Cet article date de plus de douze ans.

Une sélection de DVD pour les fêtes

Il n’y a pas que les « grosses » sorties du type « Batman Rising » dans les bacs de fin d’années, nombre de très belles reprises, et surprises, somptueusement restaurées, feront bonne figure au pied du sapin.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 8min
Stéphane Audran dans "Le Festin de Babette" (1987) de Gabriel Axel
 (Carlotta Films)

Nos coups de cœurs de cette fin d’année sont très divers, tant pour les époques, les genres et metteurs en scène : Jean Renoir, Michael Powell, Gabriel Axel, Brian De Palma, Abel Ferrara ou Juliet Berto.

Le Festin de Babette
Pour la première fois disponible en DVD et Blu-ray, « Le Festin de Babette », du Danois Gabriel Axel avec Stéphane Audran, demeure la pépite que nous avions découverte en 1987. Cette histoire d’une cuisinière française de renom, immigrée au Danemark après la Commune de 1871, gagnant à la loterie nationale et offrant son gain pour la confection d’un festin français à la communauté qui l’a accueillie, est un régal d’humanisme, avec une actrice dans un de ses meilleurs rôle. Délicieux.

Le bonus consacré à une interview de Stéphane Audran (24 mn) est d’autre part magnifique.
Editeur : Carlotta Films

Colonel Blimp
Datant de 1943, Colonel Blimp, de Michael Powell et Emeric Pressburger, avec Roger Livesey et Deborah Kerr, est un film qui ne ressemble à aucun autre, une curiosité ineffable, comme c’est le cas de nombre de films des auteurs des « Chaussons rouges » et du « Narcisse noir ». Réaliser un film sur l’amitié entre un gradé de l’armée anglaise et un autre de l’armée allemande en plein blitz, fut une gageure, que Churchill tenta de contrecarrer par tous les moyens sans y parvenir. Au style épique, étendu sur 40 années de guerre, à la désinvolture toute british, aux images en technicolor flamboyantes, Colonel Blimp connut bien des vicissitudes avant de revenir jusqu’à nous. Un chef-d’œuvre à la fois drôle et émouvant, hors des sentiers battus.
Dans les bonus, Martin Scorsese nous raconte le complexe travail de restauration du film ; Thelma Schoonmaker Powell (veuve de Michael Powell et monteuse de Martin Scorsese) analyse le film dans son contexte ; enfin, des collaborateurs de Powell et Pressburger évoquent les problèmes qu’a rencontré le film avec la censure et sa redécouverte tardive.
Editeur : Carlotta Films
 
Le Fleuve
Premier film réalisé en couleur par Jean Renoir en 1951, « Le Fleuve » fait partie de la période américaine du cinéaste. Tourné en extérieur en Inde, pays que découvrait Renoir, « Le Fleuve » adapte un roman de Rumer Golden, l’auteur du « Narcisse noir ». Romance entre trois jeunes filles, toutes amoureuses du même homme, le film capte une Inde encore imprégnée de colonialisme, mais privilégie l’exaltation d’un pays envoûtant dont chaque image est habitée pour en faire, selon Martin Scorsese « l’un des plus beau films en couleurs jamais réalisés ». Jamais, en effet, Jean Renoir, ne s’est autant manifesté comme le fils de son père, Auguste.
Les bonus voient Martin Scorsese, instigateur de la restauration du film, exposer sa passion pour le film et son influence sur ses propres productions, alors qu’un documentaire d’une heure retrace le difficile montage du projet avec des entretiens - notamment avec le producteur Kenneth McEldowney -, et des documents inédits.
Editeur : Carlotta Films

Pulsions
Le film de 1980 de Brian De Palma est un des plus célèbres et des plus réussis du cinéaste. Héritier d’Hitchcock, comme on l’a souvent dit, De Palma ne se limite pas à cette identification réductrice. « Pulsions » fait montre d’une virtuose maestria dans la mise en scène et en images. Histoire criminelle à double tranchant, le film est servi par une très envoûtante Angie Dickinson et une troublante Nancy Allen, aux côté d’un Michael Caine qui, grâce au film allait voir sa carrière relancée. Remarquable pour ses lectures à plusieurs niveaux et une beauté plastique de tous les instants (anthologique scène du musée), « Pulsion » reste un des meilleurs thriller des 50 dernière années, un classique.
Bonus : le film vu par son producteur, George Litto ; les souvenirs de tournage d’Angie Dickinson et de Nancy Allen et de l’acteur Keith Gordon qui apprit sur le plateau de « Pulsions » son futur métier de réalisateur.
Editeur : Carlotta Films

Blow Out
Un an après « Pulsions », Brian De Palma réalisait « Blow Out » (1981), un nouveau Thriller, double hommage à « Blow Up » d’Antonioni et à « Conversations secrètes » de Coppola. Lors de tests, un preneur de son (John Travolta) enregistre un accident de voiture et découvre sur la bande un bruit qui prouverait en fait un assassinat. La mise en scène est encore une fois époustouflante, De Palma étant alors en pleine période baroque, caractérisée par la sophistication de ses mouvements de caméra. Le scénario est toutefois un peu bancal avec l’intervention d’un serial killer mal introduit. Mais le suspense est au rendez-vous, avec un John Travolta et une Nancy Allen au diapason, tous deux découverts dans son film de 1976, « Carrie ».
Les nombreux bonus comprennent le témoignage du producteur George Litto de la genèse du film à son tournage ; celui de l’immense directeur de la photographie Vilmos Zsigmond ; les souvenirs de Nancy Allen avec John Travolta sur le tournage, et ceux du compositeur Pino Donaggio qui avait déjà écrit les musiques de « Carrie », et de « Pulsions » pour De Palma.
Editeur : Carlotta Films

The King of New York
Sorti de prison, Frank White retrouve la tête de son gang new yorkais et ouvre le bal des règlements de comptes pour redevenir le roi de New York. En se rapprochant des élus afin d’ouvrir un hôpital pour les pauvres, en quête de rédemption, White veut se racheter une conduite. Abel Ferrara tourne sans doute en 1989 le plus beau polar urbain depuis « French Connection », avec un Christopher Walken halluciné, froid comme la mort. Nocturne sur une bonne partie du film, « The King of New York » bénéficie d’une photographie envoûtante et graphique de la métropole qui participe pour beaucoup de la réussite du film. Première collaboration Ferrara/Walken, le film, resté culte dans le milieu du rap et fleuron de la culture gangsta, révéla Laurence Fishburn, Wesley Snipes et Steve Buscemi.
L’entretien avec Abel Ferra sur le film constitue un supplément collector, le cinéaste apportant un éclairage passionnant sur son film et son désir de cinéma. Le producteur Augusto Caminito revient sur la naissance du projet et sa concrétisation hors norme pour une production italienne entièrement tournée à New York..
Editeur : Carlotta Films

Neige
La Juliet du « Pays des merveilles de Juliet » d’Yves Simon, c’est elle : Juliet Berto qui cosigne avec Jean-Henri Roger en 1981 ce « Neige », sa première réalisation, un étrange polar social, entièrement tourné dans le quartier Pigalle, à Paris. Elle y incarne une barmaid, émue par le meurtre de Bobby, le dealer du quartier, qui va aider les drogués les plus dépendants. L’intrigue, très ancrée dans les années 80, est prétexte à reconstituer à l’écran l’atmosphère du quartier Pigalle, dans la continuité d’un réalisme poétique à la Carné/Prévert. Un film bourré d’ambiance et chaleureux par les personnages qu’on y croise, pourvoyeur de solidarité… jusqu’au dérapage. Le film avait obtenu le Prix du cinéma contemporain au Festival de Cannes.
Dans son supplément, l’interview du coréalisateur Jean-Henri Roger revient sur le tournage, sa collaboration avec Juliet Berto et un film qui marqua son public à l’époque
Editeur : Epicentre Films Editions

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