A Avignon, Angelin Preljocaj affronte la cour d’honneur
Sur le plateau de la cour, du noir, au sol, sur les carcasses de voitures, les amas de sacs poubelles. Le plasticien Adel Abdessemed qui affole le marché de l’art contemporain a conçu la scénographie, cages de métal, camouflage militaire, pour faire entendre le texte de Laurent Mauvignier. Berratham, ça pourrait être l’ex-Yougoslavie dans l’immédiat après guerre civile. Quatorze danseurs et comédiens, qu’Angelin Preljocaj n’a pas voulu enfermer dans leur discipline. Si chacun reste dans son domaine, un mouvement parfois se termine par une phrase et certaines tirades sont accompagnées de gestes chorégraphiques.
La disgrâce ou la grâce
Sur le papier c’est un casting de rêve, mais la cour, c’est la cour. Ses deux mille spectateurs, ses murs qui transpirent l’histoire du festival. Angelin Preljocaj a beau y être passé plus jeune, il l’appréhende encore et toujours. "La cour peut vous porter très haut, mais elle peut vous défoncer, vous mettre très très bas " dit le chorégraphe installé à Aix-en-Provence. Il sait qu’ici les spectateurs sont en attente, ils veulent ressortir de ce lieu en pouvant dire "j’y étais ", comme ceux qui ont vibré, pleuré, en écoutant Jean Vilar, en regardant Pina Bausch ou Maurice Béjart. La cour d’honneur, lieu de grâce ou de disgrâce.
"Retour à Berratham " d’Angelin Preljocaj et Laurent Mauvignier dans la cour d’honneur du palais des papes à Avignon, jusqu’au 25 juillet.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.