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Une sélection de DVD pour jours de pluie… ou d'ennui !
La météo s’évertue décidément à pourrir l’été et les vacances sur une grande partie du territoire. On reste à l’intérieur ; jeux de cartes, Monopoly, Scrabble… Et pourquoi pas un film ? Voici une sélection de sorties DVD/Blue-ray récentes dans tous les genres, parmi nos coups de cœur de ces derniers mois.
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Mis à jour
Temps de lecture : 16min
Le chef-d’œuvre
"Only Lovers left Alive"
Avec la troublante Tilda Swinton, le sombre Tom Hiddleston et l’éternel John Hurt, sans oublier la turbulente Mia Wasinkowska, le dernier film de Jim Jarmusch, en compétition à Cannes en 2013, est une merveille. Film de vampires sur deux grands nocturnes amoureux, la mise en scène et en images est d’une rare élégance, sans parler de la musique qui ponctue la nonchalance de ces vampires qui ont tout le temps devant eux : sublime. Lire la crtique du film lors de sa sortie en salles. En bonus, un beau making of de 49 minutes, où se dévoile Jim Jarmush au travail, sans aucun commentaire, ainsi que 26 minutes de scènes coupées (très instructives) et le clip/scène de la très belle chanson de Yasmine Hamdan, emblématique du film.
Noir, c’est noir
"Le secret derrière la porte"
Premier film de Fritz Lang réalisé aux Etats-Unis en 1943, "Le Secret derrière la porte" est comme une relecture du mythe de Barbe-bleue à la lumière de la psychanalyse. Cette dernière devient à l’époque pratiquement une institution aux Etats-Unis et imprègne fortement le cinéma américain. "Le Secret derrière la porte" participe pour beaucoup du processus, avec cette jeune femme (Joan Bennett) mal marié à un homme énigmatique (Michael Redgrave), gardien d’un secret de famille qui conditionne ses pulsions. Gothique dans ses décors et ses lumières, le film est dans la continuité du premier film de Mankiewicz, "Le Château du Dragon" (1946), ou "Rebecca" (1940), le premier film américain d’Alfred Hitchcock. Les compléments revisitent la carrière quelque peu frustrée de Joan Bennett (11 mn) et un entretien avec Fritz Lang sur son traitement du meurtre au cinéma (18 mn). Sortie dans les bacs : 17 septembre
"Assurance sur la mort"
Quatrième film de Billy Wilder, réalisé en 1944, "Assurance sur la mort" est son premier chef-d’œuvre. Adapté d’un court roman de James M. Cain par Wilder et Raymond Chandler, le film s’avère être comme le prototype du film noir, tel qu’il va se développer après lui : personnages issus du commun, crimes, femmes fatales… Un courtier en assurances (Fred Mac Murray) est manipulé par une femme (Barbara Stanwyck) pour assassiner son mari, alors que le supérieur et ami de son complice (Edward J. Robinson) ne cesse de décrypter leur liaison. Le script et la mise en scène de Wilder accouchent d’une œuvre majeure dans son ingéniosité scénaristique et plastique aux échos expressionnistes, dont les répercussions sont toujours sensibles aujourd’hui, sans être égalées. Sublime ! Les bonus, hors un double commentaire audio du film, comprennent une relecture d’"Assurance sur la mort" par le réalisateur William Friedkin, le romancier James Ellroy et l’écrivain, spécialiste du film noir, Eddie Muller (38 mn). Un autre doc (35 mn), un peu précieux dans sa réalisation, se penche sur l’esthétique du film et le parcours atypique de son personnage principal.
Fantastique !
"Lifeforce – l’étoile du mal"
Réalisé par Tobe Hooper ("Massacre à la tronçonneuse", "Poltergeist"…), "Lifeforce" s’est fait copieusement descendre par la critique, même spécialisée, à sa sortie en 1985. Cette luxueuse série B ne méritait pas pourtant tant de haine. Adapté d’un roman de Colin Wilson, "Les Vampires de l’espace", le film retrace une mission spatiale exploratrice de la comète de Halley, important par mégarde sur Terre trois vampires découverts dans un vaisseau caché dans la queue de l’astre, qui vont provoquer une épidémie apocalyptique à Londres. Les nombreux effets spéciaux peuvent paraître aujourd’hui désuets - à l’époque pas d’images de synthèse -, mais ces "animatroniques" participent du charme. Charme que l’on retrouve dans la présence de Mathilda May alors âgée de 19 ans, nue tout au long du film, dans son premier rôle. Un film très atypique, un peu bancal, certes, mais bourré de qualités. Le complément explore le film sous l’angle du metteur en scène, Tobe Hopper, au carrefour du fantastique gothique et de la science-fiction.
"La Révolte des Triffides"
Inédit en France à sa sortie (1962), "La Révolte des Triffides" (ou "Le Jour des Triffides") est signé par l’obscure Steve Sekelly, mais également du vétéran de la Hammer ("Dracula et les femmes", "L’Empreinte de Frankenstein"…) et directeur de la photographie oscarisé ("Les Innocents", "Elephant Man"…), Freddie Francis, non crédité au générique. Le film relate l’invasion sur Terre, suite à une pluie de météores, de plantes extraterrestres carnivores et mobiles. Très "barré" dans son scénario et sa mise en images psychédéliques, le film développe un charme indéniable par son côté "vintage" et la possibilité d’avoir enfin accès à ce qui relève d’une "œuvre mineure" jusqu’à aujourd’hui inaccessible. Une découverte qui enchantera les amateurs du genre. Le bonus restitue "La Révolte des Triffides" dans la perspective de la science-fiction britannique, notamment par rapport à la Hammer, prolifique dans ce domaine à l’aube des années 60.
Des classiques intemporels
"Théorème"
"Théorème" est sans doute le film le plus connu de Pier-Paolo Pasolini. Il révéla Terrence Stamp et voit Syviana Mangano dans son ultime beauté, d’une sensualité resplendissante. Un jeune homme débarque d’on ne sait où dans une famille bourgeoise et transforme sa conception du monde : il aime la bonne, la fille, la mère, le père : une révolution aux conséquences insoupçonnées. Pasolini filme un ange porteur des nouvelles valeurs. Film totalement inconcevable aujourd’hui, vue la régression de l’ouverture d’esprit, "Théorème", Prix œcuménique à Venise en 1968, demande à être vu et revu. Le film reste porteur de ses valeurs révolutionnaires de l’époque, toujours d’actualité. En complément : l’entretien avec Henri Chapier (26 mn) sur le film et Pasolini, un autre avec Pierre Kalfon, producteur, (10 mn) et surtout le documentaire de Laura Betti (proche de Pasolini), d’une durée de 89 mn, sur le réalisateur.
"Viridiana"
Palme d’or à Cannes en 1961, "Viridiana", de Luis Bunuel, fit l’effet d’une bombe et engendra le scandale. Film traitant de la religiosité et de ses dérives en plein régime franquiste, il ne pouvait qu’être frappé d’anathème. Le Festival de Cannes jouait alors à plein son rôle de reconnaissance (comme il l’a toujours joué depuis), de protection des auteurs en tourmente par rapport à leurs gouvernants. "Viridiana", produit de la jonction de deux nouvelles de Benito Perez Galdos, raconte l’histoire d’une jeune femme pieuse (Silvia Pinal) mariée à son oncle qui, après son suicide, se consacre aux déshérités, tout en en suscitant de leur part l’attirance par sa beauté. Le film constitue avec "Tristana" » (1970) un binôme inséparable. A voir et à revoir en boucle. Le bonus d’une heure est constitué d’un portrait approfondi de Luis Bunuel qui creuse la place de "Viridiana" dans son œuvre et son rapport à "Tristana".
"Sa Majesté des mouches"
Peter Brook, metteur en scène de théâtre avant tout, a laissé quelques perles cinématographiques sur son passage, dont "Sa Majesté des mouches" datant de 1963. Adapté du roman éponyme de William Golding, le film retrace le récit d’un groupe d’enfants réfugiés sur une île suite au crash de leur avion, constituant un société hiérarchisée où se jouent des luttent de pouvoirs entre deux leaders d’une douzaine d’années. Métaphore sur la politique, "Sa Majesté des mouches" n’a rien perdu de sa puissance évocatrice et de son propos aujourd’hui, toujours si pertinent. Dans ses rares films, Peter Brook s’avère tout au long en droite ligne avec son époque, signe d’une modernité revendiquée. En complément, le cinéaste évoque, aujourd’hui, en 32 minutes, son engouement pour le sujet, le tournage et ses rapport avec le jeune groupe d’acteurs inexpérimentés qu’il dirigea dans un contexte coupé du monde, le film ayant été tourné dans des conditions ultimes, sur une île dénuée de toute communication.
Hors champ
"Tesis"
Premier film de l’Espagnol Alejandro Amenabar ("Les Autres", "Agora",…), "Tesis" (1995) annonce tout le talent de ce cinéaste dans le choix de ses sujets et de leur traitement. Le film retrace le parcours d’une étudiante écrivant une thèse sur la représentation de la violence au cinéma, découvrant un réseau de "snuff movies" (films visualisant des morts réelles à l’écran) dans son université. "Tesis" fonctionne sur les codes du "giallo" italien d’antan : enquête mené par une jeune femme sexy, poursuivie dans des couloirs sombres, menacée par un tueur sadique, tout en référence à Mario Bava et Dario Argento. Le collage est très bien mené et en phase avec les arcanes du genre, sur un scénario astucieux qui fonctionne de bout en bout avec une mise en images ad hoc, qui ne demande qu’à être revu. En bonus, le réalisateur revient sur ses premières amours cinématographiques, notamment fantastiques, pour évoquer le tournage de ce premier film fait de bouts de ficelle (40 mn). Un second complément consiste en un making of plus anecdotique de 20 mm, un troisième visualisant des scènes coupées sur 7 mn.
"Velvet Goldmine"
Film très improbable sur l’ère du rock Glam du début des années 70, "Velvet Goldmine" s’avère une petite perle où apparaissait pour une de ses premières prestations Christian Bale aux côtés de Ewan Mc Gregor et Toni Collette (tous remarquables), sans oublier Jonathan Rhys Mayer en alter ego de David Bowie. Le film ne cesse de jouer sur le mélange entre diverses personnalités de l’époque (David Bowie avec Lou Reed, Iggy Pop avec Brian Eno, Slade avec T. Rex ou New York Dolls…). Un vrai plaisir pour les nostalgiques de l’époque qui s’y retrouvent et les béotiens qui découvrent toute une époque. Superbe film sur les coulisses du rock, "Velvet Goldmine" s’avère d’une très belle réalisation, traitant d’un sujet inattendu, parfaitement touchant sur la formation d’une personnalité aux idéaux en marge de son époque. Le complément (26 mn), où chacun des comédiens évoque sa découverte du Glam, sans l’avoir connu, puisque non nés, ou trop jeune à cette époque, est passionnant.
"Les Amants électriques"
Bill Plympton revient en force avec ses "Amants électriques", film dément d’animation pour adultes qui revisite une fois de plus la société américaine sur un ton totalement désinvolte. Jake et Elia se rencontrent sur une piste de voitures tamponneuses et se marient, follement amoureux. Mais Jake, après une méprise, est soupçonné d’adultère par sa femme, puis, très sollicité, il la trompe à qui mieux-mieux pour se venger. Elia, furieuse, tente par tous les moyens de l’occire… Délirant, avec un graphisme minimaliste mais d’une efficacité extrême, Bill Plympton nous embarque une fois de plus dans une histoire palpitante, drôle et parlante (en restant un film muet, mais sonore), d’une drôlerie constante. Plympton au mieux de sa forme ! Lire la crtique du film lors de sa sortie en salles Les bonus sont riches : 72 minutes sur le making-off du film étape par étape, Plympton ayant un processus de création très particulier, suivi d’une interview du maître de 12 minutes. Sortie dans les bacs : 27 août.
L’actualité du conflit israélo-palestinien s’invite avec "Bethléem"
Film israélien, réalisé par un Hébreu ayant bénéficié de la coopération d’un Palestinien pour concevoir son film, "Bethléem" relève d’un statut très particulier, notamment à ce jour, où le conflit israélo-palestinien fait rage dans la bande de Gaza. D’emblée, le film de Yval Adler impressionne par sa maîtrise cinématographique : l’installation de son intrigue par ses personnage et le rythme narratif qu’il va en tirer. On est happé par la relation entre cet agent des services secrets israéliens et de jeunes Palestiniens ourdie par la trahison envers son peuple et la protection de sa famille. Dilemne terrible que la conclusion du film entraîne sur un terme inattendu. Autant politique que thriller remarquable, un film haletant du début à la fin. Lire la critique du film lors de sa sortie en salles. Le complément est composé d’une double interview du réalisateur Yval Adler et de son conseiller palestinien Al Waked, diffusé sur Arte, très éclairante sur les rapports entre les deux communautés.
Le coffret
"Ozu" en 14 films
Un gros morceau, ces 14 films de Yasujiro Ozu, réunis par Carlotta.
Yasujiro Ozu (1903-1963) peut être considéré comme le fondateur du cinéma japonais au XXe siècle, sa première réalisation remontant à 1927. Il tourne par la suite une quinzaine de films muets, et passe au parlant jusqu’en 1963, date de sa mort, avec "Le Goût du saké". Le coffret comprend par ailleurs ses seuls deux films en couleur. Cette "Ozu touch" est décelable dès "Le Fils unique" (1936), dans un filmage qui deviendra son image de marque : une prédilection donnée au plan fixe, filmé au ras du sol avec un art ultime du cadrage, privilégiant la profondeur de champ, avec ces portes ouvertes sur des espaces successifs, à la manière d’un Vermeer. Cette profondeur se fait paradoxalement en aplat, en accord avec l’art de l’estampe japonaise, l’écran se divisant en différents plans parfaitement alignés pour traduire l’espace vital japonais.
De multiples bonus alimentent chaque film par des entretiens, mais aussi des courts-métrages du maître et plus encore…
"Only Lovers left Alive"
Avec la troublante Tilda Swinton, le sombre Tom Hiddleston et l’éternel John Hurt, sans oublier la turbulente Mia Wasinkowska, le dernier film de Jim Jarmusch, en compétition à Cannes en 2013, est une merveille. Film de vampires sur deux grands nocturnes amoureux, la mise en scène et en images est d’une rare élégance, sans parler de la musique qui ponctue la nonchalance de ces vampires qui ont tout le temps devant eux : sublime. Lire la crtique du film lors de sa sortie en salles. En bonus, un beau making of de 49 minutes, où se dévoile Jim Jarmush au travail, sans aucun commentaire, ainsi que 26 minutes de scènes coupées (très instructives) et le clip/scène de la très belle chanson de Yasmine Hamdan, emblématique du film.
Noir, c’est noir
"Le secret derrière la porte"
Premier film de Fritz Lang réalisé aux Etats-Unis en 1943, "Le Secret derrière la porte" est comme une relecture du mythe de Barbe-bleue à la lumière de la psychanalyse. Cette dernière devient à l’époque pratiquement une institution aux Etats-Unis et imprègne fortement le cinéma américain. "Le Secret derrière la porte" participe pour beaucoup du processus, avec cette jeune femme (Joan Bennett) mal marié à un homme énigmatique (Michael Redgrave), gardien d’un secret de famille qui conditionne ses pulsions. Gothique dans ses décors et ses lumières, le film est dans la continuité du premier film de Mankiewicz, "Le Château du Dragon" (1946), ou "Rebecca" (1940), le premier film américain d’Alfred Hitchcock. Les compléments revisitent la carrière quelque peu frustrée de Joan Bennett (11 mn) et un entretien avec Fritz Lang sur son traitement du meurtre au cinéma (18 mn). Sortie dans les bacs : 17 septembre
"Assurance sur la mort"
Quatrième film de Billy Wilder, réalisé en 1944, "Assurance sur la mort" est son premier chef-d’œuvre. Adapté d’un court roman de James M. Cain par Wilder et Raymond Chandler, le film s’avère être comme le prototype du film noir, tel qu’il va se développer après lui : personnages issus du commun, crimes, femmes fatales… Un courtier en assurances (Fred Mac Murray) est manipulé par une femme (Barbara Stanwyck) pour assassiner son mari, alors que le supérieur et ami de son complice (Edward J. Robinson) ne cesse de décrypter leur liaison. Le script et la mise en scène de Wilder accouchent d’une œuvre majeure dans son ingéniosité scénaristique et plastique aux échos expressionnistes, dont les répercussions sont toujours sensibles aujourd’hui, sans être égalées. Sublime ! Les bonus, hors un double commentaire audio du film, comprennent une relecture d’"Assurance sur la mort" par le réalisateur William Friedkin, le romancier James Ellroy et l’écrivain, spécialiste du film noir, Eddie Muller (38 mn). Un autre doc (35 mn), un peu précieux dans sa réalisation, se penche sur l’esthétique du film et le parcours atypique de son personnage principal.
Fantastique !
"Lifeforce – l’étoile du mal"
Réalisé par Tobe Hooper ("Massacre à la tronçonneuse", "Poltergeist"…), "Lifeforce" s’est fait copieusement descendre par la critique, même spécialisée, à sa sortie en 1985. Cette luxueuse série B ne méritait pas pourtant tant de haine. Adapté d’un roman de Colin Wilson, "Les Vampires de l’espace", le film retrace une mission spatiale exploratrice de la comète de Halley, important par mégarde sur Terre trois vampires découverts dans un vaisseau caché dans la queue de l’astre, qui vont provoquer une épidémie apocalyptique à Londres. Les nombreux effets spéciaux peuvent paraître aujourd’hui désuets - à l’époque pas d’images de synthèse -, mais ces "animatroniques" participent du charme. Charme que l’on retrouve dans la présence de Mathilda May alors âgée de 19 ans, nue tout au long du film, dans son premier rôle. Un film très atypique, un peu bancal, certes, mais bourré de qualités. Le complément explore le film sous l’angle du metteur en scène, Tobe Hopper, au carrefour du fantastique gothique et de la science-fiction.
"La Révolte des Triffides"
Inédit en France à sa sortie (1962), "La Révolte des Triffides" (ou "Le Jour des Triffides") est signé par l’obscure Steve Sekelly, mais également du vétéran de la Hammer ("Dracula et les femmes", "L’Empreinte de Frankenstein"…) et directeur de la photographie oscarisé ("Les Innocents", "Elephant Man"…), Freddie Francis, non crédité au générique. Le film relate l’invasion sur Terre, suite à une pluie de météores, de plantes extraterrestres carnivores et mobiles. Très "barré" dans son scénario et sa mise en images psychédéliques, le film développe un charme indéniable par son côté "vintage" et la possibilité d’avoir enfin accès à ce qui relève d’une "œuvre mineure" jusqu’à aujourd’hui inaccessible. Une découverte qui enchantera les amateurs du genre. Le bonus restitue "La Révolte des Triffides" dans la perspective de la science-fiction britannique, notamment par rapport à la Hammer, prolifique dans ce domaine à l’aube des années 60.
Des classiques intemporels
"Théorème"
"Théorème" est sans doute le film le plus connu de Pier-Paolo Pasolini. Il révéla Terrence Stamp et voit Syviana Mangano dans son ultime beauté, d’une sensualité resplendissante. Un jeune homme débarque d’on ne sait où dans une famille bourgeoise et transforme sa conception du monde : il aime la bonne, la fille, la mère, le père : une révolution aux conséquences insoupçonnées. Pasolini filme un ange porteur des nouvelles valeurs. Film totalement inconcevable aujourd’hui, vue la régression de l’ouverture d’esprit, "Théorème", Prix œcuménique à Venise en 1968, demande à être vu et revu. Le film reste porteur de ses valeurs révolutionnaires de l’époque, toujours d’actualité. En complément : l’entretien avec Henri Chapier (26 mn) sur le film et Pasolini, un autre avec Pierre Kalfon, producteur, (10 mn) et surtout le documentaire de Laura Betti (proche de Pasolini), d’une durée de 89 mn, sur le réalisateur.
"Viridiana"
Palme d’or à Cannes en 1961, "Viridiana", de Luis Bunuel, fit l’effet d’une bombe et engendra le scandale. Film traitant de la religiosité et de ses dérives en plein régime franquiste, il ne pouvait qu’être frappé d’anathème. Le Festival de Cannes jouait alors à plein son rôle de reconnaissance (comme il l’a toujours joué depuis), de protection des auteurs en tourmente par rapport à leurs gouvernants. "Viridiana", produit de la jonction de deux nouvelles de Benito Perez Galdos, raconte l’histoire d’une jeune femme pieuse (Silvia Pinal) mariée à son oncle qui, après son suicide, se consacre aux déshérités, tout en en suscitant de leur part l’attirance par sa beauté. Le film constitue avec "Tristana" » (1970) un binôme inséparable. A voir et à revoir en boucle. Le bonus d’une heure est constitué d’un portrait approfondi de Luis Bunuel qui creuse la place de "Viridiana" dans son œuvre et son rapport à "Tristana".
"Sa Majesté des mouches"
Peter Brook, metteur en scène de théâtre avant tout, a laissé quelques perles cinématographiques sur son passage, dont "Sa Majesté des mouches" datant de 1963. Adapté du roman éponyme de William Golding, le film retrace le récit d’un groupe d’enfants réfugiés sur une île suite au crash de leur avion, constituant un société hiérarchisée où se jouent des luttent de pouvoirs entre deux leaders d’une douzaine d’années. Métaphore sur la politique, "Sa Majesté des mouches" n’a rien perdu de sa puissance évocatrice et de son propos aujourd’hui, toujours si pertinent. Dans ses rares films, Peter Brook s’avère tout au long en droite ligne avec son époque, signe d’une modernité revendiquée. En complément, le cinéaste évoque, aujourd’hui, en 32 minutes, son engouement pour le sujet, le tournage et ses rapport avec le jeune groupe d’acteurs inexpérimentés qu’il dirigea dans un contexte coupé du monde, le film ayant été tourné dans des conditions ultimes, sur une île dénuée de toute communication.
Hors champ
"Tesis"
Premier film de l’Espagnol Alejandro Amenabar ("Les Autres", "Agora",…), "Tesis" (1995) annonce tout le talent de ce cinéaste dans le choix de ses sujets et de leur traitement. Le film retrace le parcours d’une étudiante écrivant une thèse sur la représentation de la violence au cinéma, découvrant un réseau de "snuff movies" (films visualisant des morts réelles à l’écran) dans son université. "Tesis" fonctionne sur les codes du "giallo" italien d’antan : enquête mené par une jeune femme sexy, poursuivie dans des couloirs sombres, menacée par un tueur sadique, tout en référence à Mario Bava et Dario Argento. Le collage est très bien mené et en phase avec les arcanes du genre, sur un scénario astucieux qui fonctionne de bout en bout avec une mise en images ad hoc, qui ne demande qu’à être revu. En bonus, le réalisateur revient sur ses premières amours cinématographiques, notamment fantastiques, pour évoquer le tournage de ce premier film fait de bouts de ficelle (40 mn). Un second complément consiste en un making of plus anecdotique de 20 mm, un troisième visualisant des scènes coupées sur 7 mn.
"Velvet Goldmine"
Film très improbable sur l’ère du rock Glam du début des années 70, "Velvet Goldmine" s’avère une petite perle où apparaissait pour une de ses premières prestations Christian Bale aux côtés de Ewan Mc Gregor et Toni Collette (tous remarquables), sans oublier Jonathan Rhys Mayer en alter ego de David Bowie. Le film ne cesse de jouer sur le mélange entre diverses personnalités de l’époque (David Bowie avec Lou Reed, Iggy Pop avec Brian Eno, Slade avec T. Rex ou New York Dolls…). Un vrai plaisir pour les nostalgiques de l’époque qui s’y retrouvent et les béotiens qui découvrent toute une époque. Superbe film sur les coulisses du rock, "Velvet Goldmine" s’avère d’une très belle réalisation, traitant d’un sujet inattendu, parfaitement touchant sur la formation d’une personnalité aux idéaux en marge de son époque. Le complément (26 mn), où chacun des comédiens évoque sa découverte du Glam, sans l’avoir connu, puisque non nés, ou trop jeune à cette époque, est passionnant.
"Les Amants électriques"
Bill Plympton revient en force avec ses "Amants électriques", film dément d’animation pour adultes qui revisite une fois de plus la société américaine sur un ton totalement désinvolte. Jake et Elia se rencontrent sur une piste de voitures tamponneuses et se marient, follement amoureux. Mais Jake, après une méprise, est soupçonné d’adultère par sa femme, puis, très sollicité, il la trompe à qui mieux-mieux pour se venger. Elia, furieuse, tente par tous les moyens de l’occire… Délirant, avec un graphisme minimaliste mais d’une efficacité extrême, Bill Plympton nous embarque une fois de plus dans une histoire palpitante, drôle et parlante (en restant un film muet, mais sonore), d’une drôlerie constante. Plympton au mieux de sa forme ! Lire la crtique du film lors de sa sortie en salles Les bonus sont riches : 72 minutes sur le making-off du film étape par étape, Plympton ayant un processus de création très particulier, suivi d’une interview du maître de 12 minutes. Sortie dans les bacs : 27 août.
L’actualité du conflit israélo-palestinien s’invite avec "Bethléem"
Film israélien, réalisé par un Hébreu ayant bénéficié de la coopération d’un Palestinien pour concevoir son film, "Bethléem" relève d’un statut très particulier, notamment à ce jour, où le conflit israélo-palestinien fait rage dans la bande de Gaza. D’emblée, le film de Yval Adler impressionne par sa maîtrise cinématographique : l’installation de son intrigue par ses personnage et le rythme narratif qu’il va en tirer. On est happé par la relation entre cet agent des services secrets israéliens et de jeunes Palestiniens ourdie par la trahison envers son peuple et la protection de sa famille. Dilemne terrible que la conclusion du film entraîne sur un terme inattendu. Autant politique que thriller remarquable, un film haletant du début à la fin. Lire la critique du film lors de sa sortie en salles. Le complément est composé d’une double interview du réalisateur Yval Adler et de son conseiller palestinien Al Waked, diffusé sur Arte, très éclairante sur les rapports entre les deux communautés.
Le coffret
"Ozu" en 14 films
Un gros morceau, ces 14 films de Yasujiro Ozu, réunis par Carlotta.
Yasujiro Ozu (1903-1963) peut être considéré comme le fondateur du cinéma japonais au XXe siècle, sa première réalisation remontant à 1927. Il tourne par la suite une quinzaine de films muets, et passe au parlant jusqu’en 1963, date de sa mort, avec "Le Goût du saké". Le coffret comprend par ailleurs ses seuls deux films en couleur. Cette "Ozu touch" est décelable dès "Le Fils unique" (1936), dans un filmage qui deviendra son image de marque : une prédilection donnée au plan fixe, filmé au ras du sol avec un art ultime du cadrage, privilégiant la profondeur de champ, avec ces portes ouvertes sur des espaces successifs, à la manière d’un Vermeer. Cette profondeur se fait paradoxalement en aplat, en accord avec l’art de l’estampe japonaise, l’écran se divisant en différents plans parfaitement alignés pour traduire l’espace vital japonais.
De multiples bonus alimentent chaque film par des entretiens, mais aussi des courts-métrages du maître et plus encore…
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