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Festival d'Avignon : Jeanne Balibar joue en allemand dans une pièce engagée

La comédienne française est à l'affiche du "Roman de Monsieur de Molière d'après Mikhaïl Boulgakov". Une pièce jubilatoire, parfois effrayante, sur les rapports entre le pouvoir et les artistes.

Article rédigé par Thierry Fiorile, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"Le roman de Monsieur de Molière d'après Mikhaïl Boulgakov", au Festival d'Avignon. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

Depuis Dom Juan dans la cour d'honneur du Palais des papes en 1993, Jeanne Balibar revient régulièrement au Festival d'Avignon. Cet été, la comédienne française joue en allemand avec le metteur en scène Frank Castorf, dans Le Roman de Monsieur de Molière d'après Mikhaïl Boulgakov (Die Kabale des Scheinheiligen. Das Leben des Hernn de Molière)

Une performance linguistique

C’est la troisième fois que Jeanne Balibar, parfaitement bilingue, plonge dans le théâtre de Frank Castorf. Elle joue, en français et en allemand, une multitude de personnages. Dans cette pièce labyrinthique, Frank Castorf puise aussi bien dans Le Roman de Monsieur de Molière et La Cabale des dévots de Boulgakov que dans Phèdre de Racine, le Cid de Corneille, L'Avare et le Bourgeois gentilhomme de Molière, et le script d'un film de Fassbinder. Pendant six heures, sous l'immense nef du palais des expositions d'Avignon, la pièce met en scène plusieurs histoires. 

"Le roman de Monsieur de Molière d'après Mikhaïl Boulgakov", au Festival d'Avignon. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

Un manifeste sous forme de pièce de théâtre

Le metteur en scène allemand évoque les rapports pervers entre les artistes et le pouvoir. Il moque la bêtise du pouvoir politique et la vulnérabilité des artistes, de Louis XIV à Staline, jusqu'a l'époque actuelle. Jeanne Balibar observe le présent, sans complaisance : "La littérature perd son primat dans l'éducation sentimentale des bourgeoisies occidentales. Des forces de spéculation de blanchiment d'argent ont décidé de s'investir massivement dans l'art contemporain, et à travers cela, de prendre les pouvoirs dans tous les domaines de l'art, et de fausser les rapports à la subvention. Cet art subventionné touche les limites des politiques de démocratisation d'après-guerre. On a renoncé de donner les moyens aux gens de comprendre leur temps, en lisant des choses partiellement incompréhensibles."

"Le roman de Monsieur de Molière d'après Mikhaïl Boulgakov", au Festival d'Avignon. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

Du théâtre avant le cinéma

Dans ce théâtre puissant, physique, Jeanne Balibar s’abandonne. De la farce au tragique, elle déploie une palette de jeu qui force l’admiration. "C'est un théâtre extrêmement multiple dans lequel on s'amuse énormément, avec un feu d'artifices de toutes les techniques théâtrales possibles et imaginables, raconte la comédienne, on va au-delà de soi-même. C'est ça aussi le théâtre, c'est aller dans la transe, au service d'une idée de l'homme qui est une idée complexe et optimiste. On peut se dire ensemble : 'perdons toutes les guerres mais gagnons quelques batailles'." À la rentrée, Jeanne Balibar sera au cinéma dans le film Barbara de Mathieu Almaric.

Jeanne Balibar joue en allemand au Festival d'Avignon - le reportage de Thierry Fiorile.

"Le Roman de Monsieur de Molière d'après Mikhaïl Boulgakov" : représentations les 11, 12 et 13 juillet à 17h.

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