: Vidéo Abandonnés par leur mère, ces deux jeunes frères ont vécu 7 ans seuls en forêt en France
“Nous avons été les plus heureux des enfants parce qu’on avait une totale liberté. Certes, on a souffert du froid, etc., mais imaginez-vous un enfant qui peut grimper dans les arbres, qui peut pêcher ce qu'il veut, qui peut attraper des lapins, qui peut courir dans les blés. On a eu un bonheur incommensurable” se souvient Michel de Robert. En 1949, Michel et son frère Patrice sont dans une maison d'enfants dans l'ouest de la France. A la fin de l'été, leur mère ne vient pas les chercher. Quelques semaines plus tard, le propriétaire de la maison se pend dans le garage. Les enfants découvrent le corps, tentent de le décrocher, mais le corps tombe. Ils décident alors de s’enfuir dans la forêt. Ils y vivront 7 ans. Michel a aujourd’hui le souvenir de s’être “très rapidement adapté à l'environnement”.
“Personne ne nous cherchait. Nous n'existions pour personne”
Le premier soir, ils trouvent refuge sous un roncier. “Ça forme une espèce de dôme, c'est très épais, il y a une très grosse épaisseur, donc la pluie passe mal. Tout de suite, moi, je décide de construire une cabane. Et puis après, très, très vite, on a commencé à glaner, à chercher tout ce qu'on pouvait récupérer. (...) Les gens me posent des questions sur les avant-premières. Ils me demandent: "Mais comment ça se fait qu'on ne vous a pas cherchés. Mais je suis obligé de répondre: "Parce que personne ne nous cherchait.” Personne ne nous cherchait. Nous n'existions pour personne”.
Quand on lui demande s’il a ressenti de la peur, Michel répond : “La peur, c'est quelque chose que l’on va vaincre tout petit. C'est-à-dire, vous allez avoir peur trois jours. Mais c'est fini. Le problème, c'est qu'aujourd'hui encore, quand vous me posez cette question, vous mentalisez la peur, vous. Or, en réalité, nous, enfants, on n'a pas eu le loisir d'avoir le sentiment d'avoir peur. La peur, c'est aussi une comparaison par rapport au milieu dans lequel vous vivez. D'un seul coup, il se passe quelque chose, vous prenez peur. Quand vous êtes dans un milieu comme nous, on était, de quoi on aurait eu peur ?”
“Il me dit : “Michel, on a commencé par la fin, on était tellement heureux"
Au bout de 7 ans, les deux frères sont reconnus par leur grand-mère sur une plage. Leur mère finit par venir les chercher. “Ma mère, j'avais 18 ans, je la regarde et je lui dis : "Mais pourquoi tu nous a fait ça, à Patrice et à moi ? Pourquoi tu nous a fait ça ?” Et elle me répond: "Mais Michel, je ne vous ai jamais voulus. Moi, quand j'étais avec un homme, je tombais enceinte une fois sur deux. J'ai avorté trois, quatre fois, il fallait bien que, de temps en temps, qu’il y en ait qui naissent. Mais je vous ai jamais voulus." Bon, ben faut partir avec ça dans la vie” explique Michel.
De cette enfance, Michel se souvient “de l’amour. Et rien d’autre” partagé avec son frère Patrice. “La fusion qu'on pouvait avoir entre nous et qui est toujours présente aujourd'hui, même s'il est plus là. Quand il veut partir, il a 49 ans. Il me dit : “Michel, on a commencé par la fin, on était tellement heureux"” confie Michel. L'histoire de Michel et Patrice est aujourd’hui racontée dans le film “Frères”, réalisé par Olivier Casas.
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