Au Festival d'Avignon, Shakespeare pendant... 18 heures
"Si vous voulez dormir, n'hésitez pas, les fauteuils sont moelleux" , prévient, en forme de boutade, le metteur en scène, Thomas Jolly. Car, en 18 heures de représentation, quelques baisses d'attention passagères peuvent arriver... Même si sept entractes sont prévus - pour les comédiens et pour le public.
Henri VI , de William Shakespeare, est donc monté dans son intégralité au Festival d'Avignon. Le record de durée ne sera d'ailleurs pas battu : Olivier Py avait monté La Servante , en 1995, en 24 heures ; Peter Brook et son Mahâbhârata , en 1985, n'avait duré "que" neuf heures.
Comment ne pas se lasser, sur la durée ? "Il faut un rebondissemnt tous les quarts d'heure, un mort, un empoisonnement, un coup de théâtre !" lance Thomas Jolly. Qui a poussé le vice à placer les entractes au moment "de plus fort suspense" .
Quatre ans de préparation
"Cela fait dix ans que j'y pense, quatre ans depuis les premières répétitions, en février 2010" , raconte Thomas Jolly. "On était une toute jeune compagnie, six à l'époque, il y a plus de 200 personnages, c'est un projet réputé inmontable" . Ils sont aujourd'hui une trentaine de comédiens, pour interpréter les nombreux personnages.
Comme pour un marathon, les comédiens ont d'ailleurs suivi une préparation spécifique : ils ont d'abord joué huit heures, puis 13 heures, puis 18 heures. Un narrateur sera au bord du plateau pour guider les spectateurs dans les méandres de la pièce.
Que raconte-t-elle d'ailleurs, cette pièce ? La performance aurait tendance à l'éclipser. C'est donc une certaine description du XVe siècle. "Henri VI n'est pas simplement l'histoire de deux familles - Lancastre, une rose rouge pour emblème et York, rose blanche - qui se courent après pour savoir qui va être roi, c'est bien davantage une peinture d'un siècle en révolution" , poursuit le metteur en scène.
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