: Vidéo Quand le nouveau président du Festival de Cannes défend Luc Besson
Pierre Lescure, président du Festival de Cannes, a accordé un entretien à Nicolas Poincaré à l'issue de la diffusion d'un portrait de Luc Besson, cinéaste, producteur, scénariste, diffuseur, hommes d'affaires... dans le hors-série du magazine "Complément d'enquête" du 30 juillet.
Après le portrait de Luc Besson diffusé le 30 juillet dans le hors-série du magazine Complément d'enquête sur France 2, Pierre Lescure, nouveau président du Festival de Cannes, a répondu aux questions de Nicolas Poincaré. Le journaliste et l'homme de télévision sont assis dans les fauteuils rouges emblématiques de l'émission installés dans un des studios de la Cité du cinéma à Saint-Denis (93) dont le cinéaste est l'initiateur.
Luc Besson est-il un homme d'argent ou un génie du cinéma ? "Les deux, mon général ! Le cinéma est l'une des disciplines de création qui demande le plus d'investissements et dont l'économie est à ce point conséquente. Si vous n'êtes qu'un génie, il faut trouver des mécènes. Si vous voulez être libre, comme Luc l'expliquait dans votre document, il faut aussi être un homme d'affaires et avoir le sens de l'économie." Venait-il voir le patron de Canal pour lui demander de sortir le carnet de chèques ? "À un moment, il a été court de 30 millions d'euros pour sa propriété en Normandie avec studios de mixage et d'effets spéciaux, mais devait pouvoir respecter ses premiers contrats avec des clients venant travailler la musique. Il m'a donné les droits de première option sur ses cinq films suivants pour Canal. On a fait le deal et préacheté cinq films à venir sans savoir s'il les tournerait en trois, cinq ou dix ans !"
D'autres sont-ils capables de faire pareil dans le cinéma français ? "Il n'y a pas beaucoup de réalisateurs, mais je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec Claude Lelouch qui voulait son indépendance, il y a quarante ou cinquante ans, en faisant toutes ses sociétés autour du chiffre 13. Il y avait ses propriétés en Normandie, son studio et sa salle de projection à Paris." Luc Besson, le mal-aimé, a quand même beaucoup d'ennemis dans le cinéma français ? "On l'appelle 'le mal-aimé', c'est vrai, et il le reste. On l'a vu quand il a fait l'inauguration de la Cité du cinéma. Il y avait beaucoup de monde, mais il n'y avait pas tout le monde. La ministre n'était pas là, et je pense qu'elle a eu tort. Les critiques ont toujours fait la bouche en cul de poule, depuis Le Grand Bleu' jusqu'au dernier, Lucy. On ne peut pas dire que Mad Max, c'est merveilleux, et que pour Lucy, ce n'est pas extraordinaire de faire des dizaines de millions de spectateurs à travers le monde."
Le sort du "Grand Bleu" aurait été réglé en 140 signes ?
Luc Besson a-t-il un vrai problème avec les critiques ? "Il y a toujours dans sa grille une qualité de 'filmage', une qualité sur l'écran, avec une image et un son extraordinaires. Les scénarios peuvent être trouvés simplistes, oui, mais on a aussi besoin d'histoires simples. Dans la littérature, il y a des bouquins grand public avec quand même une sacrée facture et il y a des choses plus pointues, mais on est faits des deux. Et quand la critique raye d'un trait de plume... S'il y avait eu les tweets, pour la sortie du Grand Bleuà Cannes, les critiques du matin auraient réglé son sort en 140 signes. Ils auraient eu l'air malin avec le succès pour toute une génération..."
A-t-il inventé quelque chose à l'image ? "Il a cette science d'avoir intégré la simplicité d'un échange, d'une poursuite, d'une rencontre, avec des moyens suraugmentés de la technologie d'aujourd'hui. Il a aussi de la finesse, avec quelque chose d'ourlé dans ses mixages, montages et effets spéciaux. Il y a une ampleur de beauté d'images qui fait que même l'histoire la plus simple me touche."
Et son école de cinéma qu'il a créée ici ? "On n'a pas besoin du bac. Des étrangers viennent de l'autre bout du monde. Il y a 25 élèves par promotion. Filles et garçons sont ensemble pendant deux ans. Il leur apprend à se démerder, les trucs, le mouvement et leur fait faire des scènes quand il est à Paris, les juge, en discute et leur montre enfin comment il les tourne. Ce n'est pas pour faire le grand maître. Les mômes se rendent compte que la focale peut se rapprocher, se raccourcir et qu'il n'y a pas un chemin infranchissable entre eux et lui. Cette expérience-là n'a pas de prix."
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