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Covid-19 : "On ne demande pas du pognon, on a envie de jouer", enrage le comédien Christophe Alévêque

L'humoriste ne mâche pas ses mots contre la "potiche" Roselyne Bachelot et le "prof de province" Jean Castex qui a annoncé jeudi que les cinémas et théâtre ne rouvriraient pas avant le 7 janvier.

Article rédigé par franceinfo
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L'humoriste Christophe Alévêque, en 2017. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Au lendemain de l'annonce par Jean Castex du prolongement de la fermeture des lieux culturels pendant au moins trois semaines, le comédien Christophe Alévêque "enrage" vendredi 11 décembre sur franceinfo. "Nous ce qu'on a envie, c'est de jouer. On ne demande pas l'aumône", déclare-t-il en référence aux 35 millions d'euros d'aides supplémentaires débloqués par le gouvernement pour le monde de la culture.

>>"Consterné, abasourdi" : pourquoi le monde de la culture enrage après les décisions du gouvernement sur le déconfinement.

L'humoriste ne mâche pas ses mots contre la "potiche" Roselyne Bachelot et le "prof de province" Jean Castex. Il déplore que le secteur du spectacle soit "une nouvelle fois mis de côté" et jouera devant "une salle vide" le 17 décembre "pour pousser l'absurdité jusqu'au bout".

franceinfo : Êtes-vous en colère ?

Christophe Alévêque : C'est plus que de la colère, c'est de l'abattement. On enrage ! On est traités comme des pantins, des marionnettes qu'on sort d'une malle et qu'on remet dedans.

"Je sais très bien que nous sommes inutiles dans cette société. On nous l'a bien fait comprendre. Mais quand même... un peu de respect !"

Christophe Alévêque

à franceinfo

Personne ne comprend rien à ce qui se passe. C'est même plus un manque de pédagogie de la part du gouvernement. Hier, c'était une absence totale. La ministre de la Culture, qui certes joue un rôle de potiche (sic) dans cette histoire, n'était même pas là ! Une fois de plus, on est mis de côté et on ne comprend pas cette punition. La base de notre métier, le théâtre, c'est de recevoir les gens. Alors, certes, il fallait sauver le Black Friday. C'est fait. Mais maintenant, c'est quoi ? Allez faire vos courses dans les magasins, dépensez votre pognon et rentrez à la maison à 20h ? Un petit bouillon et au lit ?

Le gouvernement que vous critiquez a quand même mis 35 millions d'euros supplémentaires sur la table pour le monde de la culture.

J'ai envie de leur dire : ce pognon, mettez-vous le où je pense. Nous, ce dont on a envie, c'est de jouer. On ne demande pas l'aumône. En donnant de l'argent aux gens, le but ultime, c'est quand même de nous faire taire. Ce qui me dérange, c'est ce mépris. Nous avons affaire à des gens qui sont hors-sol, complètement déconnectés de la réalité. Quand j'entends l'écho des médias, je suis souvent très en colère. Il y a un vrai décalage entre la réalité et ce qu'on entend. Plus personne ne comprend ce qui se passe. Comme tous mes collègues, j'avais passé ma matinée à régler des problèmes. J'ai une date que je devais faire ["Encore lui !", le 17 décembre au Théâtre du Rond-Point, à Paris], ça fait trois fois qu'elle est repoussée ! On ne sait même plus si on jouera au mois de janvier. Quand, dans quelles conditions ? C'est terrible, et on entend le Premier ministre, avec ses airs de prof de province, nous faire la morale et nous dire : "Le plus important, c'est la santé." Mais notre santé, il est en train de la ruiner ! Ça fait plus de dégâts, c'est quand même paradoxal. Le médecin est un incapable.

Ce spectacle que vous deviez jouer le 17 décembre est tout de même maintenu ?

Oui, j'avais déjà fait ça le 19 mai dernier. On avait enregistré un spectacle dans une salle vide. J'avais dit que je ne le ferai plus jamais et puis voilà... Bon, Roselyne Bachelot avait bien dit qu'elle ne serait plus jamais ministre, on a vu le résultat. Elle aurait mieux fait de tenir sa promesse. Mon spectacle sera diffusé sur YouTube et sur France 3 le 21 décembre. Je le fais pour pousser l'absurdité jusqu'au bout ! Et puis, je peux vous dire que ça va être un exutoire. Je vais me faire du bien et j'espère aussi faire du bien aux gens. Il faut libérer la parole. Et puis je pense aussi aux spectateurs qu'on néglige complètement. Au Théâtre du Rond-Point, à Paris, ça fait trois fois qu'il changent leurs billets. On les méprise aussi !

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