Festival Off d’Avignon 2023 : au Totem, lieu dédié au jeune public, les enfants vont au théatre
Le Totem est seulement le deuxième lieu du Festival Off d’Avignon consacré entièrement à la jeunesse. Installé dans la Maison pour tous, le Totem s’installe dans les bâtiments municipaux mis à disposition par la ville pour la création de ses spectacles.
" C'est une vieille institution de 41 ans. Le Totem était un lieu précurseur à l'époque quand on remonte dans l'histoire de la création jeune public", raconte Mathieu Castelli, le directeur du théâtre. " Les pièces jeune public ont longtemps été mises de côté dans les programmations des théâtres du Festival Off d’Avignon."
Sous l’appellation " scène conventionnée Art, enfance, jeunesse" depuis 2015, Le Totem s’agrandit pour le festival avec six salles et 18 spectacles. " C'est un festival dans le festival. On offre un écrin différent des autres lieux du Off, que ce soit au niveau des spectacles ou de la proximité avec les artistes", poursuit Mathieu Castelli. Le lieu a aussi une vie en dehors du festival avec une programmation plus restreinte. Des ateliers théâtre ou des initiations à la photographie avec des groupes d’enfants ou des centres sociaux sont aussi organisés tout au long de l’année.
"C’est un combat chaque année pour plus de légitimité. Le regard de certaines institutions est un peu dégradé, même si ça change avec le temps. On considère la jeunesse comme un sous-genre, même s’il y a eu des évolutions", ajoute le directeur. Pourtant les spectateurs sont au rendez-vous. L’année derrière, environ 10 000 spectateurs dont 2800 enfants issus de groupes, 5600 spectateurs spontanés et 1600 professionnels, ont assisté aux spectacles du Totem. Deux d’entre eux ont attiré notre attention.
Poussettes connectées dans les rues d’Avignon
Les comédiens préviennent tout de suite, il faudra couper son téléphone ou le mettre en mode avion pour éviter les interférences. Les poussettes connectées du spectacle Okami et les quatre saisons du cerisier sont soigneusement alignées dans la cour de l’école primaire Marcel Perrin.
Les enfants attendent sagement dans leur poussette le début de la déambulation. Les parents, grands-parents ou amis, se renseignent sur le dispositif. Une comédienne propose un tabouret à une femme enceinte, le spectacle durant une quarantaine de minutes.
Les haut-parleurs placés à l’intérieur des poussettes commencent à résonner et diffusent des voix d’enfants qui lancent "On peut aller à la piscine ? On peut faire du cheval ?". "Demain", répondent en retour les parents. "C’est où et c’est quand demain ?", s’interroge Okami.
La déambulation commence. Le cortège de poussettes s’élance dans les rues d’Avignon, laissant les passants interloqués. Accompagnées par un guitariste et une accordéoniste, les pousseurs sont invités jusque dans le jardin d’un particulier pour la suite du spectacle. Interactif et dynamique pour petits et grands, le spectacle est complètement adapté aux jeunes enfants de deux ans, éveillant leurs sens en jouant sur l’émerveillement.
"C’est génial, c’est merveilleux pour les enfants ! Ils étaient captivés !", s’exclame une grand-mère originaire d’Aix-en-Provence à la fin du spectacle. "C’est vraiment à hauteur d’enfant, il y a plein d’interactions avec eux. Et j’aime le fait qu’on soit acteurs et pas seulement spectateurs", explique une maman grenobloise de trois enfants, à Avignon pour le Festival. " On découvre surtout la ville autrement. Je ne suis pas sûre que les gens qui habitent le quartier soient allés dans la petite rue à l’abri des regards", ajoute-t-elle.
Une petite histoire de l’humanité à travers celle de la patate
L’idée drôle du metteur en scène Christophe Moyer avec la Compagnie Sens Ascensionnels, met la patate au cœur de l’humanité. Aliment consommé sous de multiples formes, la pomme de terre est bien connue des enfants qui la redécouvrent différemment dans Une petite histoire de l’humanité à travers celle de la patate.
Le spectacle nous plonge dans diverses périodes historiques qui ont toutes un lien particulier avec la patate. Érigée en déesse au bord du lac Titicaca ou objet de conflit avec les paysans sous le roi Louis XVI, la pièce d’une grande qualité, fait réfléchir avec humour au fonctionnement de la société et aux interactions humaines. Les enfants écoutent sagement la pièce, captivés par les bruitages en direct des comédiens, effectués avec des objets de la vie quotidienne comme des ustensiles de cuisine.
La pièce est truffée de références comme l’émission Top Chef, ou de sujets d’actualités comme les mouvements de grève dont les protagonistes sont des patates. L’aliment est revisité sous tous les angles et les enfants sont conquis. "C’était trop bien, ça m’a donné faim !" s’enthousiasme Camille, 7 ans, accompagnée de sa petite sœur et de sa mère.
"La patate est un objet culturel important quand on y réfléchit. J’ai toujours eu plein de gens qui m’ont raconté des histoires autour des pommes de terre, quel que soit le pays", explique le metteur en scène Christophe Moyer. Les bruitages ont particulièrement séduit le public. "Ils étaient fascinants, c’était génial, les bruits étaient très réalistes", se réjouit un spectateur à la fin du spectacle. Il en faut peu pour rendre le public heureux.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.