"Where to Invade Next" : à Toronto, Michael Moore prend l'Europe en exemple
Alors que le titre du film laissait croire à un brûlot antimilitariste, " Where to Invade Next " embrasse de façon inattendue un tout autre sujet. Sur un mode engagé et humoristique qui fait sa marque de fabrique, le réalisateur de "Farenheit 9/11" (Palme d'or à Cannes en 2004) se met en scène en envoyé spécial imaginaire des Etats-Unis. Compte tenu des résultats jugés médiocres de la politique extérieure américaine, il est chargé d'envahir plus utilement des pays pour y trouver de nouvelles idées pour ses compatriotes.
Ce point de départ est le prétexte à un voyage dans plusieurs pays d'Europe, de l'Italie à la Norvège en passant par la France, dans lesquels il arrive avec son drapeau américain à la main et d'où il revient à chaque fois avec une ou deux suggestions de réforme.
Les congés pays ou l'université gratuite, des idées pour les USA
Semaines de congés payés en Italie, système scolaire modèle en Finlande, université gratuite en Slovénie, organisation du travail en Allemagne, dépénalisation des drogues au Portugal, prison plus humaine en Norvège, place accordée aux femmes en Islande : Michael Moore s'extasie devant ces façons de faire et les compare à une situation américaine qu'il juge souvent peu reluisante sur ces sujets.Jouant les ingénus, multipliant les questions, le réalisateur controversé va à la rencontre de divers interlocuteurs, du président slovène au ministre de la Santé portugais, en passant par des prisonniers norvégiens.
En France, ce sont les repas équilibrés dans les cantines scolaires et l'éducation sexuelle qui retiennent son attention.
En France, les menus des écoles cités en exemple
Casquette de base-ball vissée sur la tête et baskets aux pieds à son habitude, Michael Moore se rend dans une école de Normandie, où il se fait détailler les menus qu'il juge gastronomiques. Il s'extasie devant la variété de fromages proposés, s'étonne que les enfants ne boivent que de l'eau à table et suscite leur dégoût en leur montrant des photos de repas des petits Américains."Vous ne buvez pas de Coca Cola ?", leur demande-t-il, les incitant dans une scène cocasse à s'adonner aux boissons sucrées.
Le réalisateur de "Roger et moi" s'intéresse ensuite à l'éducation sexuelle des jeunes Français au collège, qu'il compare à l'abstinence prônée dans un certain nombre d'écoles américaines.
Dans ce documentaire au rythme enlevé, qui passe d'une idée à l'autre avec graphiques ou images d'archives à l'appui, Michael Moore continue, comme dans ses précédents opus, à pointer souvent avec humour quoique parfois sans nuances les travers de la société américaine.
Les Etats-Unis en prennent pour leur grade
Des coûts prohibitifs du système universitaire en passant par la malbouffe ou l'inefficacité du système carcéral, les Etats-Unis en prennent pour leur grade.Connu pour ses films engagés à gauche et détracteur acharné de l'administration de George W. Bush dans les années 2000, Michael Moore, qui s'attache notamment à dénoncer les excès du capitalisme, a été plusieurs fois récompensés pour ses documentaires.
"Bowling for Columbine", critique de l'industrie de l'armement aux Etats-Unis, a reçu le prix du 55e anniversaire du Festival de Cannes en 2002, l'Oscar du meilleur documentaire et le César du meilleur film étranger en 2003.
"Farenheit 9/11", vive critique de l'administration Bush et de la diplomatie américaine, a été le deuxième documentaire à recevoir la Palme d'or à Cannes après "Le Monde du silence" en 1956.
"Where to invade next" est le premier film de Michael Moore depuis "Capitalism : A Love Story" en 2009, qui portait sur la crise financière de 2007 et les dérapages du système capitaliste.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.