L'artiste Yassine Mekhnache tisse de déroutants liens entre broderie et peinture contemporaine à la Galerie du 19M
A la Galerie 19M, installée dans le Nord de Paris, au sein d'un lieu de rencontres dédié à la création et à la transmission des métiers d’art, l'exposition "Murdiya" de l'artiste Yassine Mekhnache nous emmène au croisement de la peinture et de la broderie. Une découverte passionnante. Suivez le guide.
Entre Paris et Aubervilliers, le 19M est un lieu de rencontres dédié à la création et à la transmission des métiers d’art de la mode. Rassemblant onze maisons d’art et plus de 600 artisans et experts, il tisse la trame de ces savoir-faire, entre passé et présent, patrimoine et innovation. Dans ce lieu à vocation culturelle pluridisciplinaire, centré sur les valeurs de l’artisanat, la Galerie du 19M propose des expositions, des ateliers d’apprentissage, des conférences…
Cet hiver la programmation de la Galerie du 19M est placée sous le signe de la broderie et du tissage, avec cinq temps forts, à la croisée d’autres champs artistiques comme la peinture, la photographie ou la création contemporaine.
Voir cette publication sur Instagram
Du tag à la broderie en passant par la peinture
Après un premier épisode Face-à-face consacré au travail photographique et broderie sur dessin de Laurent Poleo-Garnier, lauréat du Prix Picto de la Photographie de Mode 2021, l'épisode 2, Murdiya présente jusqu’au 20 novembre le travail de Yassine Mekhnache et son projet pédagogique mené avec l’Institut Français de la Mode, les Maisons Paloma et Montex.
Murdiya explique l'artiste "est le mot qui veut dire entrelacement. C'est la dernière technique que j'ai apprise en broderie". Issu de la scène graffiti, Yassine Mekhnache, qui expose dans le monde entier, a été révélé par ses peintures dans lesquelles apparaissent aujourd'hui des motifs brodés. Il collabore depuis quinze ans avec des brodeuses et brodeurs au Maroc, en Inde et plus récemment au Nigéria.
Au départ, son support de prédilection n’est pas la broderie : "j’étais peintre", explique-t-il. "Je suis issu du graffiti. A 18 ans, j'ai exposé à la Maison des Arts Plastiques Auvergne-Rhône-Alpes (MAPRAA)", précise-t-il. "Avec ce graphisme où intervenait la répétition de mon nom, j'ai ressenti le besoin de travailler sur un visage. Toutes ces formes issues du tag - qui étaient de la calligraphie - sont devenues des yeux, un nez".
Aujourd'hui, les artistes font de plus en plus appel à des artisans d’art pour élaborer des projets et des oeuvres. C'est suite à une rencontre que l'artiste s'intéresse à la broderie : "Lors d'une résidence au Maroc, je cherchais une machine à coudre et c'est dans un centre d'artisanat marocain que des femmes m'ont montré une ligne de broderie. J'ai décidé de l'intégrer dans mes œuvres, comme un mouvement. Cela a nourri ma peinture. Sur la nouvelle série, que je viens de réaliser, j'assume maintenant la broderie comme une peinture".
Pour raconter son rêve de création, le dialogue entre l'artiste et les artisans brodeurs a débuté par des dessins qui ont été vectorisés : "avec des variantes de gris, qui ont chacune un numéro puis chaque numéro devient une matière. C'est la manière la plus simple que j'ai trouvée pour échanger le plus facilement possible avec les artisans indiens", explique l'artiste. "Quand je voyage avec mes broderies, je les laisse prendre les vibrations des endroits où je me rends avant de les peindre", ajoute-t-il.
Voir cette publication sur Instagram
Œuvre monumentale à la croisée des cultures
L’exposition présente une sélection de ses oeuvres, parmi lesquelles une installation monumentale dont les mouvements abstraits - dessinés à même le tissu - sont brodés de perles, de sequins et de fils avec des techniques spécifiques à des cultures locales : point de Fès marocain, Zardozi indien, Rumi nigérien…
Car l'artiste aime voyager : "j’ai apporté sur les métiers à tisser en Inde un point de broderie marocain. Résultat, j’ai créé un point indo-marocain. De ma résidence au Nigéria, où l'on valorisait l'art contemporain et les scènes locales, est née cette œuvre de 6m50 de haut sur 4 qui mêle différents mouvements de broderies".
Voir cette publication sur Instagram
Projet pédagogique avec des étudiants de l'IFM
La seconde partie de l’exposition présente son projet pédagogique mené avec l’Institut Français de la Mode (IFM). Au printemps dernier, le 19M a mis en place un projet avec 22 étudiants en Fashion Design du Master of Art de l’IFM, la Maison Paloma (atelier de couture spécialisé dans le travail du flou) et l’Atelier de broderie Montex.
Les étudiants se sont imprégnés de l’esthétique de l’artiste Yassine Mekhnache, afin de comprendre son approche particulière de la peinture alliée aux différentes techniques de broderie. Suite à cet échange, ils ont créé une collection capsule de mode : six de leurs créations sont exposées aux côtés des œuvres de Yassine Mekhnache.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.