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Il se faisait passer pour un journaliste pour écumer les festivals de musique

Pendant plusieurs années, cet homme seul et "angoissé par la vie" s'inventait une autre identité pour s'inviter "dans un autre univers".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Muni de son magnétophone, l'homme réalisait des interviews, parfois même en anglais, et réécoutait les cassettes, "en souvenir". (  MAXPPP)

Vivant dans l'isolement, il s'est fait passer pendant des années pour un journaliste de France Culture pour écumer les festivals de musique. Un homme de 55 ans a été déclaré coupable, jeudi 13 novembre, à Paris, d'escroquerie et usurpation de titre, sans écoper de peine dans l'immédiat.

"Le but, c'était de rencontrer des vedettes", comme Alain Souchon, Laurent Voulzy, Julien Clerc et Maxime Le Forestier, raconte le prévenu à la barre du tribunal correctionnel de Paris. "Je n'ai pratiquement pas d'amis", affirme-t-il, "je suis assez stressé, angoissé par la vie". Paradoxalement, "le fait d'aller rencontrer des stars, ça me désinhibait", car "quand on est en face d'un artiste, on va jusqu'au bout".

Il réécoutait les cassettes, chez lui, "en souvenir"

Pendant ses vacances et ses week-ends, il se faisait payer ses frais de transport, d'hébergement et de restauration par les organisateurs de festivals auxquels il se rendait sous un faux nom. Sans toutefois se montrer trop gourmand : il se contentait de billets de train en seconde classe et d'hôtels bas de gamme. Pendant quelques jours, il s'invitait "dans un autre univers". "Ça me faisait du bien psychologiquement", dit-il.

Muni de son magnétophone, il réalisait des interviews, parfois même en anglais, et réécoutait les cassettes, "en souvenir", qui s'amoncelaient dans le désordre de son appartement, encombré de coupures de journaux et de photos d'artistes. Titulaire d'un DEA d'anglais, d'une maîtrise de linguistique et d'informatique, il a "toujours eu envie de devenir journaliste". S'il a "essayé de faire des piges à droite à gauche" pendant un ou deux ans, "ça n'a jamais fonctionné".

Un "préjudice d'image", selon Radio France

La découverte des faits en 2010 et sa garde à vue sont pour lui un traumatisme. Auditeur assidu de France Culture depuis ses 15 ans, le faux journaliste se trouvait alors à un festival à Lorient (Morbihan), après avoir quitté précipitamment son hôtel car on venait de lui demander sa carte de presse. "Je n'ai voulu faire de mal à personne", assure-t-il, fondant en larmes à la barre.

L'avocat de Radio France a invoqué un "préjudice d'image". Les journalistes des stations publiques sont défrayés par leur employeur, "il n'est pas question de se faire inviter, c'est un gage de leur liberté", a-t-il plaidé.

Vers une dispense de peine ?

"Difficile de ne pas avoir de compassion", a dit la procureure Solène Dubois, pour qui le prévenu vit "une grande partie de son existence" par "procuration". Mais "il y avait d'autres possibilités", comme tenir un blog, a fait observer la représentante de l'accusation. Elle a requis une peine de trois mois de prison avec sursis.

Le prononcé de la peine a été ajourné au 4 juin 2015 et le quinquagénaire devra d'ici là verser 2 000 euros de dommages et intérêts et 500 euros pour les frais de justice à Radio France. "Si tout se passe bien, on pourra envisager une dispense de peine", a déclaré le président de la 13e chambre correctionnelle. "Je vous remercie monsieur le président, je peux payer tout de suite si vous voulez", a répondu le prévenu.

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