Le maître Raphaël, prodige du dessin, au coeur d'une exposition-hommage à Chantilly
A l'occasion des 500 ans de la mort du maître italien de la Renaissance Raphaël, le musée Condé de Chantilly lui consacre à partir du samedi 7 mars une exposition baptisée "Le maître et ses élèves" centrée sur son génie du dessin.
Le château de Chantilly, dans l'Oise, met en lumière à l'occasion des 500 ans de sa mort, le génie absolu du dessin qu'a été Raphaël et sa postérité dans cet art, au moment où une ambitieuse exposition est consacrée à son oeuvre à Rome.
Le musée Condé du château de Chantilly est "une des très rares institutions françaises" à consacrer une exposition à Raffaello Sanzio (1483-1520), mort à 37 ans, et qui n'a jamais mis le pied en France, soulignent les organisateurs. Il se trouve que le musée possède la seconde collection de peintures anciennes en France après le Louvre, et dispose du deuxième fonds de Raphaël.
Le génie, ses maîtres et ses élèves
Trois gracieux tableaux de Raphaël (La Madone de Lorette, les Trois grâces, la Madone de la Maison d'Orléans) et huit dessins, dont L'homme portant un fardeau, Les quatre hommes nus, et L'étude pour la dispute du Saint Sacrement, ne pouvaient bouger du domaine de Chantilly, ni vers Rome, ni vers Paris.
D'où la nécessité d'une exposition in situ. Le duc d'Aumale (1822-1897), Henri d'Orléans, un des fils de Louis-Philippe, avait en effet légué à l'Etat son immense collection en exigeant que les oeuvres ne quittent jamais le château de Chantilly.
Raphaël était l'artiste fétiche du grand amateur d'art. Comme l'indique le titre de l'exposition, "Le maître et ses élèves", l'enfant prodige d'Urbino, qui rejoindra Florence, vivier incontesté de la Renaissance, à 21 ans, aura une vaste postérité, en commençant par son ami Giulio Romano, jusqu'à Perino del Vaga, Polidoro da Caravaggio, et d'autres. L'exposition en expose plusieurs dessins.
Musculatures, drapés, ombres, orientation des visages: l'exposition montre les influences indirectes dont Raphaël s'imprégna, dont les très grands Léonard et Michel-Ange, mais aussi les influences de maîtres plus directs tels le Pérugin et Pinturicchio.
"Ses dessins sont de l'ordre de la perfection"
Raphaël est un peu "une éponge", et on retrouve aussi chez lui "l'influence des Flamands et de Dürer". "Les artistes sont au courant de tout à l'époque", souligne Mathieu Deldicque, conservateur au musée Condé, et expert de la peinture du XIVe au XVIe siècle. "Il aura porté le dessin à un niveau qu'ensuite on n'atteindra plus. Ses dessins sont de l'ordre de la perfection. Il est un des seuls à maîtriser aussi bien toutes les techniques. Et puis le dessin fait partie de son processus créatif dès le début", raconte M. Deldicque, en suivant du doigt le contour d'un dessin à peine visible d'une Madone.
Il exécutera ainsi de multiples dessins préparatoires, parfois jusqu'à cinquante, destinés ou non à être reproduits en grand sur des fresques commandées par les princes ou le Vatican. "Raphaël comprend la valeur du dessin dès le début. C'était assez moderne comme conception. On n'avait pas besoin d'un truc aussi précis pour faire une fresque", dit-il en désignant un détail d'un drapé.
Par rapport à "Léonard (de Vinci), plus centré sur lui-même, chez Raphaël, le travail s'inscrit dans un processus créatif. Il est plus jeune aussi, la génération d'après, et il a l'humilité". "A la fin de sa vie, Raphaël sera à la tête d'un atelier pléthorique constitué de dizaines d'assistants, pour les fresques du Vatican notamment. Ses élèves vont conserver cet atelier, conserver les dessins de Raphaël et poursuivre ses commandes, diffuser sa leçon dans l'Italie entière, ses élèves voyageant à Gênes, à Naples, continuant la leçon du maître", explique Mathieu Deldicque.
L'exposition Raphaël à Chantilly, le maître et ses élèves débute samedi 7 mars 2020 et sera visible jusqu'au 5 juillet 2020
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