"Amapola", l'éclosion d'un festival écologique et féministe en Île-de-France
Ce dernier week-end de juillet, le tout jeune festival Amapola réinvestit le bois de Gazeran dans les Yvelines. La deuxième édition d'un évènement mêlant audacieusement musique (électronique mais pas que), théâtre, et ateliers. Avec pour point commun, l’engagement en faveur du féminisme et de la transition écologique.
L'emblême de ce festival nouveau-né ? Le coquelicot. “Car c’est l’une des premières plantes à repousser quand un champ passe à l’agriculture biologique. Et car sa teinte rouge vive rappelle les menstruations féminines, peu mises en avant dans le quotidien.” Pour Sylvia et Yvan de la Baume, l’esprit audacieux de leur évènement tient dans les sept lettres de son nom : Amapola (qui signifie coquelicot en espagnol). Après une première édition florissante en 2021, le millier de festivaliers retrouvera concerts, ateliers et performances enrichissants ces 29, 30 et 31 juillet. Quarante-huit heures de cocon féministe et écologique dans le bois de Gazeran, dans les Yvelines.
Il y a bientôt trois ans, l’idée bourgeonne dans l’esprit de la grande sœur (28 ans) et du petit frère (26 ans) yvelinois. Après plusieurs étés à organiser des mini-festivals “avec et pour des amis”, “dans des champs de droite à gauche”, raconte Yvan de la Baume, l’envie de passer à l’échelle supérieure germe. “Un an après #MeToo, ça devenait une évidence de pouvoir rassembler le plus de gens différents pour porter et transmettre ces valeurs de féminisme, mais aussi d’écologie”, se souvient Sylvia de la Baume. L’inspiration du festival Burning Man au Nevada est revendiquée, notamment pour sa liberté créative. Entravé quelque peu par la crise sanitaire, le coquelicot a éclos deux ans plus tard.
Engagement, art, convivialité, consentement
Au programme d’Amapola 2022 ? Pas une, mais deux scènes (“Oeil de paon" et “Capsule radieuse”) pour une vingtaine d'artistes émergents, étirant le spectre musical de la disco au rock, en passant par la pop et la house. Et même une troisième scène (“Calliope”) pour des performances, allant d’une pièce de théâtre consacrée aux violences sexuelles à du stand-up, en passant par un cabaret. Puis une sélection d’ateliers parsemés dans tout le festival : fabrication d’anneau contraceptif masculin, “fresque du sexisme”, balade botanique… Une offre pour tous les goûts et toutes les envies.
Pour lier toute cette programmation culturelle, quatre valeurs théoriques trônent sur amapolafestival.com : l’engagement, l’art, la convivialité et le consentement. Dans la pratique, les actes suivent. La parité est respectée à 100% au sein des artistes programmés ainsi que dans leur rémunération. Toutes les infrastructures sont le fruit de leurs constructions et de leurs récupérations et une “brigade du consentement" constituée de bénévoles effectuera des rondes chaque soir. Yvan de la Baume l’affirme fièrement : “Quelle que soit l’action, la logistique, elle se doit de respecter ces valeurs écologiques et/ou féministes”.
"Encore du chemin à faire"
Cette organisation, la sœur et le frère l’assument en parallèle de leurs vies professionnelles de tous les jours. La première officie comme responsable évènementielle chez Empow’her, un réseau international d’organisations dédiées à l’autonomisation sociale et économique des femmes. Le second occupe un poste de direction de l’entreprise Virvolt, spécialisée dans l’électrification de vélos. Tout au long de l’année, la préparation repose donc sur un collectif d’une quinzaine de personnes, renforcées depuis quelques semaines par d’autres “bons copains” et une équipe technique. Puis surtout, plus de 100 bénévoles pendant ces 48 heures. “Une belle aventure humaine, et solidaire”, sourit Sylvia de la Baume.
Malgré le temps et l’énergie dépensés, pas de doutes chez la fratrie : leurs engagements se placent dans un mouvement qui semble se généraliser. Doucement mais sûrement. “On n’a pas du tout la prétention de penser qu’on est à l’initiative de ces idées”, commence Yvan. “Mais on reconnaît certaines choses, certaines valeurs, chez d’autres festivals, comme l’utilisation de l’écriture inclusive, ou la mention du consentement”, complète Sylvia de La Baume. Tout en reconnaissant que la lutte autour de ces valeurs n'est pas encore gagnée. La co-organisatrice souffle. “Côté féminisme, il reste encore pas mal de chemin à faire. 500 ou 10 000 festivaliers, j’adorerais par exemple que d’autres festivals nous suivent sur la programmation paritaire.”
Le festival Amapola se déroulera à partir du samedi 29 juillet à 20h (dernière entrée 23h), jusqu’au dimanche 31 juillet 18h. Toute sortie est définitive. Accès : à 15 minutes à pied de la gare de Gazeran (sur le TER Paris-Chartres) Consultez le programme ici.
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