"T'y crois toi au Père Noël ?" : à Libourne, une exposition entre magie et désenchantement
Derrière le personnage débonnaire du Père Noël se cachent des réalités plus sombres, que les artistes explorent à la chapelle du Carmel de Libourne.
Connue pour abriter depuis 1962 le secrétariat officiel du Père Noël (qui a ouvert ses portes le 27 novembre), la ville de Libourne accueille également T'y crois toi au Père Noël ?, une exposition originale qui explore et écorne aussi parfois le célèbre personnage et les dérives qui lui sont associées.
Personnage païen
Présentée à la chapelle du Carmel jusqu'au 4 janvier 2020, elle regroupe les oeuvres d'une vingtaine d'artistes qui s'interrogent sur cette fête peu à peu détournée de son caractère religieux.
"Noël, c'est avant tout une fête religieuse, c'est le moment de la naissance du Christ", rappelle Thierry Saumier, conservateur du Musée des Beaux-Arts de Libourne, mais il se trouve qu'aujourd'hui cet aspect est caché par le Père Noël lui-même qui est un personnage païen."
Saint-Nicolas et Coca-Cola
Petit rappel "historique" : les origines du Père Noël se situeraient en Europe du Nord, avec comme point de départ Nicolas de Myre. Ce personnage plus connu sous le nom de Saint-Nicolas est né en 270 après Jésus Christ dans la cité de Patara, en Asie mineure (Turquie actuelle).
Converti au christianisme et mort en martyr autour de 345, l'évêque fut canonisé par l'Église et fêté le 6 décembre dans plusieurs pays d'Europe du Nord et de l'Est. Il est souvent représenté avec une barbe blanche et un manteau en doublure rouge On le représente en train de distribuer des cadeaux aux enfants (faut-il préciser sages ?).
Les rennes qui tirent le traîneau - alors que Saint Nicolas voyageait à dos d'âne -, on les doit à l'écrivain Clément Clarke Moore qui inventa en 1821 un conte de Noël pour ses enfants, intitulé La nuit d'avant Noël.
Et non, Coca-Cola n'a pas inventé le personnage du Père Noël qui existait déjà. Pour booster ses ventes, la firme Américaine a eu l'idée de le dessiner en train de boire le fameux breuvage pour reprendre des forces pendant sa distribution de jouets. Les couleurs rouge et blanc sont celles de la bouteille mais le Père Noël les portait déjà auparavant.
Noël à contre-pied
Malgré tout, ce détournement a certainement contribué à faire basculer le personnage du Père Noël et la fête dans quelque chose de très commercial. Un aspect que tout le monde ou presque déplore car il occulte la magie de ce moment. L'exposition de Libourne s'interroge donc sur le sens de cette fête. Tout en reprenant les codes (couleurs, objets) liés l'imagerie de Noël, elle met en lumière d'autres approches.
Et d'ajouter : "On essaie de montrer des aspect indédits, drôles, mais on a aussi une vision plus écologique, plus commerciale et plus sombre comme la solitude des personnes qui ne sont pas en famille le soir du réveillon de Noël."On prend le contre-pied total du Noël magique et fabuleux rempli de bons sentiments
Romain BéniguelMédiateur du Musée des Beaux-Arts de Libourne
Noël désenchanté ?
Fête des enfants par essence et donc d'une forme d'innocence, Noël ne réussit plus à effacer les réalités sombres de la société de consommation. L'exposition n'oublie pas cet aspect, et veut en faire un moment pédagogique comme le souligne Romain Béniguel, médiateur du Musée des Beaux-Arts de Libourne en montrant des clichés d'enfants chinois travaillant à la chaîne : "On adapte toujours le discours aux enfants mais c'est intéressant de leur faire prendre conscience que ces jouets ne sont pas fabriqués en France et qu'il y a des personnes, pas plus âgées qu'eux, qui doivent travailler dans ces conditions" .
Mais la beauté de Noël n'est pas occultée, notamment celle liée aux décorations avec la création de boules en verre coloré ou en métal. Un savoir-faire venu tout droit de Meisenthal, dans le massif des Vosges, où l'on perpétue la tradition de la boule de Noël en verre soufflé à la bouche depuis 1858.
Exposition "T'y crois toi au Père Noël ?"
jusqu'au 4 janvier 2020
à la Chapelle du Carmel à Libourne
41 allée Robert Boulin
Entrée libre du mardi au samedi, de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h
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