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Concerts gigantesques, tournées mondiales : l'impact écologique de la musique en question

Depuis l'annonce du groupe Coldplay, en novembre dernier, du report de sa tournée mondiale pour réfléchir à son impact écologique, le sujet fait beaucoup parler. Le transport des artistes, du matériel et du public est un facteur de pollution énorme. La prise de conscience est là, les solutions pas encore.

Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les concerts gigantesques, avec débauches d'effets et d'électricité, ont un impact écologique qui fait de plus en plus réfléchir. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

Voici ce que disait Chris Martin, le leader de Coldplay en novembre dernier, sur la BBC : "Le plus dur, c’est l’avion… Comment utiliser les ressources que produit notre tournée de façon positive ? Tout le monde va s’y mettre si on prouve que c’est faisable".

Quelques jours après, c'est Billie Eilish, qui s'apprêtait à recevoir six Grammy Awards, qui faisait part de ses interrogations : "Les avions font tellement de dégâts… Le problème c’est que je fais un métier dans lequel je ne peux les éviter !"

Dans la foulée, Massive Attack s'est lancé dans une tournée en train. Le groupe de Bristol s'est aussi associé à un cabinet d'étude, le Tyndall Centre, qui va cartographier les déplacements des groupes en tournée, et leur empreinte carbone. Une étude donc, mais pas encore de réponse concrète. Cela fait longtemps que le problème est identifié, en France notamment, par Jean Perrissin, responsable Développement Durable au Cabaret Vert, festival de Charleville-Mézières éco-responsable, et précurseur en France: "On cherche tous à avoir des artistes importants avec une forte audience, jouant sur de grosses scènes, capables de mobiliser des dizaines de milliers de spectateurs mais pour le moment, pour être honnête, on n'a pas vraiment de solution au sujet des transports". Il cite notamment la tournée du groupe de métal allemand Rammstein et ses quelque 40 semi-remorques.

Les artistes en pointe

C'est donc aux artistes de s'emparer du problème. Certains pensent depuis longtemps en termes de compensation, finançant la reforestation par exemple. La chanteuse Suzane a fait un morceau avec ses convictions, "Il est où le SAV ?", et se pose quelques questions. "Pour l'instant je n'ai pas l'impression de polluer à fond mais c'est vrai que j'ai déjà fait de courts trajets en avion pour des questions de timing".

Comment faire autrement ? C'est compliqué, on essaie d'équilibrer en se disant : 'Ok j'ai pris l'avion mais à Paris ce sera le vélo'

Suzane, chanteuse

Mais en France, les plus impliqués sont les Shaka Ponk. Il y a un an, ils lançaient un appel en direct avant leur prestation lors des Victoires de la Musique. Dans la foulée, ils lançaient The Freaks, collectif d'artistes décidés à changer leur comportement : Soprano, Matthieu Chedid, Tryo ou Jean-Louis Aubert en font partie. Et Frah, le chanteur de Shaka Ponk, qui confie ne pas "s'être fait que des potes lors du piratage d'antenne", est très motivé.

Si les artistes posaient, par exemple, des ultimatums aux loueurs de tourbus en exigeant des modèles hybrides, ça pourrait faire avancer les choses

Frah, chanteur de Shaka Ponk

Conclusion : si les festivals et les salles de concert s'engagent de plus en plus en bannissant le plastique - l'opération Drastic on Plastic notamment -, en favorisant le tri et le recyclage, l'adaptation sera longue. Car l'immense majorité des émissions de CO2 en concert provient de l'alimentation électrique, et du transport des spectateurs. Il faudra davantage qu'une révolution des pratiques.

Les tournées et la protection de l'environnement, une conjugaison délicate

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