Exposition Alaïa-Balenciaga à Paris : face-à-face bluffant entre deux couturiers sculpteurs de la forme
Dans l’histoire de la mode, ces deux couturiers maîtres de la coupe avaient beaucoup de points communs. L'exposition "Azzedine Alaïa collectionneur. Alaïa et Balenciaga. Sculpteurs de la forme" a débuté au premier jour de la semaine parisienne de la haute couture été 2020 et s’achève en juin 2020.
Leurs créations sont intemporelles, en témoignent ces quatre-vingts modèles présentés pour la première fois dans un face-à-face entre ces deux maîtres de la coupe. Deux couturiers hermétiques aux effets de tendance et n’ayant jamais eu peur de refuser les systèmes liés à la médiatisation.
Issues des archives constituées par Azzedine Alaïa, les pièces de Balenciaga dialoguent avec celles d’Alaïa selon une communauté de création qui surprend au coeur de l'exposition "Azzedine Alaïa collectionneur. Alaïa et Balenciaga. Sculpteurs de la forme".
Alors que ces modèles ont été créés à plusieurs années d'intervalle, la similitude de travail reste bluffante : même amour des coupes épurées, similarité de la palette chromatique... La scénographie - on circule dans un labyrinthe constitué de voiles de tissu blanc - contribue également à mettre en valeur les modèles présentés. Ils sont montrés au coeur même de la maison de couture parisienne du créateur tunisien, aujourd’hui siège de l’association qui veille sur sa mémoire et son oeuvre.
Alaïa, avide collectionneur de vêtements
En 1968, ne se reconnaissant pas dans l’essor du prêt-à-porter naissant, Cristobal Balenciaga ferme sa maison. Quelques temps plus tard, sa directrice générale adjointe, Mademoiselle Renée - restée plusieurs décennies à son service - s’inquiéte des stocks de tissus et des robes. Parmi les personnes qu’elle considère, elle invite Alaïa à choisir des modèles du maître espagnol. Le jeune homme est stupéfait par l’architecture des coupes et l’exigence technique de chaque vêtement. Il décide alors de conserver dans du papier de soie le travail de ce maître de la coupe.
A quelques mois de sa disparition, Azzedine Alaïa racontait encore cet épisode fondateur d’une prise de conscience et de l’égard qu’il cultive, ensuite, vis-à-vis de l’histoire de la mode. Car indépendamment de ses moyens - modestes à ses débuts, plus confortables ensuite - il devient vite un avide collectionneur. Depuis cette fin des années soixante, alors que certains de ses contemporains investissent dans l’art contemporain et moderne, lui n’a d’intérêt que pour les vêtements. Il se passionne pour les robes des années trente et cinquante et accumule les pièces des grands maîtres. Par centaines, bientôt par milliers, le couturier s’entoure de robes de Grès, de Vionnet, de Schiaparelli, et toujours de Balenciaga.
Il entasse avec l’art du conservateur et de l’historien le patrimoine des noms de mode, connus ou plus secrets. Il va ainsi sauver de l’oubli et de la perte, les noms et les pièces vestimentaires les plus convoités aujourd’hui.
Le couturier espagnol, un modèle pour le créateur franco-tunisien
Parmi les collections qu'entasse Alaïa, celles de Balenciaga est la griffe la plus convoitée : le couturier espagnol est pour le couturier franco-tunisien un modèle. Dans l’équilibre des mesures et des volumes, dans l’usage des couleurs sourdes et des noirs, les deux créateurs se sont retrouvés. Dans le flou des robes solennelles du soir ou dans l’architecture des tailleurs et des manteaux, les deux couturiers ont dialogué à la recherche de la couture invisible. Dans les dentelles et les volants, ils se sont aussi parlés. De jour comme de soir, leurs robes courtes ou longues sont des précis d’architecture et de légèreté.
Exposition "Azzedine Alaïa collectionneur. Alaïa et Balenciaga. Sculpteurs de la forme" sous la direction d’Olivier Saillard, jusqu'au 28 juin 2020. Association Azzedine Alaïa. 18, rue de la Verrerie. 75004 Paris. Tous les jours de 11h à 19h.
L'exposition part ensuite à Guetaria, le village qui a vu naître le couturier espagnol où la fondation Balenciaga l’accueillera en juillet 2020.
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