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Un "rouspéteur de choc et de chic", "un tendre" qui "avait de la grâce" : le monde du cinéma rend hommage à Jean-Pierre Bacri

L'acteur, auteur et scénariste est mort lundi 18 janvier d'un cancer, à l'âge de 69 ans.

Article rédigé par franceinfo
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L'acteur français Jean-Pierre Bacri pose à Paris, le 2 décembre 2015. (LOIC VENANCE / AFP)

Figure du théâtre et du cinéma français, Jean-Pierre Bacri est mort lundi 18 janvier des suites d'un cancer. Il occupait une place de choix auprès du public pour ses rôles d'anti-héros râleur et désabusé mais profondément humain. Le monde du cinéma lui rend hommage sur franceinfo.

Pierre Arditi : "Des gens comme ça, ça ne s'efface jamais"

La disparition de Jean-Pierre Bacri est "un choc" pour Pierre Arditi, quelque chose de "douloureux". Mais "des gens comme ça, ça ne s'efface jamais". "Il continuera de nous illuminer jusqu'à la fin des temps", assure le comédien.

"C'est un râleur, se souvient Pierre Arditi. Il râle contre un monde qu'il rêve autrement et qui ne lui convient pas. Il est à la fois acide et il y a quelque chose de tendre qui navigue en dessous et qui le blesse."

Richard Berry : "C'était un type d'une tendresse infinie"

"C'est peut-être un des acteurs avec lequel j'ai le plus ri", a réagi sur franceinfo l'acteur Richard Berry. "C'était un type qui avait un humour et une humilité merveilleuse, se souvient-il. Et puis un talent gigantesque, si bien commun comme acteur que comme auteur. C'était un type d'une tendresse infinie. On a perdu lourd là, on a perdu très gros."

"C'est quelqu'un qui ne faisait pas de concessions, ni avec son travail, ni avec les gens, confie Richard Berry. Et quand il aimait, il aimait, quand il n'aimait pas, il n'aimait pas."

Gilles Jacob est "privé pour toujours" de son "rouspéteur de choc et de chic"

"Privé pour toujours de mon rouspéteur de choc et de chic, je ne suis pas surpris d’être triste ce soir", a réagi sur Twitter Gilles Jacob. L'ancien patron du festival de Cannes rend hommage à la voix de l'acteur. "Ce qui est extraordinaire chez Bacri c'est à quel point le timbre de voix correspond à ses états d’âme. Voix catégorique et hésitante, tranchante et bègue, caressante et chantante. Elle laisse derrière une traînée de regrets et de dépits amoureux. Rocailleuse et douce comme lui", écrit-il.

Jean-Pierre Bacri "n’était pas méprisant mais il était exaspéré par la bêtise humaine. Et, n’ayant pas sa langue dans sa poche, il le montrait. Il n’avait pas de temps à perdre avec ceux que Buñuel - un solitaire lui aussi - définissait ainsi : Un crétin, un autre crétin...", a-t-il poursuivi.

Philippe Muyl : "C'est vraiment un coup qu'on prend sur la tête"

"C'est vraiment un coup qu'on prend sur la tête", a réagi sur franceinfo Philippe Muyl, réalisateur de Cuisines et dépendances en 1993. C'est le producteur Alain Poiré qui lui a proposé d'adapter la pièce d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. "Il a fallu que je rentre dans un club", explique Philippe Muyl. "Jean-Pierre, Agnès, Darroussin, Zabou, Sam Karmann, c'était une bande. Et moi, j'étais un objet venant de l'extérieur. La chose la plus complexe a été d'apprivoiser tout ça." 

Pour le réalisateur, Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui "faisaient de la comédie dans le sens anglais du mot. C'est une comédie qui a du sens". C'est une "vision du monde qui tourne la réalité en dérision tout en la regardant avec lucidité".
Philippe Muyl souligne le ton "doux amer, lucide, entier, intelligent" de l'œuvre d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri.

"C'était leur façon de regarder le monde avec un œil critique et un peu intransigeant."

Philippe Muyl, réalisateur

à franceinfo

Le personnage de râleur incarné par Jean-Pierre Bacri lui ressemblait "un peu", ajoute Philippe Muyl, "un peu comme ça, avec une sorte de grand cœur en même temps. Je pense que c'était un tendre."

Jean-Michel Ribes : "De lui, il me reste nos fous rires"

Jean-Michel Ribes, le directeur du Théâtre du Rond-Point, se souvient sur franceinfo d’un homme "qui avait cette capacité à toujours être lui-même, à toujours avoir ses idées, sa morale, ses valeurs qu’il défendait sans arrêt, c'était l'envers d'un people, c’était quelqu'un qui avait une densité extraordinaire". Jean-Michel Ribes avait rencontré Jean-Pierre Bacri "quand il débutait vraiment, c'est quelqu'un qui a été une histoire d'amitié très profonde puisqu’il avait notamment joué dans 'Batailles', une de mes pièces"."

Jean-Michel Ribes se souvient de moments de bonheur partagés avec Jean-Pierre Bacri : "La chose la plus merveilleuse, c'est qu'on avait des fous rires ensemble. Quand  on a un fou rire avec quelqu'un, c'est qu'on le connaît mieux que personne." Et le directeur du Théâtre du Rond-Point de souligner "la grâce" de son ami : "Jean-Pierre Bacri ne devenait jamais un personnage, c’était le personnage qui devenait Jean-Pierre Bacri. La grâce c’est quelque chose qui ne s’explique pas, on l’a ou on ne l’a pas, il l’avait. Dès qu’il ouvrait la bouche même en bégayant, même avec ses approximations, il était là, on l’écoutait et il nous émouvait, il nous faisait rire."

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