William Friedkin : le bien et le mal sont au centre de mes films
"Je pense qu'en chacun de nous, il y a un bon côté et un côté sombre, et que c'est une lutte constante pour que le bien triomphe", a expliqué à l'AFP le réalisateur de 79 ans, auquel une rétrospective était consacrée cette semaine à Paris dans le cadre du Champs Elysées Film Festival. "La plupart de mes films ont pour thème la frontière ténue entre le bien et le mal qui existe en chacun de nous", dit-il. "C'est mon thème".
"Pour moi, les personnages les plus intéressants de l'Histoire mondiale sont Jésus et Hitler !", poursuit-il. "Ils représentent ce dont je viens de parler, le bien et le mal qui est en chacun. Je lis sans arrêt des choses au sujet d'Hitler et de Jésus. Je lis le Nouveau Testament et je lis 'Mein Kampf'".
D'abord réalisateur de films pour la télévision, notamment de documentaires, William Friedkin s'est fait connaître dans le monde entier en réalisant en 1971 le drame policier "French Connection" avec Gene Hackman, considéré comme un classique du cinéma américain. Il a été couronné par cinq Oscars en 1972 dont celui du meilleur film et celui du meilleur réalisateur.
L'Exorciste 2 : "Un insulte au premier film"
Friedkin a signé dans la foulée un autre classique, cette fois du cinéma d'horreur, "L'Exorciste" (1973), récompensé par deux Oscars et quatre Golden Globes, qui raconte l'histoire d'une jeune fille possédée et les tentatives de sa mère pour la guérir.Une suite à "French Connection" a été réalisée en 1975 par John Frankenheimer et "L'Exorciste" a connu trois suites et une préquelle par d'autres réalisateurs. "Cela n'intéressait pas" William Friedkin "de les tourner" car "tout était dans le premier film".
"Je n'ai jamais vu les suites" de "L'Exorciste", dit-il. "Et je n'ai pas l'intention de les voir". Il a "vu peut-être deux ou trois minutes de 'L'Exorciste 2'", réalisé par John Boorman et a "trouvé ça ridicule, terrible, répugnant, une insulte au premier film".
"Le Convoi de la peur", un film "très personnel"
Plus que pour ces deux classiques, William Friedkin "aimerait que l'on se souvienne de lui" pour "Le Convoi de la peur", remake du "Salaire de la peur" d'Henri-Georges Clouzot. Ce "film sur le mystère du destin" avait pourtant connu peu de succès lors de sa sortie en 1977, après un tournage catastrophique où s'étaient accumulées les difficultés.Cette histoire de quatre hommes qui doivent transporter de la nitroglycérine dans des camions à travers la jungle sud-américaine, avec Roy Scheider, Bruno Cremer et Francisco Rabal, sortira en France en version restaurée le 15 juillet.
"C'est celui de mes films qui se rapproche le plus de la vision que j'en avais" avant le tournage, note-t-il, et "c'est un film très personnel".
Ce qui se fait de mieux aux USA, c'est pour la télévision
Après vingt films pour le grand écran - dont le dernier, "Killer Joe", est sorti en 2012 - et près de 50 ans de carrière, William Friedkin a actuellement des projets pour la télévision.Il écrit un film sur l'actrice Mae West, sex-symbol de l'entre-deux guerres, pour la chaîne de télévision payante américaine HBO, qu'il compte réaliser avec l'actrice Bette Midler. Il est aussi en négociations pour une série adaptée de son film "Police Fédérale Los Angeles".
"Ce qu'il y a de mieux en ce moment aux Etats-Unis se fait pour la télévision", estime-t-il, soulignant "ne pas avoir de sympathie pour ce qui se fait dans le cinéma américain" aujourd'hui, "tous ces Batman, Superman, Iron Man, Avengers, Hunger Games".
"Pourquoi j'aurais envie de faire ça ?", demande-t-il. "Je ne suis pas intéressé".
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