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La France restitue trois tableaux volés par les nazis

A la veille de la sortie du film Monuments Men sur le pillage d'œuvres d'art pendant la seconde guerre mondiale, la France a remis à leurs ayants-droits trois tableaux volés par les nazis. Les propriétaires d'une trentaine d'œuvres sont aussi en passe d'être identifiés, par un groupe d'experts au ministère de la Culture. 
Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Maxppp)

Une page historique sort
demain au cinéma mercredi 12 mars : Monuments Men . Il raconte
l'histoire vraie d'une équipe d'experts, lancée pendant la Seconde Guerre mondiale
dans une course folle, pour sauver du pillage nazi des milliers d'œuvres
d'art. A la veille de la sortie du film, une restitution de biens volés a été organisée par la
France : celle de trois tableaux dont la trace des propriétaires a pu être
remontée, près de 70 ans après la spoliation.

Des oeuvres volées avant et pendant la guerre

Un Paysage
montagneux
 du peintre flamand Joos de Momper a été rendu aux ayants droit
d'un propriétaire belge, dont les biens avaient été confisqués en décembre
1943. Le deuxième tableau est un Portrait de femme  à l'huile datant du XVIIIe siècle. Il appartenait
à un couple de marchands d'art à Berlin et l'oeuvre avait été mise aux enchères en 1935, lors d'une vente publique de biens juifs. Le troisième tableau est une
Vierge à l'Enfant , une huile sur bois saisie en juin 1944 à Cannes
par les nazis. La France travaille sur la restitution, mais aussi l'Allemagne où récemment, plus d'un millier d'oeuvres d'art volées ont été retrouvées chez un habitant de Munich. 

Une histoire
derrière les vols et la spoliation

Avec chacune des œuvres
spoliées, se lit l'histoire d'une vie douloureuse. Le tableau représentant
un paysage montagneux appartenait au baron Cassel von Doorn, un banquier
belge, propriétaire de plusieurs résidences en France, où il s'était réfugié
pendant la guerre, avant de rejoindre les Etats-Unis. Ce grand collectionneur avait
été spolié de toute sa passion en 1943, soit près de 4.000 œuvres. La toile restituée mardi avait été volée il y a 71 ans dans une villa de Cannes par un groupe d'Allemands et de Français. L'œuvre a
été remise à l'une des petites-filles du propriétaire Jacqueline Demeco, qui
vit au Chili. La cérémonie très émouvante s'est déroulée mardi au ministère de la Culture.

Quelque 2.000 œuvres, sans propriétaire identifié, sont abritées dans les musées français. Depuis une
vingtaine d'années, environ 70 ont pu être restituées, ce qui est très peu. Mais
le mouvement devrait s'accélérer avec une nouvelle procédure lancée par le
ministère de la Culture.

Il n'est donc plus nécessaire d'attendre la demande d'un
ayant droit pour ouvrir un dossier, une cellule est même chargée de faire des
recherches, en lien avec le ministère des Affaires étrangères et avec d'autres
moyens que la bonne volonté des experts en art, qu'étaient les Monuments
Men
. En 2013, dans un rapport très détaillé sur la spoliation des oeuvres, la sénatrice écologiste Corinne Bouchoux a estimé que les techniques actuelles pouvait accélérer l'Histoire.

Bientôt d'autres restitutions annoncées

Un portail spécifique sur
le site internet du ministère de la Culture a été ouvert pour expliquer le travail mené depuis 2013
par un groupe d'experts. Il est composé d'archivistes, d'historiens, de membres de la
Commission d'indemnisation des victimes de spoliation
(CIVS) et de la Fondation
pour la mémoire de la Shoah. Ses recherches se concentrent sur 145 œuvres dont
la spoliation est quasi-certaine. Pour 28 d'entre-elles, le mystère pourrait être
prochainement levé. Les spécialistes d'un travail minutieux sur le devoir
de mémoire en diront plus dans le courant du mois de juin. 

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