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Des dessins de presse des procès de Dreyfus et Zola mis aux enchères à Nantes

Maurice Feuillet, à la fois artiste et journaliste, fondateur du "Figaro artistique", a couvert à la fin du 19e siècle les procès de la retentissante affaire Dreyfus. Une cinquantaine de ses croquis est vendue aux enchères, à Nantes, ce 8 décembre. 

Article rédigé par Véronique Dalmaz
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Alfred Dreyfus dans le box des accusés  (T.Poirier / France Télévisions)

Ce sont des dessins de presse représentant Emile Zola, Alfred Dreyfus ou encore Jean Jaurès parfaitement conservés. Son auteur, Maurice Feuillet, était à l’époque un tout jeune illustrateur et journaliste.

Vente aux enchères dessins Dreyfus
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Des dessins découverts par hasard 

Témoins de l'une des plus grandes erreurs judiciaires de notre Histoire, ces croquis dormaient depuis des décennies dans une cave nantaise. Ils ont été découverts par hasard lors d’une succession. Une formidable trouvaille qui permet de se plonger dans l’ambiance du procès d’Emile Zola (1898) et de celui d’Alfred Dreyfus (1899). Pour rappel, le Capitaine Dreyfus est accusé, à tort, d’avoir espionné la France pour l’Allemagne. Jugé une première fois en 1894 pour haute trahison, il est condamné au bagne à vie. Dans sa lettre J’accuse publié dans l’Aurore, Emile Zola prend sa défense. En février 1898, l’auteur est jugé pour diffamation.

Emile Zola croqué par Maurice Feuillet lors de son procès en 1898  (T.Poirier / France Télévisions)

Sous les coups de crayon de Maurice Feuillet, on découvre le regard d’un Emile Zola déterminé face à ses accusateurs. Le procès se déroule dans une très grande violence et les droits de la défense sont souvent bafoués. Le romancier écopera de la peine maximale, douze mois de prison et 3000 francs d’amende. 

Un an plus tard, Maurice Feuillet couvre le deuxième procès d’Alfred Dreyfus, devant le conseil de guerre de Rennes. Après des années de bagne à Cayenne, Dreyfus apparait fatigué dans le box des accusés. Son visage émacié, dessiné par le jeune Feuillet, en témoigne. Lors de ce nouveau procès, le militaire est à nouveau reconnu coupable mais il est condamné, cette fois-ci, à dix ans de prison. Il sera, ensuite, gracié par le président Emile Loubet, avant d’être définitivement blanchi en 1906.

Jean Jaurès dessiné par Maurice Feuillet  (T.Poirier / France Télévisions)

Jean Jaurès, qui a défendu les deux hommes, a été également croqué par Maurice Feuillet tout comme l’épouse de Dreyfus. Ces dessins ont une valeur inestimable d’un point de vue historique. Peu de clichés et de films d’époque existent sur ce sujet. "Je pense que Maurice Feuillet n’était ni Dreyfusien, ni anti-Dreyfusien. Il a vraiment fait un travail de journaliste en gardant de la distance. Ce qui, à l’époque, n’était pas facile avec cette affaire", explique Henri Veyrac, commissaire-priseur.

Ces dessins ont été estimés entre 200 et 5000 euros. Les musées devraient se les arracher.  

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