fait descendre par une partie de la presse cinéma, Variety (en anglais) en tête.

On lui reproche notamment de céder aux lieux communs et d'emprunter une trame de récit vue et revue (l'anti-héros qui se découvre une personnalité géniale). Les premiers chiffres du box-office américain laissent d'ailleurs penser que Le Rôle de ma vie aura du mal à atteindre le succès de Garden State. La France se montrera-t-elle plus attentive à cette seconde séance d'introspection ?

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