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Une sélection de DVD pour les fêtes, la famille et les cinéphiles

Si le marché du DVD/Blu-ray a perdu plus de 17% des ventes en un an, les aficionados vidéophiles sont toujours au rendez-vous ainsi que les éditeurs, surtout au moment des fêtes, un bon film ou un beau coffret restant un cadeau de choix. Voici une sélection de titres récents mis dans les bacs pour Noël et le nouvel an.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 16min
Blanche-Neige et les sept Nains, réalisé par David Hand pour les sutios Disney en 1937
 (Da)
Blanche-Neige et les sept nains
Cela faisait trop longtemps que le premier long métrage d'animation produit par Walt Disney n'était pas réédité. Magnifique essai,  réalisé par David Hand, qui allait avoir jusqu'à aujourd'hui des succédanés foisonnants et plus d'un classique. Celui-ci est sans doute le classique des classiques. Adapté du conte éponyme des frères Grimm de 1812, le film recevait un Oscar d'honneur en 1939, composé de la statuette bien connue et de sept autres plus petites (!) pour son "Innovation indiscutable dans le domaine de la cinématographie ayant charmé des millions de spectateurs et ayant ouvert au cinéma de vastes perspectives".
Le charme opère toujours, avec le style "bouclé" de son graphisme, ses couleurs merveilleuses, la personnalisation des nains, ses scènes d'anthologie (la forêt hantée, le ménage dans la maison, l'empoisonnement par la méchante reine en sorcière…). Les chansons sont devenues des tubes, même repris par Miles Davis ("One Day, My Prince Will Come"). A noter deux bonus exceptionnels : deux scènes inédites restées au stade de crayonnages animés. A voir et à revoir en boucle. 
Editeur : Walt Disney Home Vidéo

A Hard Day's Night
Réalisé par Richard Lester en 1963, alors que la beatelmania gagne la planète, "A Hard Day's Night" ("Quatre garçons dans le vent" en français), est un bijou du cinéma de l'absurde. Très british, bourré d'énergie et d'humour, le film reflète parfaitement l'état d'esprit des Beatles à cette époque et l'ambiance du swinging London des années 60.
Lester prend résolument une tonalité burlesque en retraçant trois journées des Fab Four, accompagnés du grand père de Paul, colérique et anar qui sème la zizanie partout où il passe. John, Paul George et Ringo prennent le train, devant donner un concert à Londres. Alors que Ringo prend la tangente. S'ensuit une course folle pour le retrouver afin d'arriver à l'heure, avec des hordes de fans à leurs trousses. Un très beau noir et blanc colle parfaitement à la teneur du film, entièrement tourné en extérieur, pour resituer l'ambiance de l'époque. Huit chansons des beatles figurent dans la B. O, dont, celle éponyme, qui donne son titre au film, "Can't Buy Me Love" et "This Boy" qui ne figure par dans l'album. Soulignons la pléthore de Bonus qui complètent le film et le revisite sous toutes les coutures : un must !
Editions Carlotta Films

La Planète des singes : l'affrontement
Deuxième volet de la franchise "reboostée" "La Planète des singes", après "Les Origines", cet "Affrontement" commence là où le premier film nous avait laissé, même si l'action se situe 10 ans après. Les singes dominent une population humaine décimée par la grippe simiesque, et a créé une communauté totalement séparée des hommes, dans la forêt près de San-Francisco. Un groupe humain s'y introduit pour réparer un barrage, ce qui va mettre le feu aux poudres et entraîner un coup d'Etat au sein de la congrégation.
Ce deuxième volet de "La Planète des singes", dont le troisième est déjà en route sous la houlette du même réalisateur qui nous avait déjà donné le formidable "Cloverfield", confirme l’exigence de la franchise. Aussi intelligente que visuelle, "La Planète des singes" parle toujours de la planète des hommes depuis la merveilleuse métaphore qu’en avait donnée un des rares auteurs de SF français, Pierre Boulle, que l’on ne saurait trop recommander à lire et à relire.

Deux heures de bonus revisitent le film depuis son projet jusqu'à sa finalisation, avec notamment de nombreuses interventions de l'acteur Andy Serkis, spécialiste des rôle filmés en "motion capture, qui interprète magnifiquement le leader Cesar.
Lire la critique publiée à la sortie du film en juillet 2014.

Le Seigneur de la guerre
Franklin J. Shaffner ("La Planète des singes" première version (1967), "Patton" -1970)…) n’est pas reconnu à sa juste valeur. Pour preuve ce "Seigneur de la guerre" (1965), avec Charlton Heston, un des plus beaux films médiévaux. D’autant qu’il se situe autour de l’an 1000, une époque peu visitée. Les Vikings (ici les Frisons) pillent régulièrement les côtes françaises de la Manche, quand rentre de moult batailles l’héritier de cette terre (Charlton Heston). Chrétien convaincu, il adhère néanmoins à la loi païenne de son territoire pour passer sa première nuit avant son mariage avec une vierge, ce qui va déclencher les hostilités avec ses ouailles, quand l’amour va naître entre eux.
Shaffner réalise une mise en scène extraordinaire, avec une reconstitution magnifique dans les décors sobres, en studio et extérieurs, nantie de costumes très évocateurs de l’époque. Adapté d’une pièce théâtrale de Leslie Stevens, le cinéaste en tire un film épique, impressionnant, émouvant, qui évoque comme rarement le passage de l’ère païenne au christianisme. Superbe film et magnifique interprétation de Charlton Heston en maître des lieux, en conflit avec son frère (Guy Stokwell) et toute une communauté. Richard Boone, qui interprète son bras droit, est non moins fabuleux. On (re)découvre ce très grand film avec un immense plaisir.

Cette magnifique copie, aux couleurs sublimes, est complétée par un beau bonus, classique, mais équilibré et instructif, sur la carrière de Charlton Heston, d’une cinquantaine de minutes : complet.   
Editeur : Sidonis Vidéos

Detective II : La Légende du dragon des mers
La désormais franchise "Detective Dee" s’inspire d’un personnage ayant réellement existé dans la Chine médiévale sous la dynastie Tang (618-907). S’il a laissé sa trace dans l’Histoire, il est devenu une légende, et un héros de romans sous la plume du diplomate Néerlandais Robert van Gulik, dont la série a été prolongée par le Français Frédéric Lenormand. Les deux films de Tsui Hark sont loin d’être les premiers sur celui que l’on présente comme l’ancêtre de Sherlock Holmes. Mais ce deuxième opus, sous-titré "La Légende du dragon des mers" atteint des sommets rarement atteints dans la démesure de la mise en scène.
Tsui Hark, qui avait déjà révolutionné le film d’action fantastique avec "Zu", atteint ici une forme de perfection en continuité avec sa filmographie dédiée au divertissement spectaculaire. Cette pure "fantasy" ne dénigre pas pour autant des qualités d’écriture. Car si les scènes d’action s’enchaînent, l’intrigue, l’enquête, les rebondissements, l’épaisseur des personnages ne sont jamais laissées de côté.

Une orgie de bonus complète le film sur une heure quarante : une étude sur les personnages, puis des décors et costumes, la chorégraphie des combats, les personnages principaux et leurs sentiments, avec des commentaires de l'équipe technique du film.
Editeur : Wild Side
Lire la critique publiée à la sortie du film en avril 2014.

The Raid 2
Avertissement : ce film très violent et sanglant est sorti en salle interdit aux moins de 16 ans.


Gareth Evans revitalise son film inaugural (The Raid) en dépassant ce qui alimentait un simple exercice de style, grâce au conflit entre les deux triades au cœur duquel se trouve Rama, flic envoyé comme infiltré dans une triade. Toujours mis en danger, finalement suspecté de trahison par son mentor supposé, les questions d’honneur, toujours au centre des films asiatiques, fusent. Rama vacille. La rivalité entre les deux gangs est par ailleurs finement rendue, dans la complexité des intervenants et alliances entre Singapouriens et Japonais. Ce qui alimente une intrigue rondement menée.

On pense dans l’exposé de cette rivalité à Martin Scorsese. Mais la mise en scène est, elle, nettement asiatique, même si elle est réalisé par un Occidental. Dans l’action, fondée sur des combats martiaux et non seulement des fusillades. Les chorégraphies sont de ce point de vue remarquables et spectaculaires, renvoyant aux meilleurs moments des années 70. Avec toutefois une touche de violence accrue, atteignant des sommets dont il vaut mieux prévenir les âmes sensibles

Gareth Evans atteint un sommet du film de gang et d’action avec ce "Raid 2", bien supérieur à son précédant, grâce à un scénario reposant sur un personnage, Rama, mis en danger par son statut d'infiltré devant prendre parti pour l’un ou l’autre camp afin de ne pas être découvert. L’action prime de façon magistrale avec une violence graphique rare et un art de la mise en scène qui renouvelle le genre comme un John McTiernan avait su le faire dans les années 80. Stupéfiant.

Un deuxième disque accompagne le film, avec de nombreux bonus, dont 21 minutes de scènes coupées et non des moindres, un entretien de 44 minutes avec le réalisateur et l'acteur principal, un doc de 116 minutes sur le cinéma d'action indonésien et bien plus encore !

Lire la critique publiée à la sortie du film en juillet 2014.
 
Le Canardeur
Premier film de Michael Cimino ("Voyage au bout de l’enfer", "La porte du Paradis"…), "Le Canardeur" (1974) annonçait un grand cinéaste, d’ores et déjà adoubé par Clint Eastwood, qui endosse le rôle principal, et la découverte d’un Jeff Bridges, à l’aube d’une belle carrière. Eastwood, alors au faîte de sa reconnaissance, après la lancée de la franchise "Inspecteur Harry", sans parler de ses Westerns, interprète ici un perceur de coffres iconoclaste accompagné d’un voleur au petit pied (Jeff Bigdes). Le titre original est d’ailleurs "Thunderbolt and Lightfoot" (Canardeur et Pied de biche).

La scène d’ouverture est anthologique, où Eastwood, en faux prêcheur fait un sermon dans une église perdue, quand il est canardé par des anciens complices en mal de leur dû d’un précédent casse. Le scénario se "barre" alors totalement en vrille, en pleine liberté, sur les routes d’Amérique, le film alliant à la fois road-movie et gangstérisme. Le ton est en même temps largement imprégné de parodie, par les rapports entre Thunderbolt and Lightfoot ainsi que l’intervention des quémandeurs envahissants de leur part du précédent vol (formidables George Kennedy et Geoffrey Lewis). Une libéralité de ton propre aux années 70, impensable aujourd’hui. Sans parler de cette visualisation des grands espaces américains, et de cette Amérique profonde, que Cimino saura encore plus sublimer par la suite. Barré.

Le seul bonus du film est  néanmoins rare : une interview récente, exceptionnelle, de Michael Cimino sur ce film très atypique, où il revient sur sa gestation, ses rapports avec Eastwood et sa découverte de Jeff Bridges. A découvrir, si cela n’est déjà fait.   
Editions : Carlotta Films

Caricaturistes : fantassins de la démocratie
Le documentaire "Caricaturistes - Fantassins de la démocratie" réalisé par Stéphanie Valloatto est produit par Radu Mihaileanu (réalisateur du "Concert" et de "La source des femmes"). Il propose une réflexion sur la démocratie à travers le monde, en suivant douze dessinateurs de presse de tous horizons. Il était projeté parmi les Séances Spéciales du Festival de Cannes 2014.

Le discours est beaucoup plus politique que cinématographique. Le film suit en effet un parcours documentariste assez classique qui valorise, les uns après les autres, chacun des douze caricaturistes participants à travers le monde, à plusieurs moments du film. Il a en soit de remarquable de visiter d'une part douze créateurs, mais également douze pays, avec un courage émanant des caricaturistes très exceptionnels, leurs travaux les mettant en danger, ou en marge de la société, en Russie, en Chine, au Vénézuela, au Mexique, en Côte-d'Ivoire, en Tunisie, en Syrie… Tous aspirent à un même idéal : dire ce que l'on pense, pour tous. Comme une internationale caricaturiste.

Le film porte bien son titre, "Fantassins", car ils sont en première ligne, au risque d'être la cible des services spéciaux, pour de simples dessins qui dénoncent, combattent par l'humour des régimes ineptes, corrompus pour beaucoup, intolérants pour tous, envers la liberté d'expression. Chacun y va de sa répression, les variantes se fondant avec celles d'un arc-en-ciel sombre. Plantu, à l'initiative de l'association, suit l'équipe de tournage qui a rencontré plus d'une difficulté pour témoigner de ce travail en profondeur. S'il est le mieux loti de tous, il ne rend pas moins en compte de l'autocensure ou les pressions auxquelles il doit faire face. Comme quoi la démocratie est en danger partout. Edifiant.

De nombreux compléments apportent le témoignage de deux caricaturistes supplémentaires, la présence du film au Festival de Cannes 2014 et lors d'une manifestation place de la République à Paris, une rencontre Plantu-Bedos et à une autre entre Plantu et Koffi Annan, ex-président de l'ONU. 
Lire la critique du film à sa projection au Festival de Cannes 2014
Editeur : Orange Studio  

Coffert Harold Lloyd
Monstrueux est un adjectif mal approprié à Harrod Lloyd, acteur burlesque des années 20, discret et interprétant des rôles de naïf dans des comédies en courts ou longs métrages des années 20. Mais il convient à ce gigantesque coffret qui rassemble plus de 28 heures (!) des films de cet acteur mythique accompagnés d'archives et de compléments. Si Harold Lloyd a laissé moins de traces dans les mémoires qu'un Charlot ou un Buster Keaton, il demeure un grand du muet, avec notamment l'image mythique du cinéma, visualisant l'acteur accroché dans le vide aux aiguilles d'une grande horloge d'un immeuble de New York. 

Seize longs métrages et treize courts sont rassemblés dans cette anthologie qui s’avère une Première pour le producteur et acteur au canotier et lunettes rondes. Surréalisme, absurde, situations iconoclastes, toujours drolatiques, alimentent ces bandes d’un autre âge, qui préfigurent pour beaucoup un Jacques Tati ou Pierre Etaix en France. A offrir à l’oncle "foldingue" de la famille. Il y a toujours un oncle "foldingue" dans la famille…

Les bonus accueillent une découverte du "Monde comique d’Harold Lloyd" (1962) de 93 minutes et d’un autre documentaire de 1963 de 99 minutes : "Harrol Lloyd Funny Side of Life".
Editeur : Carlotta Films.   

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