Des Slovaques manifestent à Bratislava contre des "purges" dans le monde de la culture
La ministre Martina Simkovicova a limogé des dirigeants d'institutions culturelles respectées, dont les directeurs du Théâtre national et de la Galerie nationale. Ses décisions lui ont valu d'être accusée par l'opposition de régner par la peur et de procéder à des "purges" destinées à museler la liberté artistique.
Selon les organisateurs, 18 000 personnes se sont rassemblées sur la place principale de la capitale Bratislava, mardi 13 août, malgré la chaleur, beaucoup brandissant des pancartes portant les slogans "L'art est libre" ou "Je ne veux pas d'une coalition sans culture".
"Je suis venu ici car si nous nous taisons maintenant, il est possible que nous ne puissions plus nous exprimer plus tard", a confié Vladimir Miadok, marketeur de 31 ans. "Simkovicova doit partir". Une lettre signée par six anciens ministres de la Culture slovaque et condamnant les remplacements a été lue à la manifestation, organisée à l'appel des partis d'opposition. Mme Simkovicova appartient au parti de droite nationaliste SNS, qui fait partie de la coalition menée par le populiste Robert Fico, quatre fois Premier ministre.
Dans un de ses premiers discours comme ministre de la Culture, elle avait déclaré : "La culture du peuple slovaque devrait être slovaque – slovaque et rien d'autre."
Le directeur du Théâtre national limogé
La ministre "veut créer une ère de peur, réintroduire l'époque communiste des années 1970", a déclaré mardi Matej Drlicka, ex-directeur du Théâtre national. Mme Simkovicova avait limogé M. Drlicka la semaine dernière, son ministère affirmant dans un communiqué qu'elle avait "perdu confiance" en l'intéressé à cause de son "activisme politique". Alexandra Kusa, directrice de la Galerie nationale, avait critiqué publiquement ce limogeage. Elle avait été elle-même renvoyée le lendemain par la ministre.
Une pétition en ligne demandant la démission de Mme Simkovicova a recueilli 178 000 signatures en moins d'une semaine. En juin, la ministre avait porté une loi controversée réformant la radio et la télévision publiques RTVS, pour les remplacer par une entité unique, STVR, placée sous le contrôle du ministère de la Culture.
L'opposition et les ONG de défense des médias ont durement critiqué le texte. Pour Reporters sans frontières (RSF), le gouvernement "a décidé de déclarer la guerre aux médias indépendants" avec la nouvelle loi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.