69e Festival d'Avignon : que faut-il aller voir ?
Les clarines de la cour d’honneur du Palais des Papes résonneront à 22 heures ce samedi pour Le roi Lear de Shakespeare, mis en scène par Olivier Py, directeur du festival depuis l’année dernière. Rideau sur l'année noire de 2014, le conflit des intermittents, la pluie, le mistral… Place au théâtre et cette année, Shakespeare est à l'honneur !
Shakespeare super star
Quarante spectacles dans le in et 3 fois Shakespeare, 3 visions très différentes du maître anglais : Le roi Lear empathique d’Olivier Py, le Richard III de Thomas Ostermeier, l’Allemand est chez lui à Avignon et il n’a pas son pareil pour rendre actuel et clair les classiques. Enfin, le Portugais Tiago Rodrigues mêle théâtre et danse dans son César et Cléopâtre . Ce n’est pas un hasard si Shakespeare est autant joué en ce moment, il est aussi au Festival d’art lyrique à Aix-en-Provence, avec le sublime opéra de Benjamin Britten, monté par Robert Carsen, Le songe d’une nuit d’été . Plus le monde va mal, plus le théâtre shakespearien claque de manière universelle pour dire la perversion de l’homme, la folie du pouvoir, le besoin d’ironie et de dérision.
Quelles tendances pour cette 69e édition ?
La jeunesse du théâtre français sera très regardée cette année. On attend beaucoup notamment de Samuel Achache, autant musicien qu’homme de théâtre, sa Fugue s’annonce très enlevée. Benjamin Porée, lui, 29 ans, s’attaque à un gros morceau : La trilogie du devoir de Botho Strauss, très peu montée depuis Claude Régy il y a trente ans. Avignon c’est aussi de la danse : Après Le roi Lear , le chorégraphe Angelin Preljocaj et l’écrivain Laurent Mauvignier s’associent pour mêler texte et danse sur scène ; il sera encore question de guerre. On pourra aussi aller découvrir la créativité du théâtre argentin, cette année. Enfin, il faut vivre les expériences comme La République de Platon , jouée chaque jour dans un jardin public par des amateurs avignonnais ou le Roi Ubu itinérant d’Olivier Martin-Salvan.
Quelle est la recette d'un programme réussi ?
Un programme réussi, c’est une alchimie complexe, car il n’y a pas un public mais des publics, et le débat très français entre théâtre de texte et théâtre contemporain multidisciplinaire est assez vain, même si l’ère Olivier Py, débutée l’année dernière, peut être qualifiée de néo-classique. Ce qui compte pour le festivalier, c’est plutôt de prendre une bonne claque, d’être surpris, secoué, dérangé. Or, ce n’est pas forcément le crédo de cette direction, la précédente prenait plus de risques, mais l’année dernière par exemple, le Henri VI du très jeune et doué Thomas Jolly, 18 heures de théâtre jubilatoire, était un pur bonheur. Et puis il y a le off, plus de 1.000 spectacles, du pire au meilleur. Un conseil : laissez passer quelques jours et écoutez les discussions aux terrasses des cafés pour repérer ce qui émerge de cette jungle scénique.
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