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William Friedkin ouvre "Toute la mémoire du monde" à la Cinémathèque
Pour la deuxième édition de son festival "Toute la mémoire du monde", du 3 au 8 décembre à la Cinémathèque française et dans plusieurs cinémas indépendants de Paris et des régions, ce "temple du cinéma" a choisi le réalisateur William Friedkin ("L’Exorciste", "Killer Joe") pour la parrainer, avec en ouverture la projection du "Convoi de la peur" ("Sorcerer") et une Master Class ce mercredi soir.
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Films de patrimoine
"Toute la mémoire du monde" est consacré aux films de patrimoine, soit des films plus ou moins anciens restaurés en version numérique, qui connaissent de plus en plus de succès, en sorties en salles, ou en DVD/Blu-Ray. Les deux vont souvent de pair. Une cinquantaine de films sont au programme, allant du "Fantomas" (1913-1914) de Louis Feuillade accompagné en direct à l'orgue (samedi de 00h00 à 4h00), à "Fanny et Alexandre" (1982) d'Ingmar Bergman, en passant par "Une partie de campagne » (1936) de Jean Renoir, ou "Fleur d'équinoxe" (1958) de Yasujiro Ozu. Une programmation éclectique donc, mélangeant le muet, le noir et blanc, le parlant et la couleur, des cinéastes connus et moins, reflet du patrimoine cinématographique mondial dans toute sa diversité et toutes ses époques.
Si William Friedkin a été invité cette année pour parrainer cette deuxième édition, c'est que son film de 1977, "Sorcerer", sorti en France sous le titre "Le Convoi de la peur", vient d'être restauré dans une copie numérique somptueuse. Souvent présenté comme un remake du "Salaire de la peur" (1953) d'Henri-George Clouzot (auquel il est dédié), avec Charles Vanel et Yves Montand, le film est plutôt une relecture du roman de Georges Arnaud dont il s'inspirait. Friedkin en donne une version totalement différente, en s'appropriant le roman. Désastre
A sa sortie, "Sorcerer" est un désastre, tant critique que public. Le fait de se trouver sur les écrans en même temps que "La Guerre des étoiles" de Georges Lucas ne l'a pas aidé. Le film est rapidement enterré, alors que son tournage a été un véritable enfer et une performance coûteuse, en pleine jungle équatorienne, avec des acteurs de renom : Roy Scheider (qui sort des "Dents de la mer"), Bruno Cremer, Francisco Rabal et Amidou. La musique originale a également été confiée au groupe de la scène électronique allemande, très en vogue à l'époque, Tangerine Dream.
Friendkin a déclaré que voir aujourd'hui "Sorcerer" équivalait à assister à "la résurrection d'un mort", tant le film était devenu invisible, hors des circuits, tué dans l'œuf, alors qu'à ses yeux il demeure "hors d'âge", avec un message qui reste éternel". "Sorcerer" est d'une tension soutenue dès ses premières images. Son prologue est constitué de quatre scènes sans lien, filmées aux quatre coins du monde avec des personnages qui, suite à leurs exactions, se retrouvent dans un cloaque d'Amérique du Sud. Seul objectif : en sortir. Une occasion s’offre : la mission périlleuse de convoyer en camions de la nitroglycérine pour éteindre un feu de pétrole à 218 km de là, dument rémunérée. Ils s'engagent alors dans un périple jonché de dangers, de ponts précaires, de guérilléros sans scrupules... Leurs camions rafistolés sont comme des dragons fumants, cracheurs de feu, explosifs à tout instant. La dernière partie du film, à travers des paysages hallucinants, est l'équivalent du trip final de "2001, l'Odyssée de l'espace" de Kubrick... Le film s’offre ainsi comme une sorte de manifeste du cinéma friendkinien.
"Grand temple du cinéma"
William Friedkin a rendu un hommage appuyé à la Cinémathèque pour lui avoir offert de voir "Sorcerer" en ouverture de son festival consacré aux films de patrimoine. Il a souligné que cette version n'a été projetée qu'une seule fois, lors de la Mostra de Venise en septembre dernier, et qu'il a refusé de le voir distribué en salles avant cette projection à la Cinémathèque. A ses yeux, "le cinéma est un grand village, avec beaucoup de routes qui mènent toutes à la Cinémathèque, grand temple du cinéma". Devant Costa Gavras, président de l'institution, il a confié qu'il n'aurait pas entamé une carrière dans le cinéma s'il n'avait vu ses films ("Compartiment tueur", "Z", "L'Aveu"...)
William Friedkin s'est souvenu de sa présence à Paris en 1971 pour la présentation de "French Connection". Il demandait alors de se rendre à La Cinémathèque, à l’époque au Palais de Chaillot, pour y rencontrer son fondateur Henri Langlois. Il découvrait alors une "collection incroyable, sans équivalent aux Etats-Unis, et vivante ici". "J'ai alors demandé tout de suite à la Fox (productrice de 'French Connection'), d'envoyer une copie à la Cinémathèque française", se souvient-il, ajoutant être "prêt aujourd'hui à donner (sa) copie de 'Sorcerer' à la Cinémathèque, mais également (son) scénario de travail, signé de ma main".
Le cinéaste a enfin annoncé que "Sorcerer" devait sortir à l'international en salles au cours du premier trimestre 2014. Curieusement, il ne sera pas distribué en France. Il devrait toutefois être diffusé sur la chaîne câblée TCM et une édition Blu Ray est prévue pour le printemps prochain.
"Toute la mémoire du monde" est consacré aux films de patrimoine, soit des films plus ou moins anciens restaurés en version numérique, qui connaissent de plus en plus de succès, en sorties en salles, ou en DVD/Blu-Ray. Les deux vont souvent de pair. Une cinquantaine de films sont au programme, allant du "Fantomas" (1913-1914) de Louis Feuillade accompagné en direct à l'orgue (samedi de 00h00 à 4h00), à "Fanny et Alexandre" (1982) d'Ingmar Bergman, en passant par "Une partie de campagne » (1936) de Jean Renoir, ou "Fleur d'équinoxe" (1958) de Yasujiro Ozu. Une programmation éclectique donc, mélangeant le muet, le noir et blanc, le parlant et la couleur, des cinéastes connus et moins, reflet du patrimoine cinématographique mondial dans toute sa diversité et toutes ses époques.
Si William Friedkin a été invité cette année pour parrainer cette deuxième édition, c'est que son film de 1977, "Sorcerer", sorti en France sous le titre "Le Convoi de la peur", vient d'être restauré dans une copie numérique somptueuse. Souvent présenté comme un remake du "Salaire de la peur" (1953) d'Henri-George Clouzot (auquel il est dédié), avec Charles Vanel et Yves Montand, le film est plutôt une relecture du roman de Georges Arnaud dont il s'inspirait. Friedkin en donne une version totalement différente, en s'appropriant le roman. Désastre
A sa sortie, "Sorcerer" est un désastre, tant critique que public. Le fait de se trouver sur les écrans en même temps que "La Guerre des étoiles" de Georges Lucas ne l'a pas aidé. Le film est rapidement enterré, alors que son tournage a été un véritable enfer et une performance coûteuse, en pleine jungle équatorienne, avec des acteurs de renom : Roy Scheider (qui sort des "Dents de la mer"), Bruno Cremer, Francisco Rabal et Amidou. La musique originale a également été confiée au groupe de la scène électronique allemande, très en vogue à l'époque, Tangerine Dream.
Friendkin a déclaré que voir aujourd'hui "Sorcerer" équivalait à assister à "la résurrection d'un mort", tant le film était devenu invisible, hors des circuits, tué dans l'œuf, alors qu'à ses yeux il demeure "hors d'âge", avec un message qui reste éternel". "Sorcerer" est d'une tension soutenue dès ses premières images. Son prologue est constitué de quatre scènes sans lien, filmées aux quatre coins du monde avec des personnages qui, suite à leurs exactions, se retrouvent dans un cloaque d'Amérique du Sud. Seul objectif : en sortir. Une occasion s’offre : la mission périlleuse de convoyer en camions de la nitroglycérine pour éteindre un feu de pétrole à 218 km de là, dument rémunérée. Ils s'engagent alors dans un périple jonché de dangers, de ponts précaires, de guérilléros sans scrupules... Leurs camions rafistolés sont comme des dragons fumants, cracheurs de feu, explosifs à tout instant. La dernière partie du film, à travers des paysages hallucinants, est l'équivalent du trip final de "2001, l'Odyssée de l'espace" de Kubrick... Le film s’offre ainsi comme une sorte de manifeste du cinéma friendkinien.
"Grand temple du cinéma"
William Friedkin a rendu un hommage appuyé à la Cinémathèque pour lui avoir offert de voir "Sorcerer" en ouverture de son festival consacré aux films de patrimoine. Il a souligné que cette version n'a été projetée qu'une seule fois, lors de la Mostra de Venise en septembre dernier, et qu'il a refusé de le voir distribué en salles avant cette projection à la Cinémathèque. A ses yeux, "le cinéma est un grand village, avec beaucoup de routes qui mènent toutes à la Cinémathèque, grand temple du cinéma". Devant Costa Gavras, président de l'institution, il a confié qu'il n'aurait pas entamé une carrière dans le cinéma s'il n'avait vu ses films ("Compartiment tueur", "Z", "L'Aveu"...)
William Friedkin s'est souvenu de sa présence à Paris en 1971 pour la présentation de "French Connection". Il demandait alors de se rendre à La Cinémathèque, à l’époque au Palais de Chaillot, pour y rencontrer son fondateur Henri Langlois. Il découvrait alors une "collection incroyable, sans équivalent aux Etats-Unis, et vivante ici". "J'ai alors demandé tout de suite à la Fox (productrice de 'French Connection'), d'envoyer une copie à la Cinémathèque française", se souvient-il, ajoutant être "prêt aujourd'hui à donner (sa) copie de 'Sorcerer' à la Cinémathèque, mais également (son) scénario de travail, signé de ma main".
Le cinéaste a enfin annoncé que "Sorcerer" devait sortir à l'international en salles au cours du premier trimestre 2014. Curieusement, il ne sera pas distribué en France. Il devrait toutefois être diffusé sur la chaîne câblée TCM et une édition Blu Ray est prévue pour le printemps prochain.
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