Faute de moyens pour assurer son entretien, le "Blockhaus miroir" de la plage de Leffrinckoucke dans le Nord va disparaître
L'artiste Anonyme qui avait fait de ce vestige de la seconde guerre mondiale une œuvre d'art a finalement décidé de la démonter. La communauté urbaine de Dunkerque a refusé de prendre en charge son entretien jugé trop coûteux.
Majestueux et flamboyant quel que soit le temps, le Blockhaus miroir, initialement baptisé Réfléchir par son auteur, a illuminé pendant 5 ans la côte d'Opale. Mais depuis quelques jours les coups de burin résonnent sur la plage de Leffrinckoucke. L'artiste dunkerquois Bertrand Seguin, alias Anonyme, a entrepris la démolition de son œuvre.
"lI y a un peu de tristesse, forcément"
"Il y a un peu de tristesse forcément, reconnait Anonyme. Mais ce projet a permis "plein de rencontres (...) et plein de retours de la part des gens donc ça c’est super positif," se console-t-il.
Je n'ai plus le temps ni les moyens financiers de continuer à entretenir le blockhaus.
Bertrand Seguin, alias Anonyme
Soumis au sable et aux vents, les fragments de miroir finissent par s'user et perdre leur teint. Chaque année depuis 5 ans, c'est un tiers d'entre eux qu'il faut remplacer. Anonyme a assuré seul l'entretien. Un investissement humain et financier qu'il ne veut plus assumer. "Tous les ans, ça me prend 500 heures de travail et un peu plus de 500 cartouches de colle, raconte-t-il. Je préfère retirer cette mosaïque parce que si elle n’est pas entretenue, il va y avoir de la pollution sur la plage." Une perspective inimaginable pour l'artiste.
20 juin 2020, 23h43 C'est avec le solstice d’été que je vous annonce la fin du projet « Réfléchir », et le crépuscule du...
Publiée par Anonyme sur Samedi 20 juin 2020
Avant de s'attaquer à sa démolition, Bertrand Seguin a tenté de conserver l'œuvre telle quelle en demandant à la mairie de Leffrinckoucke et à la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) de prendre le relais. Mais les coûts de restauration sont très élevés. Et la CUD souhaitait que l'artiste abandonne d'abord ses droits d'auteur, à l'image des autres créateurs de la ville.
Une fin amère
"Bertrand Seguin nous réclame 120 000 euros de revenu annuel c'est-à-dire en fait une rente financée par le contribuable de 10 000 euros par mois uniquement pour les droits d’auteur en plus de l’entretien du blockhaus miroir qui doit coûter à peu près 50 000 euros par an, affirme Patrice Vergriete, maire divers gauche de Dunkerque et président de la CUD. Evidemment cette demande est disproportionnée."
Des propos qualifiés de "malhonnêtes" par l'intéressé qui assure que la moitié des ces droits d'auteur étaient destinés à financer des associations humanitaires et artistiques. Dans un post facebook, Bertrand Seguin rappelle aussi que le Blockhaus miroir a depuis 5 ans attiré des milliers de touristes et que la CUD et l'office de tourisme s'en sont servis de nombreuses fois dans leurs brochures pour vanter le territoire.
Une fin au goût amer pour le Blockhaus miroir. Le soutien de nombreux habitants et de personnalités aussi diverses que la créatrice Agnès B ou le député socialiste du Nord Christian Hutin n'auront pas suffit à sauver cet emblème du littoral dunkerquois.
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