Folle Journée de Nantes : Beethoven raconté par le pianiste Gaspard Dehaene
Seul en scène, le pianiste Gaspard Dehaene se fait aussi narrateur pour décrypter et raconter la génèse de six œuvres majeures de Beethoven dont la célèbre "Lettre à Élise".
Consacrée à Beethoven, la Folle journée de Nantes 2020 permet au public de rentrer dans le processus de création des œuvres du compositeur. Le 30 janvier, c'est le pianiste Gaspard Dehaene qui était sur scène pour jouer six œuvres de Beethoven dont cinq rondos. L'occasion de raconter comment certaines de ces pièces ont vu le jour. Le jeune pianiste, qui aura 33 ans en mai prochain, ne cache pas son admiration pour le compositeur allemand.
Beethoven me paraît être celui qui a ressenti une infinité de sentiments humains et qui les a transcrits en musique.
Gaspard DehaenePianiste
Lettre à... Thérèse
Savez-vous quelle histoire se cache derrière la célèbre Lettre à Élise, une des pièces les plus connues de Beethoven ? "Il s'agit en fait d'une lettre à Thérèse Malfatti, fille du médecin de Beethoven, et il en était amoureux", raconte Gaspard Dehaene. "De vingt-deux ans son aîné, il veillait à son éducation, lui conseillait des lectures, Shakespeare, Goethe... Il a écrit cette pièce pour qu'elle puisse progresser dans son étude du piano."
Redoutable simplicité
Reconnaissable entre toutes, son introduction est d'une simplicité ravageuse. Mais pour Gaspard Dehaene, cette simplicité s'avère très exigeante pour l'interprète.
Ce qui a l'air simple ne l'est jamais en réalité. Il faut remplir la musique simple, on ne peut pas se cacher derrière une flot de notes quand il n'y en a que trois à jouer. Il faut les habiter dès le début.
Gaspard DehaenePianiste
Rondo pour un sou perdu
Pour la Folle journée, le musicien - fils de la pianiste Anne Queffélec et petit-fils de l'écrivain Henri Queffélec - quitte son clavier pour se faire conteur. Debout devant le public, il raconte l'origine de certains titres à l'image de ce rondo intitulé Colère à cause du sou perdu déchargée dans un Caprice (titre original : Wuth über den verlornen Groschen ausgetobt in einer Kaprize).
Selon Gaspard Dehaene, "la femme de chambre de Beethoven ayant perdu un sou, Beethoven aurait passé ses nerfs dans la composition de ce morceau, comme un exutoire qui lui a permis de ne pas trop hurler sur sa femme de chambre".
Cet épisode rappelle d'ailleurs que malgré son génie musical, Beethoven a connu des soucis d'argent au cours de sa carrière, comme le montre cette lettre écrite de sa main et retrouvée en Allemagne en 2012. Le compositeur demandait alors au harpiste et compositeur Franz Anton Stockhausen de l'aider à trouver acquéreur pour Missa Solemnis, une messe achevée en 1823.
L'imagination au pouvoir
Problèmes d'argent, gros soucis de santé (surdité précoce et addiction à l'alcool), la vie de Beethoven n'a pas été un long fleuve tranquille. "Il disait qu'il avait des problèmes dans la vie mais jamais de problèmes d'imagination, que toujours des idées nouvelles lui arrivaient", raconte Gaspard Dehaene. "Il s'asseyait à une table avec du papier et un crayon et retrouvait du sens à sa vie, quelles que soient ses frustrations, ses colères ou ses déceptions."
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