Un dernier adieu émouvant et joyeux pour Alain Resnais
Dans la matinée, le portrait du cinéaste chemise rouge et crinière blanche, illustrée par Floc'h, accueillait les proches dans l'église Saint-Vincent-de-Paul remplie de fleurs blanches. Extraits de musiques et de films que le cinéaste aimait -Laurel et Hardy compris-, vidéos le montrant derrière la caméra mais aussi hommages de ses comédiens fétiches... la cérémonie a mélangé les arts comme Alain Resnais aimait le faire dans ses films.
"Avec Sabine Azéma, on a sélectionné des moments de cinéma parmi ses films qu'il chérissait, un peu comme son jardin secret. Il projetait des Laurel et Hardy à ses copains quand il était ado", a déclaré à l'AFP le comédien Bruno Podalydès. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a assisté à la cérémonie de même que la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, ou encore l'ancien ministre Jack Lang.
Son épouse et muse, Sabine Azéma, était arrivée dans la même voiture qu'André Dussollier et Pierre Arditi qui ont ensuite accueilli M. Ayrault à l'entrée de l'église. Les deux comédiens, rejoints par Michel Vuillermoz, Bruno et Denis Podalydès et Philippe Uchan, ont porté le cercueil blanc à l'intérieur de l'église où les attendaient de très nombreuses personnalités du monde du cinéma.
Reportage de Pascale Deschamps et Y. Moine
Un homme formidable
Pour le réalisateur Costa-Gavras, Resnais était "un cinéaste à part car il était un auteur de cinéma. Ses choix étaient des trouvailles et le cinéma français lui doit beaucoup". Aujourd'hui, "l'artiste n'est pas parti. On dit au revoir à l'homme car c'était un aussi un homme formidable", a déclaré à l'AFP le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux.
Pour le dramaturge Jean-Michel Ribes, avec le décès d'Alain Resnais "c'est un immense espace de fantaisie qui s'en va. On va avoir du mal sans lui à respirer dans cette société extrêmement étouffante". Au cours de son homélie, le père Philippe Desgens, aumônier des artistes, a souligné que "non seulement ses films sont des chefs-d'oeuvre qui ont marqué le cinéma français mais lui-même a réussi à faire de sa vie un chef-d'oeuvre". "C'était un être moralement beau (...) porteur d'une vraie quête spirituelle, ne serait-ce qu'avec le thème récurrent de la mort" dans ses films.
Hommage à un réalisateur qui "incarnait le cinéma français"
Aurélie Filippetti a rendu "l'hommage de la République tout entière" à un créateur "qui incarnait le cinéma français". Saluant son "insatiable curiosité pour la culture sous toutes ses formes", la ministre de la Culture a rappelé que le réalisateur "engagé" avait été "de tous les combats" du XXe siècle. "Mais pour beaucoup bien sûr, il demeurera le premier cinéaste qui représenta l'irreprésentable et nous donna à voir l'impensable" avec "Nuit et Brouillard", premier documentaire sur l'horreur des camps nazis.
Resnais a marqué le cinéma français d'oeuvres majeures comme "Hiroshima mon amour", "Providence", "Smoking/No smoking", "Mon oncle d'Amérique", "On connaît la chanson" ou "Les herbes folles". Décédé le 1er mars à 91 ans, il devait être inhumé dans l'après-midi au cimetière du Montparnasse.
Une avant-première d'"Aimer, boire et chanter" sur les Champs-Elysées
En soirée, une avant-première du dernier film de Resnais, "Aimer, boire et chanter" était organisée à l'UGC Normandie sur les Champs-Elysées. Outre la ministre de la Culture, le président François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault y ont assisté. François Hollande avait "tenu à être là" pour saluer un cinéaste qui a "éclairé le cinéma français pendant un demi-siècle" et une oeuvre émanant d'"un auteur à la fois prolixe et divers".
Il y a un mois, "Aimer, boire et chanter" avait reçu au Festival de Berlin un prix pour "le film qui ouvre de nouvelles perspectives au cinéma". Il résume l'éclectisme d'Alain Resnais en cassant les barrières entre cinéma, théâtre et bande dessinée.
Prenant la parole sur scène avant le film, le producteur d'Alain Resnais, Jean-Louis Livi, a rappelé que le cinéaste "préparait ces derniers jours, ces dernières heures, son 21e long métrage", "un suspense drôle et tragique se déroulant en Bretagne dans une gare", a-t-il dit. Son titre ? "'Arrivées et départs'. Cela ne s'invente pas !".
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