En Angleterre, Blackpool maintient son festival d'illuminations malgré l'inflation
Les "Blackpool Illuminations", qui illuminent le front de mer sur plus de neuf kilomètres depuis septembre jusque début janvier, attirent tous les ans 3,5 millions de touristes. Avec des interruptions pendant les deux guerres mondiales, les illuminations sont devenues un événement annuel depuis une visite royale dans la ville en 1912.
Blackpool, ville côtière du nord-ouest de l'Angleterre connue pour son grand festival d'illuminations chaque automne, a décidé de maintenir son spectacle cette année... malgré la hausse des factures énergétiques.
Mais après la pandémie de Covid-19, le festival subit la guerre en Ukraine et la hausse des prix de l'énergie qu'elle a engendrée. De fait cette année, les organisateurs se sont demandés s'il était sage d'allumer un million d'ampoules alors que l'inflation dépasse les 10% au Royaume-Uni. Mais "c'est impensable de ne pas avoir nos illuminations d'automne", estime auprès de l'AFP Ivan Taylor, adjoint au conseil de la ville. "En termes de tourisme, c'est très, très important."
Le spectacle coûte cher
Blackpool affirme être la première ville britannique en dehors de Londres à avoir mis en place un éclairage public électrique permanent, avec huit lampes à arc dès 1879, peu de temps avant que Thomas Edison ne fasse breveter son concept d'ampoule.
Mais le spectacle coûte cher : 1,9 million d'euros à entretenir et faire fonctionner, selon des estimations pour 2022, explique M. Taylor. Un chiffre amené à augmenter encore l'année prochaine avec la hausse des prix de l'énergie. Certains se demandent si ça vaut le coût, pronostiquant que la crise du coût de la vie va faire chuter le nombre de visiteurs tandis que la hausse des prix met de nombreuses entreprises en difficulté.
"Je sais que ça fait venir beaucoup de touristes mais en même temps, il faut qu'on équilibre ça avec le prix que ça coûte", affirme à l'AFP Jo Berry, jeune quadragénaire de Manchester venue voir les lumières. "J'espère juste qu'on va passer l'hiver et que la météo va continuer à être douce car il a fait particulièrement chaud pour l'instant", ajoute-t-elle. "J'espère que ça va rester comme ça car beaucoup de gens ne peuvent même pas allumer leur chauffage."
"Des économies ailleurs"
Dans le même temps, le gestionnaire de la salle de spectacle et de concerts Blackpool Winter Gardens, dont le conseil municipal est propriétaire et qui joue un rôle important dans le festival, a proposé de fermer ses portes les jours les plus calmes de la saison pour économiser un peu d'argent. Mais la ville a refusé, estimant que ça enverrait un message négatif aux touristes.
"On peut voir ce que les illuminations apportent à l'économie de Blackpool", estime Chris Wheeler, un retraité venu visiter la ville avec son épouse. Il vient d'habitude dès le mois de septembre, quand la station balnéaire "grouille de monde". "Si tout le monde dépense quelques centaines de livres, ça fait beaucoup d'argent pour Blackpool", affirme-t-il.
Au fil des années, la ville a fait en sorte de réduire le coût de son grand spectacle, choisissant par exemple d'utiliser des ampoules LED moins énergivores. En 2004, des éoliennes ont contribué à l'apport énergétique du festival pour la première fois et aujourd'hui, le spectacle repose entièrement sur des sources d'énergies renouvelables, selon le conseil municipal.
Au Royaume-Uni, les prix sur le marché de l'électricité - même quand elle provient de sources renouvelables - dépendent du prix du gaz car c'est le gaz qui est toujours utilisé en dernier recours quand la demande dépasse l'offre. Par conséquent, même les clients qui se fournissent en énergies renouvelables sont affectés par la hausse des prix de l'énergie. Pour M. Taylor, les organisateurs du festival "feront des économies ailleurs" si les prix de l'énergie venaient à trop augmenter. Mais pour lui, "le retour sur investissement en vaut la peine".
Les touristes "dépensent tous de l'argent quand ils viennent. Donc c'est bien pour nous, et bien pour eux car ils passent un bon moment", estime-t-il.
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