Le musée Carnavalet d'histoire de Paris complètement restauré ouvre son nouveau parcours permanent
Resté fermé samedi à cause d'une grève du personnel, le musée Carnavalet accueille enfin les visiteurs ce dimanche. Rénové des sous-sols au toit, il rouvre au public les portes de son parcours de collections permanentes d'histoire de Paris, avec une présentation modernisée, des oeuvres restaurées, et de nombreuses nouveautés. Une visite à ne pas rater.
Le musée Carnavalet Histoire de Paris devait initialement accueillir le public samedi 29 mai, mais a dû rester fermer en raison d'un mouvement social. Il a rouvert ses portes au public ce dimanche 30 mai après plus de quatre ans de travaux. C'est un musée tout neuf, restauré, avec un parcours de collections permanentes complètement repensé, des œuvres dépoussiérées et restaurées présentées dans des espaces plus lumineux que les Parisiens et les touristes vont pouvoir découvrir.
La directrice du musée Carnavalet Valérie Guillaume annonce un "musée véritablement enchanté" qui "déborde d'ambiances très variées et fascinantes". Et on n'est pas déçu du voyage. Plus de 3 800 œuvres et pièces exposés parmi les 625 000 conservés, 1,5 km de parcours de visite, 3 900 m2 racontent l'histoire de Paris, de la préhistoire à nos jours. Il faudrait des heures pour tout voir. Mais le musée Carnavalet est un musée qui se visite en plusieurs fois. D'autant que les collections permanentes sont gratuites. Les espaces d'expositions temporaires rouvriront dans un deuxième temps, le 15 juin, avec le Paris du photographe Henri Cartier-Bresson.
Une introduction à Paris et au musée
On est accueilli dans la "salle des enseignes" qui présente, au mur ou accrochées au plafond, des enseignes de commerces issues d'une collection qui remonte aux origines du musée, et qui ont été prélevées sur des bâtiments menacés de disparaître. Elles évoquent les rues de Paris à une époque où elles servaient à se repérer dans une ville où les numéros de rue n'existaient pas encore. Cette collection était déjà exposée mais elle est présentée dans un cadre beaucoup plus lumineux, grâce notamment à des spots.
Première nouveauté, deux salles "d'introduction" : la première donne quelques repères sur la ville, grâce à des plans et à des maquettes, une porte de l'ancien Hôtel de Ville détruit pendant la Commune. La seconde raconte l'histoire du musée, avec notamment une maquette en bois qui permet de comprendre comment il s'est structuré petit à petit, depuis sa création en 1880 dans un bâtiment du milieu du 16e siècle, l'hôtel Carnavalet. Très vite trop petit, on lui a ajouté des bâtiments, puis on a annexé dans les années 1980 un autre hôtel particulier, l'hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau. Une passerelle qui passe au-dessus du lycée Victor-Hugo relie les deux parties.
Les premiers habitats du néolithique
Autre nouveauté, qu'on va trouver tout le long du parcours, des ressources de médiation : écrans interactifs, animations, jeux, extraits de films, entretiens avec des spécialistes. Les publics jeunes sont particulièrement visés, avec 10% de pièces accrochées à hauteur d'enfant. Et la circulation a été améliorée, avec des ascenseurs qui rendent quasiment tous les espaces du musée accessible aux personnes à mobilité réduite.
Du nouveau encore dans le parcours, qui suit un fil chronologique. Il débute au sous-sol, dans de très belles caves voûtées rénovées qui n'étaient pas ouvertes au public, elles servaient auparavant de locaux techniques. On commence avec la préhistoire de Paris, et notamment une pirogue en bois néolithique, trouvée lors de fouilles menées lors des grands travaux d'aménagement du quartier de Bercy. "Elle fait partie d'un ensemble de vestiges qui permettent de documenter un des premiers habitats des Parisiens", précise Juliette Tanré, conservatrice chargée des sculptures et du patrimoine architectural et urbain au musée Carnavalet.
Décors et salons
Le parcours présente pour la première fois le Paris médiéval et de la Renaissance. D'un côté, on peut voir des objets du quotidien, comme des chaussures en cuir très bien préservées, ou bien une gargouille de Notre-Dame et des sculptures du Moyen-Age provenant d'églises de l'île de la Cité détruites lors des travaux d'Haussmann. On plonge aussi dans la façon dont le Paris médiéval pouvait être imaginé à la fin du XIXe siècle, avec une grande maquette qui nous montre l'habitat extrêmement serré sur l'île de la Cité. Elle a été réalisée par l'artiste et l'architecte Theodor Hoffbauer (1839-1922), dont un grand tableau figure le centre de Paris à l'époque de la construction du Pont-Neuf. Sont évoquées aussi les nécropoles, comme le cimetière des Innocents et une nécropole juive trouvée près du boulevard Saint-Michel.
Au premier étage, se déploient les collections du XVIIe et du XVIIIe siècle, avec une vingtaine de décors d'époque qui habillent les salles. Ces boiseries et peintures murales, en danger dans des hôtels parisiens, ont été démontés et remontés au musée Carnavalet, grâce à la vigilance de la Commission du vieux Paris. Les 450 pierres d'un décor peint par Brunetti à l'hôtel de Luynes, par exemple, sont installées sur un palier du musée. Un décor dessiné par l'architecte Ledoux, a été déplacé du rez-de-chaussée au premier étage où il est beaucoup mieux éclairé. On peut voir aussi des salons reconstitués, avec leurs boiseries rafraichies et leurs meubles, qui restituent l'atmosphère d'une époque.
Des Révolutions à l'actualité récente
Une grande section est consacrée à la Révolution française et aux révolutions du XIXe siècle, avec documents, objets, affiches, peintures qui racontent les événements, comme le tableau d'Hubert Robert qui décrit le démontage de la Bastille, ou la reconstitution de la chambre où Louis XVI fut emprisonné dans le donjon du Temple.
Autres ambiances, on visite une recomposition de la chambre de Marcel Proust, ou de la bijouterie Fouquet créée en 1901 par Alphonse Mucha avec son comptoir, ses décors et ses vitrines art nouveau.
Enfin, autre grande innovation, pour la première fois, le musée Carnavalet présente la période de 1910 à nos jours, avec des évocations de la "zone" qui entourait Paris, du Paris de la Libération, d'un Paris cosmopolite avec des artistes venus de toute l'Europe… Et enfin, pour clore le parcours des collections permanentes, une salle contemporaine est consacrée à l'histoire en train de se faire. Une salle qui a vocation à évoluer et qui parle des événements très récents comme les attentats de 2015, avec des photos des manifestations qui ont suivi, et la pandémie, avec par exemple une photo de Gérard Della Santa, rue de Belleville pendant le confinement, tous rideaux baissés.
Musée Carnavalet Histoire de Paris
23, rue de Sévigné, Paris 3e
Du mardi au dimanche, 10h-18h, sauf 1er janvier, 1er mai, 25 décembre
Accès aux collections permanentes gratuit
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