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Trois questions que vous n'osiez pas poser sur la Fiac 2013

La Foire internationale d'art contemporain se tient jusqu’à dimanche à Paris. Francetv info l'a arpentée et décryptée.

Article rédigé par Elodie Drouard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
"Dino" (1993), de l'artiste français Bertrand Lavier, exposée à la Fiac sur le stand du célèbre galeriste parisien Yvon Lambert, le 23 octobre 2013, à Paris. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Comme chaque année depuis 2008, c’est sous la nef du Grand Palais, à Paris, que se tient la Fiac, événement incontournable de l'art contemporain mondial. L’occasion pour le collectionneur d’enrichir son patrimoine, mais quel intérêt pour le quidam invité à débourser 35 euros pour découvrir des œuvres d’art qu’il ne pourra probablement jamais se payer, ni faire rentrer dans son deux-pièces ? Reportage.

Faut-il être millionnaire pour aller à la Fiac ?

Planté devant l'œuvre gigantesque du Chinois Yue Minjun, un couple de Suisses interroge la marchande d’art sur le prix de cette statue de plus de deux mètres de haut. "880 000 dollars, taxes comprises", répond-elle, convertissant immédiatement la somme en euros (637 000). Des chiffres qui pourraient donner le vertige, mais c’est sans ciller que la jeune acheteuse potentielle en tailleur Chanel lance : "Le problème, c’est de trouver où on va pouvoir la mettre." Une scène assez classique en cette journée d'ouverture réservée aux professionnels – comprenez : les (gros) acheteurs et la presse. Car la Foire internationale d'art contemporain est avant tout un endroit où l’on vend des œuvres d’art comme d'autres vendent des carottes. Mais, comme au marché, vous n’êtes pas obligé d’acheter et pouvez vous contenter d’apprécier le spectacle.

"The Tao Laughter N°1" (2012), du Chinois Yue Minjun, le 23 octobre 2013, à Paris. (ELODIE DROUARD / FRANCETV INFO)

Et ne vous laissez pas impressionner par les records de vente battus régulièrement par le marché de l’art. Au niveau mondial, la moitié des transactions sont inférieures à 1 000 euros. Mais, comme le raconte 20 minutes, ne comptez pas sur la Fiac pour démarrer une collection. La quasi-totalité des œuvres aura déjà trouvé preneur avant l'ouverture de l'événement au grand public.

Pourquoi les œuvres sont-elles de plus en plus grandes ?

Est-ce, comme le rappelle Libération, pour asseoir sa place parmi les 500 manifestations d'art contemporain qui prennent place à travers le monde ? Ou est-ce, tout simplement, la folie des grandeurs des galeristes présents cette année ? Cette édition 2013 propose en tout cas des œuvres dont le gigantisme empêche le chaland de les imaginer dans son salon. Prenez l'Iron Tree de l'artiste dissident chinois Ai Weiwei : ses 7 mètres s'imposent au visiteur à peine entré dans le Grand Palais.

"Iron Tree" (2013) de l'artiste chinois Ai Weiwei, le 23 octobre 2013, à Paris. (BENOIT TESSIER / REUTERS)

Plus loin, au détour des allées, on tombe nez à nez avec l'art toy géant (3 m de haut) de l’artiste américain Kaws, le cheval à bascule monstrueux des plasticiens scandinaves Elmgreen & Dragset, ou encore le Mickey de Balzac de Darren Lego.

"Better Knowing" (2013), une sculpture en bois de l'artiste américain Kaws, le 23 octobre 2013, à Paris. (ELODIE DROUARD / FRANCETV INFO)

Mais la palme de l'œuvre la plus imposante revient probablement au galeriste Yvon Lambert et sa Ferrari rouge accidentée, sans oublier Franco Noero, dont la benne prend plus de la moitié du stand. Mais les artistes modernes en imposent également : Jean Dubuffet, Niki de Saint Phalle… les galeristes semblent profiter de l’immensité des lieux (la verrière du Grand Palais dépasse les 35 m de hauteur). Bref, en 2013, la tendance est un peu au "Qui a la plus grande (œuvre) ?"

L'œuvre imposante réalisée en 2013 par le Mexicain Gabriel Kuri, le 23 octobre 2013, à Paris. (BENOIT TESSIER / REUTERS)

La Fiac fait-elle sa "crise de la quarantaine" ?

Anniversaire oblige (la première Fiac fut inaugurée en 1973), c’est la question que tout le monde se pose. Ici, ou encore . Eh bien la réponse est non – et c’est dommage. Aujourd'hui dans le top 3 des foires d’art contemporain en Europe (avec l’incontournable Art Basel et la Frieze outre-Manche), la Fiac bat chaque année des records de fréquentation, tant par le nombre de galeries présentes (184 cette année) que de visiteurs, toujours plus nombreux (70 644 en 2012). "Il y a un monde fou aujourd'hui. Je me rappelle, il y a quinze ans, on était tout seuls", témoigne une collectionneuse. La Fiac est devenue un événement parisien incontournable où il fait bon se montrer. Cette année, personne ne repartira sans son Instagram pris devant l’incroyable miroir à facettes du Britannique Anish Kapoor (déjà exposé il y quelques mois, au même endroit, dans le cadre de l’exposition "Dynamo").

 

Une œuvre de l'artiste britannique Anish Kapoor (2010), star de cette édition 2013 de la Fiac, le 23 octobre 2013, à Paris. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Dans les allées, on parle de la Biennale de Venise, on raconte avoir "adoubé le pavillon de l’Angola, pourtant très critiqué", on trouve cette sculpture "vraiment très belle", ce tableau "vraiment beau". Et tout le monde de conclure que cette édition 2013 est, décidément, "très belle". Point de choc, de malaise, de subversion. C'est ça : la Fiac a 40 ans et elle est très belle. C’est d’ailleurs ce que l’on dit aux femmes qui atteignent cet âge douloureux pour les réconforter.

"Origine d'un genre" (1980-2013), de l'artiste français Jean Dupuy, le 23 octobre 2013, à Paris. (ELODIE DROUARD / FRANCETV INFO)
 

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