Wardi, un film d'animation sur le conflit israélo-palestinien réalisé dans la Drôme
Il aura fallu un an de travail pour donner vie à Wardi, pour soigner son regard, pour peaufiner ses expressions et lui faire gravir les étages de l'une des tours du camp de Burj El Barajneh. Un an de travail en stop-motion et en 2D pour raconter l'expropriation, l'exode et l'arrivée de son grand-père, Sidi, dans ce camp de Beyrouth en 1948. Un savoir-faire que le réalisateur norvégien Mats Grorud est allé chercher dans le Drôme, chez Foliascope, à Beaumont-lès-Valence.
Reportage : France 3 Rhône-Alpes, J. Sauvadon / H. Chapelon / S. Bouix.
Adapté de faits réels
Enfant, Mats Grorud a vécu au Caire. Il s'est rendu à Jérusalem et à Gaza lors de la première Intifada. Nourri par les récits de sa mère -infirmière pendant la guerre au Liban dans les années 1980- il a souhaité ensuite partir lui-même à Beyrouth pour intervenir auprès des réfugiés palestiniens. De ses séjours dans le camp de Burj El Barajneh, il a raméné des histoires, des parcours, des témoignages. Wardi en est la quintessence.
Le retour impossible ?
Le long-métrage d'animation raconte en effet 70 ans de conflit : de la "Nakba" (la "catastrophe" en arabe) qui força environ 700 000 Palestiniens à l'exode, au quotidien dans le camp aujourd'hui. Wardi se voit confier par son grand-père la clé de son ancienne maison de Galilée. Elle comprend que le vieil homme a perdu tout espoir d'y retourner un jour.
Avec ce film d'animation Mats Grorud veut ainsi "montrer que des enfants sont nés dans ce camp, privés de droits, sous le statut de réfugiés. La citoyenneté libanaise ne leur est pas accordée ; ils ne peuvent donc rien posséder et sont exclus du marché du travail". La plupart des réfugiés qui sont arrivés au Liban en 1948 "ont encore les clés de leur maison et leur titre foncier. Une décision de l’ONU les autorise à retourner chez elles, mais il leur est impossible de quitter le Liban, sauf si elles se marient avec un étranger ou immigrent illégalement en Europe", explique le réalisateur norvégien.
Du Liban à la Drôme
Wardi est née au Liban mais elle a pris vie dans la Drôme. Le long-métrage a été fabriqué par les équipes de Foliascope, un studio d'animation spécialisé notamment dans le stop-motion. Les décorateurs et les marionnettistes ont ainsi travaillé à partir de photos pour recréer l'ambiance du camp de réfugiés. Un travail de longue haleine réalisé en pâte à modeler. Les scènes de "flashback" ont elles été fabriquées en 2D.
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