Lilian Thuram, guide contre le racisme au musée Eugène Delacroix
L'ancien footballeur, très engagé dans l'éducation contre le racisme, participe à l'exposition du musée Delacroix sur l'orientalisme et ses représentations. Il mènera le public à s'interroger sur l'œuvre et son contexte historique.
L’ancien footballeur Lilian Thuram, co-commissaire d’une exposition qui ouvre jeudi 11 janvier au musée Eugène Delacroix, à Paris, va jouer les guides. L'ex-star des Bleus, engagé dans la lutte contre le racisme via la fondation qui porte son nom a participé au choix, dans les réserves du musée, des œuvres de cette exposition consacrée à l’orientalisme et à ses représentations.
Peintures, dessins, objets, au total 80 œuvres ont été sélectionnées par Lilian Thuram, par la directrice du musée Delacroix, Dominique de Font Réaux, et par la politologue Françoise Vergès. Trois regards croisés pour montrer la conception fantasmée de l’Orient par les artistes du XIXème siècle.
LilianThuram, qui va conduire cinq visites de l’exposition, veut amener les visiteurs, petits et grands, à s’interroger sur ce qu’ils vont découvrir. Parmi les thèmes développés dans l’exposition, le fantasme de l’odalisque, cette vision érotique de la femme orientale, ou encore celui de la puissance et de la domination illustré notamment par Le combat du Giaour et du Pacha, un tableau d’Eugène Delacroix. "On voit bien qu’il y a un rapport de domination", explique Lilian Thuram, impatient de présenter l'œuvre aux visiteurs.
Le personnage sur le cheval, ce serait l’Occidental, qui met à terre le Pacha, lui, de l'Orient. Ça raconte une histoire.
Lilian Thuram, co-commissaire de l'exposition sur l'orientalisme et ses représentationsfranceinfo
Il est intéressant, poursuit le guide, de faire venir des jeunes et des moins jeunes, pour les faire s'interroger sur ce qu'ils voient et surtout de remettre ce que dégage le tableau "dans le cadre historique".
Selon l'ex-footballeur, très engagé dans l'éducation contre le racisme, les œuvres du XIXème siècle, comme ces portraits d’Européens déguisés en Orientaux présentés dans l’exposition, résonnent encore aujourd’hui. Il évoque ainsi la photo polémique du footballeur Antoine Griezmann qui s’était noirci la peau pour se déguiser en joueur de basket américain.
Si la directrice du musée Delacroix, Dominique de Font Réaux, est heureuse de proposer un autre regard sur les œuvres d’art, elle l’est tout autant à l’idée de pouvoir accueillir d’autres publics, en empruntant la voie de la fondation Lilian Thuram.
Quand je vois que nous avons des réservations de clubs sportifs, d’écoles de banlieue, je me dis que c’est bien.
Dominique de Font Réaux, directrice du musée Delacroixà franceinfo
Dominique de Font Réaux se réjouit que ce public découvre, dit-elle, des œuvres d’art, un univers, un rapport à l’histoire, à l’esthétique, qu'il gardera en mémoire. Les visiteurs vont aussi découvrir, à proximité des œuvres, de courts textes, des commentaires très personnels de Lilian Thuram.
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