Un livre raconte "The Freak", le dernier film inachevé de Chaplin
Victoria, la fille de Charlie Chaplin, aurait dû endosser le rôle principal, explique l'auteur de l'étude, l'écrivain suisse Pierre Smolik, en dévoilant à l'AFP les ailes en plumes de cygne que la jeune femme aurait dû porter et qui se trouvent dans un vieux grenier en Suisse. Le public pourra sans doute les admirer au musée Chaplin qui doit ouvrir en avril au Manoir de Ban.
L'histoire relate les aventures d'une femme-oiseau, qui chute sur le toit de la demeure d'un professeur-écrivain dans un coin perdu de Terre de Feu, en Amérique du sud. Enlevée, elle est emmenée à Londres où elle est exhibée devant une foule et forcée d'accomplir des miracles. Parvenant à s'échapper, elle est poursuivie et capturée. Libérée, elle veut retourner dans ses montagnes chiliennes, où elle avait grandi dans une grotte après la pousse de ses ailes vers l'âge de 6 ans. Sur le chemin du retour, elle tombe dans l'Atlantique et meurt.
"J'ai lu le script quand mon père a fini de l'écrire. C'est un magnifique conte de fées. Un très joli rêve", raconte à l'AFP un des fils du cinéaste, Michael (69 ans). Le scénario était connu mais pas dans ses détails. Grâce à des archives inédites - images, dialogues, notes préparatoires, synopsis et textes - obtenues grâce à l'aide de la famille de Charlie Chaplin, Pierre Smolik entraîne les lecteurs dans ce projet. "Chaplin écrit le synopsis en 1969, à 80 ans, et y travaille pendant encore deux ans au Manoir de Ban, à Corsier-sur-Vevey" où Charlie Chaplin passe les 25 dernières années de sa vie de 1953 à 1977. Il fait fabriquer les ailes du Freak et procède à des répétitions aux studios Shepperton en Angleterre, avec Victoria. Sa fille avait 18 ans, l'âge de l'être ailé dans le scénario.
Le script était gardé, plus ou moins comme un secret
Pourquoi le film n'a-t-il pas été tourné ? "Il était d'un âge avancé, sa femme ne voulait pas qu'il ait des problèmes de santé lors du tournage", évoque l'écrivain suisse. "Je pense que la famille a protégé le script. Ils ne voulaient pas qu'il tombe dans d'autres mains.... C'était gardé plus ou moins comme un secret", détaille Michael Chaplin.
En 2010, Pierre Smolik, qui connaissait la famille Chaplin, demande à l'Office Chaplin à Paris s'il peut avoir accès à ces documents. La réponse est positive. Son étude de 300 pages détaille l'histoire, ses remaniements successifs. Elle est assortie d'images, dont certaines sont extraites d'une séquence filmée à l'été 1974 par Oona, la femme de Chaplin, dans le jardin du Manoir de Ban, et jusqu'alors jamais rendue publique. Famille, amis et proches étaient alors réunis, expliquent Victoria et Michael Chaplin dans la postface du livre. Chaplin suggéra que l'on aille chercher les ailes que Victoria aurait dû porter. "Il voulait la voir porter les ailes, alors nous sommes descendus à la cave et avons sorti les ailes de la boîte. Des ailes très grandes, assez lourdes. Elle les a mises. Il était sur sa chaise roulante et il ne pouvait pas vraiment marcher. Mais une fois qu'il l'a vue avec les ailes, ce fut assez incroyable. Il se leva de sa chaise roulante, avança et dit: non, non, tu ne le fais pas bien. Et il devint à nouveau un réalisateur", narre Michael Chaplin. Victoria se prit au jeu du tournage. La séquence finale du film fut réalisée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.