"Pierres précieuses" au Muséum d’histoire naturelle de Paris : des minéraux aux bijoux, une fantastique aventure qui débute dans les entrailles de la Terre
500 minéraux, gemmes et objets d’art issus de la collection du Muséum national d'Histoire naturelle et 200 créations joaillières de la maison Van Cleef & Arpels racontent l'histoire des "Pierres Précieuses"
Repoussée à cause de la pandémie de Covid-19, l’exposition "Pierres précieuses" qui a débuté le 16 septembre raconte l’histoire plurimillénaire des minéraux tout en révélant l’adresse que l’Homme déploie, depuis des siècles, pour servir leur éclat et réaliser des parures joaillières.
Fruit d'une collaboration entre le joaillier Van Cleef & Arpels et le Muséum national d'Histoire naturelle, cette exposition, à l’approche autant scientifique qu’esthétique, plonge aux origines de la Terre et souligne la passion voire la fascination que minéraux, gemmes et bijoux suscitent depuis toujours dans la plupart des civilisations. 500 minéraux, gemmes et objets d’art issus de la collection du Muséum, côtoient ici 200 créations joaillières de la maison Van Cleef & Arpels. Ce dialogue entre deux univers est d'une incroyable richesse.
Pierres précieuses brosse en premier lieu une histoire de la Terre et des savoir-faire, explorant la formation originelle des minéraux et leur emploi par l’Homme dont le geste se perfectionne au fil du temps. Puis une deuxième partie explique les phénomènes naturels que subissent pierres, roches et cristaux, dans les profondeurs de la Terre, avant que la main de l’Homme ne les métamorphose en joyaux. Enfin, dans sa troisième partie, l’exposition rappelle l’importance historique, scientifique et artistique que tient Paris, lieu de savoirs, dans l’avancée et la diffusion des connaissances en minéralogie dont se sont emparés esthètes et artistes jusqu’à nos jours.
Plongée dans les entrailles de la Terre
Formée il y a 4,56 milliards d’années, notre planète constitue le creuset d’une immense variété de minéraux. Météorites, roches, cristaux, fossiles… sont les témoins de la naissance de la Terre et de son évolution.
La visite commence avec une première vitrine, consacrée au rubis, qui présente trois états différents de ce minéral. Le rubis brut, datant de 30 millions d’années, est présenté tel qu’il fut découvert, dans la vallée de Mogok, au Myanmar. Enchâssé dans sa gangue de marbre blanc, il est mis en regard de pierres taillées (gemmes). Au troisième stade de sa transformation, par la main de l’Homme, le rubis inspire un bijou de haute joaillerie, le clip Fuchsia signé Van Cleef & Arpels. Le ton est donné, le minéral tiendra une place de choix aux côtés des créations joaillières.
La visite se poursuit avec une frise qui invite à découvrir d’un seul coup d’œil l’histoire de la Terre à la manière d’une généalogie des minéraux : remontant aux origines, une trentaine de spécimen, tous plus incroyables les uns que les autres, retracent l’histoire de la planète mais aussi des pierres précieuses.
De la pierre minérale aux bijoux
La deuxième partie entraîne le visiteur au cœur de la Terre, dans la fabrique des minéraux, à la découverte de leurs cycles géodynamiques et des phénomènes naturels qui les forment jusqu’à les métamorphoser. Ces phénomènes naturels sont regroupés ici sous sept chapitres : la pression, la température, les fluides, l’eau, l’oxygène, la vie et le métamorphisme. Chaque phénomène aura une incidence sur la création des minéraux.
La transformation de la pierre minérale en bijou est très clairement expliquée dans une quarantaine de vitrines, accompagnées de dispositifs audio-visuels et tactiles, qui présentent chaque pierre - diamants, topazes, saphirs, aigues-marines, péridot, améthyste… - sous trois aspects : le minéral brut tel que l'on l'a trouvé dans la nature, la pierre taillée (la gemme façonnée) et, enfin, le bijou de haute joaillerie. Une manière originale et éducative de montrer que le diamant si lumineux quand il est monté sur une bague n'est à l'origine qu'une pierre brute assez terne.
A côté de ces vitrines, sept écrins mettent en lumière des pièces de joaillerie de la maison Van Cleef & Arpels, tandis que trois alcôves présentent l’or, les cristaux monumentaux et le bois fossile.
Paris, lieux de savoirs
La thématique suivante se penche sur l'importance historique, scientifique et artistique que tient Paris, lieu de savoirs, dans l'avancée et la diffusion des connaissances en minéralogie. Cette section porte un éclairage sur les principaux protagonistes d’une évolution constante depuis le XVIIe siècle, animée par les naturalistes, marchands, esthètes, collectionneurs, scientifiques, artisans d’art et artistes ayant éprouvé un intérêt grandissant pour les minéraux, les gemmes et les bijoux. La recherche contemporaine et les récentes découvertes sont illustrées à travers six interviews filmées, présentées en regard d’échantillons minéralogiques, qui expliquent, par exemple, la croissance d’un saphir étoilé, l’importance du jade dans l’Amérique centrale précolombienne ou encore le lien entre certains jaspes et l’origine de la vie.
C'est ainsi que l'on découvre qu'en procurant à Louis XIV des diamants indiens de premier plan, Jean Baptiste Tavernier a contribué à établir à Paris un centre majeur d’importation, un pôle européen du marché et de la retaille de pierres précieuses. Le Muséum a découvert que la taille en brillant a été inventée pour le Roi-Soleil. Ce savoir-faire devenu une spécialité française donnera le jour au grand diamant bleu, premier brillant attesté de l’Histoire. Perdu, il a été reconstitué par une équipe du Muséum à partir d’un moulage en plomb découvert en 2008. Une vidéo en retrace l’épopée.
A noter qu'au XVIIe siècle, la création du Jardin des Plantes par Louis XIII contribue à lancer la mode parisienne des bijoux jardin ou giardinetti, inspirés de la nature, qui connaîtront un vif succès au siècle suivant. Ces influences sont toujours décelables dans la joaillerie contemporaine de Van Cleef & Arpels qui puise dans la nature ou dans les cultures du monde nombre de ses thèmes d’inspiration. Au XVIIIe siècle, les gemmes entrent dans les cabinets de curiosité. Aristocrates et bourgeois les font monter sur des socles de bois en purs objets d’agrément. L’art joaillier n’échappe pas aux influences qui imprègnent une époque ou un style : certains de ces grands thèmes comme le naturalisme et l’attrait pour l’Orient sont ici représentés.
D'inestimables trésors
Ici les pierres minérales côtoient d'incroyables trésors. Pour Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle, s’il ne faut en retenir qu’un, ce sera la table de Mazarin en marqueterie de pierres représentant fleurs et animaux. "Cet objet allie le savoir-faire des Hommes de la Renaissance à la beauté des pierres, à l’exactitude des espèces représentées et à l’histoire de France".
Tandis que Nicolas Bos, président de Van Cleff & Arpels, préfère une pièce qui a été remise en état à la faveur de l'exposition : l'Arbre aux tourmalines créé par Jean Vendôme. "C’est pour moi une œuvre d’art au carrefour de la joaillerie, du design et de la sculpture".
A noter que les ateliers Van Cleef & Arpels présentent, en fin de parcours, une création joaillière incroyable réalisée spécialement pour l’exposition. Ce rocher aux merveilles est un bloc de lapis-lazuli de 6,2 kg monté sur un socle en quartz blanc, complété par une forêt de 32 cristaux naturels de tourmaline bicolore. Il est orné de 10 créations joaillières d'exception parées de pierres précieuses. Bluffant de préciosité.
Exposition "Pierres précieuses" du 16 septembre 2020 au 14 juin 2021. Grande Galerie de l’Évolution. Muséum d’histoire naturelle de Paris. 36, rue Geoffroy St-Hilaire. 75005 Paris. Tous les jours de 10h à 18h sauf les mardis, le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai.
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