Tournages de films de cinéma : Hollywood à la reconquête de sa place de leader
"Nous avons délocalisé notre fabrique de films, l'un de nos biens les plus chers", se désole Tom Nunan, fondateur de la maison de production Bull's Eye Entertainment. Ces 15 dernières années, la production de films a chuté de près de 50% en Californie, berceau du cinéma mondial.
Hollywodd dépassé
L'an dernier, la part de cet Etat de l'Ouest américain sur les 25 plus grosses productions de l'année ne représentait que 8%, hors films d'animation. Le prochain "Star Wars" se tourne à Londres, "Lucy" de Luc Besson s'est tourné à Taïwan et à Paris, "November Man" avec Pierce Brosnan à Zagreb, etc.
Or ces tournages représentent une véritable manne pour les économies locales : l'an dernier, les 108 plus gros films ont généré dans le monde "7,6 milliards de dollars de dépenses et des dizaines de milliers d'emplois à hauts salaires", souligne Film LA. Et ce, sans compter les milliers d'heures d'émissions et les séries élévisées. L'an dernier, 21 des 23 nouvelles séries de grande audience ont été filmées hors de Californie.
Offensive canadienne
C'est le Canada qui, le premier, a déterré la hache de guerre en lançant un programme de crédit d'impôts très avantageux qui représentait au final 40% du budget d'un film. "On s'était habitué à l'idée que si on voulait qu'un film se fasse, il fallait aller au Canada", remarque Tom Nunan. L'exemple canadien a rapidement été imité et 40 Etats américains et une dizaine de pays ont aujourd'hui leur système, même si les tournages se partagent réellement sur une dizaine de lieux dans le monde.
Les cadeaux fiscaux ne suffisent pas : il faut aussi offrir les costumiers, décorateurs, maquilleurs et autres corps de métier formés au niveau d'exigence d'une production hollywoodienne. Les Etats-Unis restent le premier pays accueillant les tournages de grosses productions américaines (70 sur 108 recensées l'an dernier), devant le Canada (15), le Royaume-Uni (12). La France n'en a accueilli qu'une.
En termes de métropoles, Londres a pris la tête du classement mondial et accueille notamment 8 des 10 plus grosses productions du moment grâce à ses studios dernier cri comme ceux de Pinewood, suivi par Vancouver, New York et Paris. Même au coeur des Etats-Unis, la Californie est désormais distancée par la Louisiane qui a accueilli 18 des 108 plus gros films l'an dernier, et se trouve talonnée par la Géorgie ou New York. La Grosse Pomme a notamment réussi à attirer 29 importantes séries télé l'an dernier, contre seulement sept 10 ans plus tôt, démontrant l'efficacité de sa politique fiscale en matière de film.
La reconquête d'Hollywood
Face à cette déconfiture, la Californie a décidé de contre-attaquer en triplant ses crédits d'impôts pour le cinéma, qui vont grimper à 330 millions de dollars par an contre 100 millions par an auparavant. Cette volonté de reconquête s'est fait immédiatement sentir : au troisième trimestre cette année, les productions télévisuelles dans la Cité des Anges ont bondi de 31% sur un an.
"Nous nous efforçons toujours de reconquérir notre part dans les tournages télévisuels mais nous sommes encouragés", a commenté le président de Film LA Paul Audley en annonçant ces chiffres il y a quelques jours. "Avec les nouveaux crédits d'impôts entrant en vigueur dès juillet, nous voyons un fort potentiel de croissance", a-t-il ajouté.
Tom Nunan souligne par ailleurs que Hollywood reste malgré tout sans conteste la capitale du monde du divertissement, "car c'est ici que se trouvent les décideurs et que naissent les idées". "Les tournages ne sont pas une preuve de dominance, les idées le sont. Tout comme la Silicon Valley est la capitale incontestée de l'ère numérique même si les smartphones sont fabriqués en Chine", conclut-il.
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