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"Vagin de la reine", "mangas"... Les œuvres polémiques, nouveau créneau du château de Versailles

Les sculptures monumentales de l'artiste britannique Anish Kapoor, qui ne cache pas leur symbolique sexuelle, seront visibles à partir de mardi dans le chateau et ses jardins.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une sculpture de l'artiste japonais Takashi Murakami, "Flower Matango", exposée dans la galerie des Glaces de Versailles, le 9 septembre 2010. (PIERRE VERDY / AFP)

Invité par Versailles, Anish Kapoor a voulu "bouleverser l'équilibre et inviter le chaos" dans le château, explique-t-il au JDD. Objectif atteint : l'œuvre du plasticien britannique choque certains, à l'image de l'auteur de cette tribune sur le site du Figaro, qui s'émeut de la connotation sexuelle assumée de certaines de ces réalisations artistiques, estimant que la demeure du roi Soleil ne méritait pas ça.

Une polémique récurrente depuis que des artistes contemporains exposent à Versailles. Retour sur les œuvres qui ont fait débat.

Le "vagin de la reine", d'Anish Kapoor

Connu pour ses sculptures monumentales - en 2011, il avait exposé son Leviathan sous la verrière du Grand Palais à Paris -, Anish Kapoor a expliqué la symbolique de ses œuvres versaillaises. Dirty Corner, un trompe en acier rouillé de 10 m de haut posée dans les jardins, c'est "le vagin de la reine qui prend le pouvoir". "Pour la balade en famille, on repassera", s'insurge le média d'extrème droite Boulevard Voltaire. "Après le godemichet place Vendôme, le vagin de la reine dans les jardins de Versailles", appuie Egalité et réconciliation, le site fondé par Alain Soral.

Une autre œuvre dérange : ce canon qui semble maculer de sang (c'est en fait de la cire) un mur de la salle du Jeu de paume. Le site fdesouche y voit "une sculpture éjaculatoire". Kapoor reconnaît "un symbole phallique évident", mais veut plutôt évoquer "la violence de notre société contemporaine", et questionner l'absence de femmes représentées dans ce haut lieu de l'histoire de la République, explique le commissaire de l'exposition au Figaro.

Le homard, de Jeff Koons

Le château de Versailles a désormais l'habitude d'inviter chaque années un plasticien à exposer dans son enceinte. Une idée inaugurée en 2008 par l'américain Jeff Koons, une des stars du marché de l'art contemporain, dont le homard en aluminium suspendu dans un salon du château avait provoqué une levée de boucliers, comme le racontait l'Obs : "On touche aux fondamentaux d'une civilisation", s'emportait le président de l'obscure Union nationale des écrivains de France. Les opposants avaient même tenté de faire interdire l'exposition, mais ont été déboutés pas la justice.

L'oeuvre "Lobster" de l'américain Jeff Koons, exposée au Château de Versailles, le 9 septembre 2008. ( BENOIT TESSIER / REUTERS )

Les "mangas" de Takashi Murakami

Deux ans après Jeff Koons, les opposants remettent le couvert et souhaitent faire interdire l'exposition de Takashi Murakami. S'ils considèrent toujours que l'art contemporain est "un outrage à l'œuvre de Louis XIV", ils ont un nouveau cheval de bataille, raconte Le Monde : la défense des artistes français face à l'invitation de poids lourds de l'art international. L'un des collectifs qui mène la contestation s'intitule alors "Non aux mangas - Contre les expositions dégradantes au château de Versailles", en référence aux personnages très colorés du Japonais. Ce qui poussera le président de l'Etablissement public du château de Versailles, Jean-Jacques Aillagon, à dénoncer "un activisme aux relents xénophobes".

En 2010, un collectif s'insurgeait contre les "mangas" du japonais Takashi Murakami. Ici, sa sculpture "Miss Ko2" au château de Versailles, le 9 septembre 2010. ( BENOIT TESSIER / REUTERS )

Le lustre en tampons hygiéniques de Joana Vasconcelos

Si le Vagin de la reine n'a pas dérangé la direction de Versailles, elle a déjà refusé une œuvre qu'elle ne jugeait pas appropriée. Joana Vasconcelos, invitée en 2012, n'a pas pû exposer l'œuvre qui l'avait faite connaître, A noiva (la Fiancée), un lustre monumental composé de milliers de tampons hygiéniques. L'artiste portugaise, qui estime avoir été "censurée" a dû déplacer sa création au Centquatre, à Paris. "Le château n'est pas une galerie. Les œuvres présentées doivent entrer en résonance avec ce lieu", avait répliqué la présidente de Versailles.

L'ouvre "A Novia" de l'artiste portugaise Joana Vasconcelos, un lustre composé de tampons hygiéniques, exposé au Centquatre à Paris. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

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