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Marc Veyrat attaque le guide Michelin en justice : "J'ai été déshonoré. C'est une offense profonde. J'ai fait une dépression"

Le chef qui a perdu sa 3e étoile en janvier ne veut plus figurer dans le guide et subir un "pouvoir [...] qui fait trembler tous les chefs".

Article rédigé par franceinfo
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Marc Veyrat à la cérémonie de remise des Étoiles Michelin, le 5 février 2018. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Le chef cuisinier Marc Veyrat a décidé lundi de poursuivre en justice le Guide Michelin. Selon son avocat, il veut connaître "les raisons exactes du déclassement" de son restaurant La Maison des Bois, auquel avait été retirée en janvier sa troisième étoile.

"J'ai été déshonoré", a réagi Marc Veyrat lundi 23 septembre soir sur franceinfo. Il explique qu'il ne veut "plus figurer sur le Guide Michelin, simplement", alors qu'eux "n'acceptent pas". Le chef cuisinier avoue avoir vécu la perte de sa troisième étoile comme "une offense profonde" et avoir fait "une dépression". Il sous-entend le fait que les agents du Michelin ne connaissent pas le terroir. Selon lui "le monsieur" venu dans son restaurant a confondu "une émulsion" avec "du Cheddar"; "On marche sur la tête", s'agace Marc Veyrat.

franceinfo : Pourquoi mener cette action en justice ?

Marc Veyrat : Parce que je ne veux plus figurer sur le guide Michelin, simplement. Eux n'acceptent pas. Pour des raisons personnelles je ne veux plus être sur le guide Michelin. J'ai été déshonoré. Mon équipe, je l'ai vue pleurer. On a formé un tas de chefs à travers le monde. Et sans aucune prévention, du jour au lendemain, on vous appelle un soir et on vous dit : 'c'est fini'. Cela ne marche pas comme ça. On ne prend pas en otage les gens comme ça. Si j'ai fait une erreur dans la cuisine, je l'assume tout de suite. Si on vient me dire, telle chose n'allait pas, j'assume, et qu'on m'enlève l'étoile. Mais on ne peut pas assumer, puisqu'on ne sait rien, on ne sait pas ce qu'il s'est passé. On en a eu des titres. Et on est devenu mauvais du jour au lendemain.

C'est une blessure ?

Ce n'est pas une blessure, c'est pire qu'une blessure. C'est une offense profonde. J'ai fait une dépression. J'ai vu pleurer mon équipe. Pour moi, c'est irréparable. Si je le fait (attaquer en justice), c'est pour la jeunesse pour demain. Ils se disent (le guide Michelin) transparents. Je veux bien qu'ils soient transparents, mais qu'ils nous disent ce qu'il se passe. Je m'occupe simplement de faire cicatriser cette blessure. C'est un des moyens. Cela rendra service à la jeunesse qui arrive.

C'est le pouvoir du guide que vous dénoncez ?

C'est le pouvoir du guide Michelin qui nous fait trembler six mois avant la parution du guide, qui fait trembler tous les chefs. Tous les chefs en ont marre et personne ne dit rien. Ils m'en ont sortis des belles. J'ai utilisé, paraît-il, une recette qui a déstabilisé la maison, une recette à base de cheddar. Moi qui ait défendu toute ma vie la tomme de Savoie, le Reblochon, le Beaufort. Je fais une émulsion, dedans je mets du safran. Le monsieur qui est venu, il a cru que c'était du cheddar, parce que c'était jaune. On appelle ça connaître le terroir ! On marche sur la tête.

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