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Vidéo Génération oubliée : "Je me sentais littéralement inférieure, stupide" : venue d'un village, elle a intégré Sciences Po Paris

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Pièces à conviction. Génération oubliée : intégrer Sciences Po quand on vient d'un petit village
Pièces à conviction. Génération oubliée: "Je me sentais littéralement inférieure, stupide" : venue d'un village, elle a intégré Sciences Po Paris Pièces à conviction. Génération oubliée : intégrer Sciences Po quand on vient d'un petit village (PIÈCES A CONVICTION / FRANCE 3)
Article rédigé par France 3
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Comment les jeunes ruraux peuvent-ils échapper au déterminisme territorial ? Dans cet extrait de "Pièces à conviction", Clémence, 19 ans, raconte le parcours qui l'a menée de Saint-Saturnin-de-Lucian, 400 habitants, à une grande école parisienne... et le fossé culturel qu'elle a découvert.

"Quand on vient d'un tout petit village, on a l'impression d'être invisible. Et moi, je me disais 'j'ai envie de changer les choses, j'ai envie qu'on m'entende, j'ai envie d'être reconnue'." Clémence, 19 ans, a sauté le pas et quitté son village de 400 habitants. La jeune fille se rappelle son "impression d'étouffer" dans cet univers qu'elle ressentait comme étriqué, où "les gens naissaient, se mariaient, avaient des enfants qui mouraient dans le village, n'avaient aucune influence sur leur vie, en fait" pendant que "Paris gérait tout".

Née à Saint-Saturnin-de-Lucian, dans l’Hérault, Clémence a réussi à intégrer l'une des écoles les plus prestigieuses de la capitale. Mais il n'est pas si facile d'échapper au déterminisme territorial... Pour la jeune fille, le combat était loin d'être terminé. Dans cet extrait de "Pièces à conviction", elle explique pourquoi elle pense que la République ne lui a pas donné toutes ses chances.

"Cette réalité-là, à l'école, on ne nous en parlait pas assez"

En arrivant à Sciences Po Paris, Clémence a vite compris qu'elle n'était pas comme les autres. La première année, elle a même failli renoncer. La brillante élève s'est retrouvée dernière de sa classe, cumulant les 8 alors qu'elle travaillait autant, voire plus que les autres. "Je ne comprenais pas pourquoi je n'y arrivais pas. Je me sentais littéralement inférieure, stupide", se souvient-elle. C'est un peu plus tard qu'elle réalise que le fossé qui la sépare de ses camarades n'est pas "intellectuel, mais davantage culturel". "Je me suis sentie immédiatement trahie, confie-t-elle, parce que cette réalité-là, à l'école, on ne nous en parlait pas assez."

Clémence est consciente d'avoir parcouru du chemin, mais elle garde un sentiment d'injustice : "Ce qui m'attriste, quelque part, c'est le fait de devoir être particulièrement fière et contente de ce chemin-là, alors que ça devrait être accessible à tous les lycéens, peu importe le milieu social, peu importe le milieu d'origine." Aujourd'hui, Clémence a créé une association dans sa région pour aider les jeunes ruraux à intégrer une école supérieure.

Extrait de "Loin des villes : génération oubliée", à voir dans "Pièces à conviction" le 20 novembre 2019.

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