"Renaissance", un défilé de marques de luxe upcyclées réalisé par un atelier de petites mains en réinsertion
On connaissant le vintage, voici l’upcycling, une tendance qui après s'être affirmée dans le prêt-à-porter se développe dans le luxe. Cet art de transformer des matériaux récupérés en un produit de qualité supérieure peut s’avérer, outre une alternative créative intéressante, un moyen de réinsertion. Découverte.
Quinze jours après la semaine de la mode haute couture printemps-été 2020, lors de laquelle Jean Paul Gaultier et la maison Viktor & Rolf ont présenté leur collection upcyclée, un autre show a retenu notre attention celui de l'association Renaissance, qui, lui aussi, suit cette tendance.
Le 3 février 2020, cette association a présenté 35 tenues couture upcyclées, aboutissement de cinq mois de travail réalisé par une équipe d'une vingtaine de personnes. Renaissance combine upcycling et réinsertion pour mettre fin au gaspillage et à la destruction de valeur que représentent les vêtements oubliés dans les dressings.
"Réutiliser ces vêtements destinés à l’abandon ou à la destruction, les upcycler, les faire renaître"
"Notre ambition est de réutiliser ces vêtements destinés à l’abandon ou à la destruction, de les upcycler, de les faire renaître" explique l’association qui milite pour la réutilisation des vêtements de créateurs, de prêt-à-porter de luxe et couture - dans une perspective de développement durable - et pour la réinsertion des personnes éloignées de l'emploi, qu'elle forme pour leur donner une seconde chance.
Les ouvriers en insertion de l'Atelier Renaissance, cité du Vercors à Villejuif en Val-de-Marne, formés par Philippe Guilet, ont présenté leurs créations construites à partir de créations couture et d'uniformes recyclés du groupe ADP.
Pour Pascal Morand, président de la Fédération de la haute couture et de la mode "le développement durable revêt une nouvelle composante, qui est celle de l'intégration sociale, de l'insertion et de la réinsertion, de l'élévation des compétences".
35 créations réalisées à partir de tenues Yves Saint Laurent, Jean Paul Gaultier, Sonia Rykiel...
À partir de tenues personnelles - appartenant à la garde-robe de femmes différentes - ont été réalisées 35 créations, des "Renaissances", présentées pendant ce défilé qui s'est tenu le 3 février à l'Institut du Monde Arabe.
Au fur et à mesure du passage des modèles sur le podium un écran géant diffuse au même moment la photo originelle du vêtement en mentionnant sa marque (Yves Saint Laurent, Jean Paul Gaultier, Sonia Rykiel, Fendi, Gucci, Christian Lacroix, Lanvin, Diane Von Furstenberg et même des uniformes du groupe ADP...) ainsi que le nom de son ancienne propriétaire. Un excellent moyen de se rendre compte du travail de recréation réalisé.
Déconstruits, découpés puis retravaillés - en tenant compte de l’usure, de l’architecture et du volume des pièces - ces vêtements d'hier donnent naissance aujourd'hui à des robes, des jupes, des blouses et des pantalons.
Ainsi une longue robe blanche et noire, qui est à l'origine très romantique, se transforme en une robe courte très sexy avec incrustations de dentelles et broderies noires.
"L'élément principal de cette collection sont les chaînes, car j'ai voulu accentuer le désenchaînement, le fait de briser les chaînes pour les utiliser sur les vêtements dans un sentiment de liberté" explique Philippe Guilet, le directeur artistique du projet Renaissance.
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